Montréal

Métro dans le métro avec Denis Coderre

À moins de deux semaines du scrutin du 3 novembre, Métro a décidé de prendre le métro avec les cinq principaux candidats à la mairie de Montréal. Tout en parcourant la ligne verte, les candidats ont dû expliquer leurs priorités, leur vision et les défis que représente une campagne lancée sur les cendres d’une administration malmenée.

Denis Coderre
Faire campagne électorale est le sport national de Denis Coderre.

«Mon bonheur, c’est de me promener avec le monde, admet le candidat à la mairie de Montréal. J’ai toujours adoré faire campagne.»

Pour une dixième fois en carrière, mais pour une première fois sur la scène politique municipale, il s’adonne à un blitz électoral pour convaincre les électeurs lui accorder leur vote. Près de 16 ans après avoir remporté sa première bataille électorale, il convoite aujourd’hui la mairie de la plus grande ville du Québec.

Entre deux poignées de main, M. Coderre a répondu aux questions de Métro.

Le projet du SRB Pie-IX devait se concrétiser en 2014. Aujourd’hui, il est prévu pour 2019. Que pensez-vous faire pour accélérer ce projet?

Premièrement, on va regarder ce qui ne fonctionne pas. On sait qu’un des problèmes, c’est qu’on veut l’envoyer dans le centre-ville alors qu’on n’a même pas réglé le problème de la rue Notre-Dame. Il faut être pratico-pratique. Deuxième, il y a trop de vases clos. Il faut un leadership pour dire qu’on a une obligation de résultats et qu’on travaille tous pour les citoyens. Il faut être capable de jouer pleinement le rôle de maire pour s’assurer que tout le monde chante la même chanson en même temps.

Vous avez promis de trouver un autre site pour le centre de compostage qui était prévu à Saint-Michel. Êtes-vous prêt à briser le principe d’équité territoriale que l’ancien maire, Gérald Tremblay, avait imposé pour les projets de centres de compostage et d’usines de biométhanisation?

Moi, je veux qu’on respecte les citoyens. Saint-Michel a déjà donné. Ils ont la carrière Miron, ils ont le dépôt de neige usée et ils ont le centre de tri. On veut faire un parc et mettre de l’asphalte [NDLR: en référence au centre de compostage] là-dedans. On va trouver un autre site. Je commence par gagner mon élection. Après cela, on ne présume de rien.

J’ai dit que j’étais en faveur du compostage, mais il faut écouter les citoyens. Dans Saint-Michel, ce n’était pas une situation de pas-dans-ma-cour. Ils ont joué sur les règlements parce qu’on ne peut pas avoir ce genre d’usine à moins de 500 mètres des résidences. Et là, c’était à 187m.

Vous promettez de mettre en réserve des terrains et de rendre obligatoire la cotisation au Fonds de contribution de la Stratégie sur le logement abordable. Des comités de logement s’inquiètent que les candidats à la mairie formulent des promesses en l’air concernant les logements sociaux. Que pouvez-vous dire pour les convaincre?

Au lieu d’envoyer des chiffres en l’air, à gauche et à droite, on va travailler ensemble. J’ai fait partie du gouvernement qui a signé l’entente sur le logement abordable entre le gouvernement canadien et le gouvernement du Québec. J’ai été un des premiers à parler du développement social. Je pense que les Montréalais ont tous le droit d’avoir un toit sur la tête. Mais c’est plus que cela.

Pour les projets de 200 unités, il faut que la cotisation au fonds de la Stratégie sur le logement abordable soit obligatoire. Je veux baisser cette limites à 150 ou 100 unités. On va faire les études nécessaires avant de le faire. C’est sûr qu’on en a besoin de plus de logements abordables, c’est sûr qu’on va en bâtir plus. On va le faire de la bonne façon pour ne pas entretenir le cynisme en sortant des chiffres qui sortent de nulle part.

La congestion routière à Montréal coûte plus 1,5G$ par année. Dans votre programme, vous proposez des mesures pour le transport en commun, comme l’aménagement de voies réservées, mais vous évoquez aussi la possibilité de réviser certaines réalisations, comme le circuit 747 ou l’autopartage. Comment pensez-vous diminuez la congestion routière ainsi?

Je suis un extrêmiste du centre. Je cherche toujours l’équilibre. Je ne suis pas un dogmatique. La voiture est là et elle sera encore là. On peut gérer la voiture, mais on ne peut pas l’éliminer. C’est le cocktail de l’ensemble des transports qui va faire en sorte qu’on va apprendre à vivre ensemble.

Au lieu de partir en peur sur autre chose, on va commencer à livrer la marchandise – il y a le SRB Pie-IX, le plan de la STM et le prolongement du métro – et on va s’assurer qu’il y a de l’efficience et de l’efficacité. Ensuite, on va investir dans la peinture.

Un lecteur du Métro, Paco Lebel (@PacoLebel), avait une question pour vour: «Qu’allez-vous faire pour protéger le droits civils de #manifencours contre la répression policiere?»

Chaque cas est unique. D’un côté comme de l’autre, on va toujours parler contre les abus. Si vous me demandez si le règlement P-6 va rester, la réponse est oui. Dans toutes sociétés civilisées qui se respectent, quand on fait des manifestations dans des grandes villes, il n’y a pas de problème à donner l’itinéraire et à ne pas porter un masque. Si ça se fait ailleurs, je ne vois pas pourquoi ça ne se ferait pas ici. Je serai là pour protéger les citoyens et les commerçants. J’ai manifesté moi-même. On a une Charte des droits et libertés. On peut le faire d’une façon décente. On n’a pas besoin de faire de la casse. La vaste majorité des manifestants le font pour donner leur point de vue.

