Montréal

Amazon à Lachine: la CSN est «prête à faire un marathon» pour syndiquer les employés

Pendant qu’Amazon fête ses deux ans à Lachine, des employés distribuent des tracts devant l’entrepôt pour faire adhérer leurs collègues au syndicat. Si certains travailleurs demeurent réticents, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) assure qu’elle ne lâchera pas le morceau.

Des employés ont fait appel à la CSN en avril pour améliorer leurs conditions de travail chez Amazon. Ils dénoncent de longues journées de travail, une cadence trop intense et une pression constante par les gestionnaires, le tout pour un salaire de 18,45 $ de l’heure, rapporte David Bergeron-Cyr, deuxième vice-président du comité exécutif de la CSN. Le manque de sécurité et d’intérêt pour la santé du personnel est aussi évoqué par les employés qui tentent de récolter assez de signatures pour soumettre une requête d’accréditation syndicale.

La productivité à tout prix

Les employés d’Amazon travaillent des quarts de dix heures, avec des heures supplémentaires obligatoires pendant les grosses saisons, pour un salaire inférieur à la moyenne du secteur.

Dans un courriel envoyé à Métro, Amazon se dit «fier d’offrir un salaire horaire compétitif» à ses employés. La CSN réplique que le salaire moyen des employés d’entrepôts syndiqués au Québec oscille entre 25 $ et 30 $ de l’heure, soit 30% de plus que chez Amazon.

«Les clients et la productivité passent toujours avant les conditions de travail», assure un employé qui a accepté de témoigner à condition que son nom ne soit pas révélé.

David Bergeron-Cyr de la CSN parle aussi d’une «culture de sous-déclaration» des accidents de travail à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).

Le service de soins d’urgence AmCare prévoit une consultation avec une infirmière en cas d’accident, mais le vice-président de la CSN estime que ce n’est pas toujours suffisant, notamment pour des blessures liées à des mouvements répétitifs qui requièrent une consultation avec un médecin.

Plusieurs employés contactés par Métro assurent avoir été renvoyés chez eux sans paye ou affectés à d’autres tâches moins pénibles après qu’ils ont consulté une infirmière.

Un membre du personnel dit avoir travaillé malgré sa blessure pendant un mois et demi. «Parfois, il est préférable de travailler blessé que de ne pas être payé», explique-t-il.

Parmi les mesures explorées par la CSN: de meilleurs salaires, des congés de maladie payés, et une semaine de vacances payée de plus. Les employés souhaitent aussi implanter une pause payée et une meilleure rotation du personnel.

Un climat de peur

Par ailleurs, la CSN accuse Amazon d’avoir nui au processus de syndicalisation avec des «tactiques d’intimidation et de harcèlement». Selon La Presse canadienne, des affiches ont été placardées dans l’entrepôt avec des slogans tels que «Nous vous encourageons à parler pour vous-même» ou encore «Nous ne croyons pas avoir besoin d’un tiers entre nous».

Un employé affirme qu’une campagne agressive de textos a eu lieu pour demander à tout employé de prévenir les gestionnaires si les employés s’étaient sentis forcés de signer.

Dans son courriel envoyé à Métro, Amazon déclare informer ses employés «de leurs droits et de l’incidence que la décision de faire appel à des représentants extérieurs pourrait entraîner sur leur vie quotidienne à Amazon».

«Ils s’assurent qu’il y a des mensonges qui se répandent parmi les employés», estime le vice-président de la CSN. Des employés se seraient fait dire qu’ils pourraient perdre des avantages sociaux en se syndiquant, ou pire, que l’entrepôt pourrait fermer. Amazon se défend en soutenant que ce sont des «spéculations non fondées».

Pour la CSN, Amazon ne respecte pas le Code du travail tel qu’il est écrit au Québec. «Ils ont leurs propres règles provenant des États-Unis, et qu’ils veulent implanter ici», déclare un employé.

La CSN déplore aussi des tactiques subtiles de dissuasion, comme le fait de séparer les personnes qui parlent entre elles, surtout quand elles sont suspectées de vouloir se syndiquer.

«Les gens qui sont là-bas ont peur. La plupart des gens sont des immigrants. Ils conservent ce travail autant qu’ils le peuvent», explique un employé.

David Bergeron-Cyr estime tout de même que «la campagne [de syndicalisation] va bien. Notre noyau grossit, les gens signent des cartes, mais il y a une peur qui est présente parmi les travailleurs, et, malheureusement, cette peur s’est répandue, de façon légale ou illégale.» Il considère qu’Amazon utilise «tout l’arsenal disponible pour casser la campagne de syndicalisation». Le Tribunal administratif du travail pourra accorder l’accréditation syndicale lorsque 50% des employés plus 1 auront signé pour faire partie du syndicat.

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