L’année 2022 aura été une «grande année très occupée», estime Valérie Plante, qui nous reçoit à l’hôtel de ville pour faire le bilan de cette première année de son second mandat, encore toute fière d’avoir reçu une COP15 organisée en un temps record dans la métropole en décembre.
D’emblée, la mairesse dit qu’elle retiendra de 2022 l’élaboration d’un «modèle montréalais» pour contrer la hausse de la violence armée dans la ville. Cette augmentation des crimes par armes à feu a en effet marqué l’année. La mairesse estime que la réponse de son administration à cette problématique était juste, s’intéressant aux raisons systémiques derrière cette hausse tout en sévissant à l’égard des groupes criminels et du trafic d’armes.
Mais si la violence a marqué 2022, un autre phénomène en hausse a aussi fait beaucoup parlé de lui: l’inflation. Les comptes de taxes augmenteront d’ailleurs de 4,1% pour les immeubles résidentiels en 2023. Valérie Plante se veut rassurante envers les locataires qui craignent de voir leur loyer augmenter en conséquence. Elle justifie le chiffre derrière cette hausse comme étant un «juste milieu», où la Ville prend à sa charge les 3% de différence avec l’inflation, «même si c’est extrêmement difficile pour la Ville».
On ne veut pas que ça soit que les locataires qui se retrouvent à essuyer la facture, puis on en appelle à la responsabilité des propriétaires, également pour que ça soit fait de façon intelligente et bienveillante.
Valérie Plante
Questionnée sur ses cibles en matière de logements sociaux et abordables, la mairesse réitère que le bilan de 12 000 logements a été atteint, et ce, même s’il a été contesté dans les médias. Elle répond à la critique en évoquant «différentes façons» de comptabiliser les logements construits. Elle espère toutefois réunir les secteurs privé, public et les syndicats pour pouvoir «augmenter la cadence» dans l’avenir.
Bien que certains promoteurs se contentent de payer des pénalités au lieu d’intégrer des logements sociaux et abordables à leurs projets, la mairesse affirme que ces pénalités ont été augmentées depuis que son administration est en place.
Lancer un «éveil collectif» sur l’itinérance
Pour la mairesse, le besoin en logements sociaux et abordables a un effet direct sur des enjeux sociaux tels que l’augmentation de l’itinérance.
«Il y a les lits dans un refuge, mais entre vous et moi, s’il y avait beaucoup plus d’options de logement, je pense qu’on serait ailleurs. Je trouve que la plus grande tristesse de cette crise du logement qu’on a vue venir et qui a été reconnue par le gouvernement du Québec un peu tardivement, c’est qu’il y a plein de gens qui sont “sur la ligne”.»
Cette année, le premier plan d’actions concertées pour l’itinérance montréalaise a d’ailleurs été présenté. Ce dernier veut sortir de la logique saisonnière de planification, où on met en place les ressources nécessaires uniquement pendant l’hiver. Toutefois, ce plan n’est que le «début de la conversation».
«On est un partenaire avec les organismes communautaires pour faire des demandes à Québec qui sortent du “à la pièce” et de se faire une espèce de zoom-out pour qu’on regarde ce qui se passe», dit-elle.
La mairesse Plante assure travailler en collaboration avec le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, qui surveille de près la situation dans les refuges. Dans l’éventualité de débordements de ces derniers, d’autres lieux pourront être ouverts, dit-elle.
Plus de pouvoirs à Montréal?
Avec le chantier sur la fiscalité de la Ville de Montréal l’année prochaine, la mairesse compte saisir toutes les occasions de diversifier les sources de revenus de la Ville et aller au-delà de la taxe foncière comme source de revenus, en adoptant une réflexion «plus globale».
Parce qu’on est la métropole, oui, j’ai besoin que Québec reconnaisse ce statut-là et qu’il nous donne des transferts beaucoup plus importants.
Valérie Plante, mairesse de la Ville de Montréal
«Même si je voudrais mettre une taxe pour les logements inoccupés ou pour les investisseurs étrangers, je ne peux pas le faire. Ça serait une bonne façon d’aller chercher des revenus, mais aussi protéger le parc locatif», explique la mairesse. «Si Québec acceptait de me donner peut-être ce pouvoir-là de pouvoir réglementer moi-même, déjà, ça avancerait.»
«On s’occupe de dossiers sociaux. Bien sûr, la neige, les vidanges, évidemment. Mais on s’occupe aussi de l’itinérance», fait-elle valoir.
Là, on parle de centaines de personnes qui arrivent par le chemin Roxham. Ils arrivent ici, on est accueillant, mais il faudrait peut-être qu’on ait plus de pouvoir et d’argent, considérant toute l’intégration en lien avec l’immigration.
Valérie Plante
Consolider la sécurité publique montréalaise
En ce qui concerne le dossier des caméras portatives pour les corps policiers, la mairesse se veut très claire: Montréal doit prendre le leadership dans leur déploiement.
«C’est à Montréal que je veux que ça commence, parce qu’il y a beaucoup de préoccupations, tant au niveau des policiers que de la population. Pour différentes raisons, tout le monde veut avoir l’histoire au complet, pas juste des petits bouts pour pouvoir protéger et les policiers et la population.»
Pour augmenter l’attractivité du SPVM et pallier ses difficultés de recrutement, elle compte notamment sur les «cohortes spéciales Montréal» à l’École nationale de police de Nicolet, et elle n’écarte pas une augmentation des salaires pour les postes à Montréal.
Montréal plus vert et attractif
Pour les prochaines années, alors que des villes comme Toronto et Vancouver font compétition à Montréal, la mairesse veut donner à Montréal la signature d’une métropole «extrêmement verte», où la qualité de vie est «exceptionnelle».
«Montréal demeure une ville très sécuritaire, surtout quand on la compare à Toronto ou d’autres villes d’Amérique du Nord. L’aspect vert, la lutte aux changements climatiques et le développement durable, ce sont vraiment des choses qui attirent les investisseurs, les touristes, mais aussi les étudiants et les talents.»
Selon la mairesse, bien qu’il reste des choses à améliorer, Montréal est une ville de choix pour ceux qui cherchent à se loger dans une grande ville canadienne.