Dans un discours, vous avez récemment dit que s’il y avait un scandale à l’hôtel de ville, contrairement à Gérald Tremblay, vous ne diriez jamais que vous n’aviez rien vu ou que vous ne saviez pas. Comment ferez-vous pour avoir des yeux tout le tour de la tête?

Premièrement, tout sera transparent et public. Deuxièmement, il y a la traçabilité. Moi aussi, j’ai été ministre et j’ai joué un rôle dans la fonction publique au fédéral. Tu poses des questions, ça prend des «checks and balance» (sic). Si tu ne poses pas de question, est-ce que c’est parce que tu ne veux pas le voir. Je suis là pour faire mon mandat. Je suis là pour répondre aux questions. J’ai une proximité avec les gens. Si je vais les voir, je ne pourrai pas dire que je n’étais pas au courant. Je vais m’arranger pour savoir ce qu’il se passe.

Dans votre programme, vous prévoyez souligner le 375e anniversaire de Montréal «en favorisant la construction d’installations permanentes et qui contribueront à l’enrichissement des infrastructures culturelles». Avez-vous des idées précises en tête?

Si on parle du parc Jean-Drapeau, on veut refaire la Place des nations. J’aimerais faire un amphithéâtre là, un peu selon le même principe que le Hollywood Bold. Tu fais des concerts ou des événements d’envergure et en toile de fond, il y a la ville de Montréal.

L’autre élément, c’est que je veux rapatrier le Vieux-Port de Montréal. Je veux redonner l’accès au fleuve, racheter les terrains, créer un centre de foire, un centre de croisières et avoir une zone franche, ce qui aurait un impact direct sur le tourisme.

Je veux aussi créer une promenade urbaine entre le chalet du mont Royal et le parc Jean-Drapeau. On pourrait aussi créer une grande signalisation patrimoniale pour donner encore plus de force au Vieux-Montréal, au Montréal historique.

L’actuelle administration de coalition a décidé de laisser entre les mains de la prochaine administration le dossier de la réforme du financement des arrondissements lancée par Michael Applebaum. Comment pensez-vous vous attaquer à ce dossier?

Ce n’est pas juste la question de la dotation. C’est la question de la relation entre les arrondissements et l’Hôtel de Ville. Il faut arrêter de parler de centralisation versus décentralisation. Il faut parler en terme de cohérence et de coordination. Ce n’est pas à l’Hôtel de Ville à dire si on va engager un sauveteur. Si, par exemple, 70% des travaux publics se font dans les arrondissements, on n’a pas à centraliser. On doit coordonner pour que tout le monde fasse la même chose en même temps. Quand on va travailler pour la cueillette des ordures et pour le déneigement, on aura une chose en tête: le citoyen d’abord.

Plusieurs solutions sont évoquées pour augmenter les revenus de la Ville de Montréal, soit les péages, une surtaxe pour les secteurs plus riches, une nouvelle taxe sur l’essence ou même demander à Québec d’augmenter les transferts de la TVQ. Quelle stratégie adopterez-vous? 

La première étape, c’est qu’il faut éviter de tomber dans la facilité et dire qu’on va augmenter ceci ou cela. Il faut respecter le payeur de taxes. Il y a des limites. C’est le même portefeuille qui paye. L’autre chose, c’est de faire une revue des programmes pour savoir ce qu’on dépense réellement et si on le fait adéquatement. On n’augmentera pas les taxes pendant les quatre prochaines années. On va s’en tenir au niveau de l’inflation. Il n’y a pas 25 solutions. Tu augmentes les revenus ou tu coupes les dépenses. Je suis sûr qu’on va avoir surprises.

Pendant la campagne électorale, vous avez souvent dit que vous vouliez rétablir le rapport de force entre Québec et Montréal à l’avantage de Montréal. Qu’allez-vous faire différemment des anciens maires de Montréal?

Je n’arriverai pas avec une liste de 150 choses. Je connais la fonction publique. Je connais la politique. Je carbure à cela.

Avoir un lien de confiance avec la population, ça donne un rapport de force avec les autres ordres de gouvernement. Pourquoi? Parce que si on veut se comporter comme une métropole, il faut dire qu’on n’est pas une municipalité comme les autres, qu’on n’est pas une région comme les autres. On est le poumon économique. On a un rôle essentiel à jouer. Il faut parler d’égal à égal. On représente 50% de la population.

Les gens me disent que j’ai de leadership et que, quand je parle, je parle au nom de la population.

J’ai cette proximité avec les gens. Ce n’est pas qu’une proximité sociale. J’ai aussi une proximité professionnelle qui fait en sorte que je peux être cet agent de changements et que je peux faire une différence. Tu ne peux pas t’improviser maire du jour au lendemain. Il y a des défis qui seront extrêmement importants. Tu as besoin de quelqu’un qui a la couenne dure, mais qui est aussi sensible aux besoins de la population.

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Quiz : Connaissez-vous votre métro?

À quelle station faut-il descendre pour aller au Palais des congrès?
Place d’Armes

En quelle année a commencé la construction du métro?
1965-1966

Quel est le nom des prochaines voitures de métro?
Je ne sais pas

Combien coûte un aller-retour pour une personne sans passe mensuelle?
3$. Je ne sors pas des tourniquets.

Nommez le vice-président de la STM?
Dominic Perri?

*** Réponses: Place d’Armes, 1962, Azur, 5,50$, Marvin Rotrand

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