Montréal

Occupation à McGill: des étudiants en ont ras-le-bol que l’université ne les écoute pas

Des étudiant.e.s de l'Université McGill ont installé affiches et tentes dans le hall du pavillon des arts afin de protester contre l'investissement dans les énergies fossiles par l'établissement scolaire.

Depuis lundi après-midi, des étudiants de McGill campent dans l’université. Ils occupent les lieux pour demander une fois de plus à l’établissement de mettre fin à ses investissements dans l’industrie fossile. Plus largement, la mobilisation à aussi pour but de dénoncer le manque de démocratie dans les espaces universitaires.

Derrière la porte principale du pavillon des arts de McGill, situé au centre du campus, sont érigées une douzaine de tentes de camping. Quelques étudiants occupent le hall calmement. Certains discutent, d’autres font leurs travaux assis sur une chaise, ordinateur sur les genoux. 

Parmi eux, il y a Louise*, debout derrière une table pliante sur laquelle se trouvent des sacs remplis de nourriture. L’étudiante qui préfère demeurer anonyme ne sait pas combien de temps durera l’occupation. «C’est vraiment une décision collective, on va voir selon la capacité des gens», dit-elle. 

Désinvestissements demandés

Des étudiant.e.s de l’Université McGill ont installé affiches et tentes dans le hall du pavillon des arts afin de protester contre l’investissement dans les énergies fossiles par l’établissement scolaire. / Josie Desmarais/Métro

Organisée par le groupe étudiant Divest McGill, l’occupation a pour but de demander à l’Université McGill de mettre fin à tous ses investissements dans l’exploitation des énergies fossiles. Les occupants réclament notamment le retrait des 3,5 M$ investis par McGill dans TC Energy, l’entreprise gazière qui construit un projet de gazoduc en territoire de la nation autochtone Wet’suwet’en, qui s’y oppose.

Mais pour Louise, les revendications vont encore plus loin. «C’est aussi une question d’avoir du pouvoir dans nos institutions et d’être écoutés. Le désinvestissement, c’est un signe clair qui montrerait que McGill est moins complice dans tous les systèmes d’oppression, mais on voit que ça continue à perpétuité», déplore-t-elle. 

En effet, cela fait maintenant dix ans que Divest McGill milite activement pour que l’université mette fin à des investissements jugés dommageables, explique Louise.

Des «objectifs ambitieux» sont fixés, selon McGill

Des étudiant.e.s de l’Université McGill ont installé affiches et tentes dans le hall du pavillon des arts afin de protester contre l’investissement dans les énergies fossiles par l’établissement scolaire. / Josie Desmarais/Métro

De son côté, l’université soutient que le développement durable est une priorité. 

L’agente des relations médias Frédérique Mazerolle affirme que McGill s’est fixé, en avril 2020 et après l’approbation du Conseil des gouverneurs, des «objectifs ambitieux en matière de décarbonisation de son portefeuille de dotation».

«Tels que décrits dans le rapport du Comité consultatif chargé des questions de responsabilité sociale (CCQRS), l’Université a agi rapidement en retirant du Fonds commun de placement les investissements des entreprises à forte intensité de carbone, y compris celles de l’industrie des combustibles fossiles», écrit-elle.

Mme Mazerolle souligne que l’université a déjà réduit de moitié ses placements dans les actions des 200 plus grandes sociétés figurant dans la liste «Carbon Underground 200». McGill est passé d’environ 2%, soit environ 32 M$ en septembre 2019, à moins de 1%, soit environ 17 M$, en date du 30 juin 2020, précise-t-elle.

Un manque de démocratie

Des étudiant.e.s de l’Université McGill ont installé affiches et tentes dans le hall du pavillon des arts afin de protester contre l’investissement dans les énergies fossiles par l’établissement scolaire. / Josie Desmarais/Métro

Or, cela n’est pas assez pour les occupants, qui dénoncent un manque criant de démocratie au sein de leur établissement scolaire dont les décisions capitales sont exclusivement sous l’autorité du Conseil des gouverneurs. Ce dernier est majoritairement composé de hauts dirigeants de sociétés d’affaires, dont Power Corporation du Canada.

D’ailleurs, «toutes les instances dites démocratiques de McGill ont accepté, même proposé», le désinvestissement réclamé, affirme Louise. «Mais c’est l’instance suprême, le Conseil des gouverneurs, qui décide. Ils ont dit non. Ils ont dit qu’ils allaient décarboniser, ce qui n’est pas du tout la demande qui est faite», déplore-t-elle. 

En se mobilisant, les occupants souhaitent donc aussi se concerter et relancer la vie politique de leur communauté étudiante après deux ans de pandémie. «Cet espace a vraiment pour but de trouver nos solutions nous-mêmes et d’arrêter d’être toujours en réponse à une administration qui n’a pas l’intention de nous écouter», ajoute Louise. 

*Nom fictif

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