C’est sous le signe de la collaboration, des promesses et des revendications qu’a eu lieu ce vendredi 26 août le Sommet de l’habitation, à Laval. Les mairesses et maires des 10 grandes villes du Québec ont chacune et chacun présenté un projet pilote en habitation qui sera déployé dans la prochaine année au sein de leur municipalité.
À l’aube du déclenchement des élections, un message clair a été lancé à Québec: les municipalités veulent plus de financement ainsi que la possibilité de développer de nouvelles formes de taxation et de revoir les règlements d’urbanisme.
Le maire de Laval, Stéphane Boyer, a commencé en évoquant des finances municipales «sous pression» et un manque de solutions pour financer les programmes et initiatives en habitation.
L’ensemble des maires et mairesses en a aussi profité pour réitérer les recommandations et demandes formulées par l’Union des municipalités du Québec (UMQ) en février dernier.
La déclaration commune approuvée par les signataires du Sommet de l’habitation comprend aussi une série de promesses pour chacune des municipalités concernées. La Ville de Montréal s’est engagée à développer 200 logements 100% abordables sur le site du futur écoquartier Namur-Hippodrome. On retient aussi l’engagement de la Ville de Québec à mettre en place un programme d’accès à la propriété pour les familles voulant faire l’acquisition d’une habitation écologique.
La Ville de Trois-Rivières s’engage quant à elle à réaliser un projet de milieu de vie communautaire pour les étudiantes et étudiants autochtones et leur famille.
Plus de 400 personnes étaient présentes physiquement à l’événement, et près de 900 l’ont suivi en ligne. Les mairesses et maires des dix plus grandes villes québécoises ainsi que les présidents de l’UMQ et de la Fédération québécoise des municipalités (FQM) s’étaient aussi déplacés pour l’occasion.
«Le nerf de la guerre, c’est l’argent»
La mairesse de la Ville de Montréal, Valérie Plante, a pris la parole pour rappeler le besoin qu’ont les municipalités de diversifier leurs revenus. Elle explique que devant le manque de revenus, il devient difficile, par exemple, pour les municipalités de préempter un terrain ou un logement.
«Quand on dit qu’il faut diversifier, [que] l’assiette fiscale est vide, c’est entre autres pour ça, a-t-elle lancé. Droit de préemption, oui, mais il faut de l’argent.»
Elle a par la suite reproché aux autres paliers gouvernementaux de sous-financer la création de logements.
«Malgré notre bonne volonté, il y a des obstacles qu’il faut nommer. Le premier, c’est les investissements des autres paliers [gouvernementaux], c’est le sous-financement dans le logement abordable, et particulièrement social, qui ne date pas d’hier», a lancé Valérie Plante.
Ça fait trop longtemps que les gouvernements n’investissent pas assez dans la création de logement abordable et social.
Valérie Plante, mairesse de la Ville de Montréal
En plus de sa promesse, la mairesse Plante a profité du Sommet de l’habitation pour énumérer différentes mesures que la métropole a mises en place pour contrer la crise du logement, comme le droit de préemption ou la protection du parc locatif par les arrondissements.
La mairesse de Montréal a par ailleurs fait un lien entre la crise du logement et l’augmentation de la violence armée dans la métropole. Selon elle, la prévention pour lutter contre la violence armée nécessite aussi d’avoir un «toit au-dessus de sa tête».
À quelques jours du déclenchement des élections, la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation du Québec, Andrée Laforest, a pris la parole pour souligner l’importance d’un tel sommet, considérant les nombreux défis à relever en matière d’habitation.
Elle s’est montrée satisfaite du bilan de son mandat, manifestant un soupçon d’espoir quant à sa reconduction dans le potentiel prochain gouvernement caquiste.
«Peu importe où je vais, peut-être que je vais rester aux Affaires municipales et à l’habitation, peut-être que je vais aller dans un autre ministère, mais dites-vous une chose maintenant, c’est que l’habitation, c’est une priorité, les maires et mairesses, c’est une priorité», a-t-elle dit.
Taxer les spéculateurs et densifier
Pour Stéphane Boyer, taxer les citoyens et les acteurs de l’habitation n’est pas une solution. Une des solutions est de revoir le cadre légal pour taxer les spéculateurs.
«En matière d’habitation, le problème, ce n’est pas tant ceux qui construisent de l’habitation, c’est plutôt ceux qui font de la spéculation foncière, a lancé le maire de Laval. La spéculation foncière n’apporte aucune plus-value à la société […] ça ne donne pas des toits à ceux qui en ont besoin.»
La mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, a par la suite expliqué que près de 85% des Québécois considèrent que l’accès au logement ou à une propriété est un problème.
Elle a souligné la nécessité de revoir les réglementations d’urbanisme pour augmenter la densification urbaine, parfois bloquée par de petits détails dans la réglementation.