Gilles Cloutier poursuivra son contre-interrogatoire lundi matin devant la Commission Charbonneau. L’homme de 73 ans, qui a baigné dans la politique pendant plusieurs décennies, a éclaboussé des maires, des ministres et un juge de la cour supérieure lors de son témoignage. L’ex-organisateur politique, spécialiste des élections clés en main, n’a pas la langue dans sa poche et certaines déclarations qui n’ont pas fait les manchettes permettront de mieux comprendre l’homme derrière le témoin.
«En public, bien, on se parlait. On faisait la collusion.»
– Gilles Cloutier qui explique la normalité de la collusion
«J’étais reconnu comme un organisateur dépenseux. Mais, pas dépenseux dans le budget officiel […] J’avais le compte de dépenses le plus gros chez Roche.»
– Gilles Cloutier qui ne lésinait pas sur les cadeaux pour gagner des contrats pour Roche
«Il y a un chef indien, puis il n’y en a pas d’autres. C’était moi.»
– Gilles Cloutier qui raconte son rôle lors d’une élection clés en main
«Ma valeur à moi? Si je pouvais me permettre, dans une élection comme Sainte-Julienne, ça vaut entre vingt et vingt-cinq milles (20 000 – 25 000).»
– Gilles Cloutier qui estime la valeur des honoraires d’un organisateur professionnel
«[Michel Déziel] comme avocat blanchir 30 000 $, ca passait mal pour son code d’éthique.»
– Gilles Cloutier qui accuse de fraude M. Déziel, maintenant juge à la Cour supérieure
«[La collusion et la corruption], c’était mon pain et mon beurre, mais jamais personne ne m’a dit d’arrêter.»
– Gilles Cloutier qui, sans le soutient de Roche, n’aurait pu «magouiller»
– Vous tirez sur tout ce qui bouge? – l’avocat de Roche, Michel Massicotte
– Je n’ai pas encore tiré sur vous! – Gilles Cloutier
– Va falloir vous lever de bonne heure.
– Vous allez voir que j’ai les bonnes réponses!
«Je suis arrivé dans le bureau du b[directeur général du Parti libéral du Québec], puis là, j’ai commencé à traiter [Marc-Yvan Côté qui vérifiait la validité de mes cartes de membre] de fonctionnaire de permanence puis… un coup de poing sur la table puis… puis je lui ai dit que mes cartes sont correctes puis si vous voulez toutes les rayer, rayez-les toutes, on va démissionner, on ne se présentera pas.»
-Gilles Cloutier qui explique comment il a gagné le respect de M. Côté
«La plupart des gens, c’est des nouvelles personnes en politique puis ils ne savent pas comment faire du porte-à-porte. Je les fais pratiquer. On fait de la simulation. Les élus ne savent rien… Ça fait que j’allais leur montrer comment on cogne, puis qu’est-ce qu’on fait, puis tout ça. Ça fait qu’un soir, à Sainte-Julienne, je me souviens, j’en ai fait jusqu’à une heure du matin (1 h).»
– Gilles Cloutier qui racontait l’importance de former les candidats lors des élections clés en main
«On est en train de faire une petite crossette, là, hein?»
– Sonia LeBel qui interrogeait M. Cloutier