La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) compte se battre fermement contre l’interdiction de port de signes religieux par les enseignants, tel qu’envisagé par le nouveau gouvernement caquiste.
«Avec l’annonce d’hier sur la question du port de signes religieux, on va s’affronter, a lancé la vice-présidente à la vie professionnelle de la FAE, Nathalie Morel, à l’occasion du lancement de la 9e Semaine pour l’école publique.
«À la Fédération, nous croyons que ce sont les institutions qui doivent être laïques, et non les individus», a ajouté Mme Morel. Cette dernière croit que la CAQ ferait mieux de cesser de fiancer les écoles privées religieuses si elle voulait vraiment laïciser l’éducation.
La CAQ a indiqué mercredi qu’elle entendait légiférer rapidement pour interdire le port de signes religieux pour tous les fonctionnaires en position d’autorité, dont les professeurs, mais aussi tout le personnel de soutien scolaire. Ceux qui ne souhaitent pas se conformer à la loi devront changer de poste ou seront congédiés.
«Nous allons défendre tous nos membres au droit au travail, a insisté Nathalie Morel. Ce ne sont pas que des enseignantes qui sont concernées. [Cette proposition] fait preuve de la discrimination envers les femmes musulmanes qui portent le hijab. C’est très troublant pour nous.»
La présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), Catherine Harel Bourdon, a quant à elle préféré réserver ses commentaires. «On ne connaît pas encore les changements prévus», a-t-elle dit à Métro.
La FAE a estimé que plusieurs propositions de la Coalition avenir Québec (CAQ) étaient intéressantes pour le milieu de l’éducation, comme la hausse du salaire pour les professeurs en début de carrière ou même le dépistage et l’accompagnement des élèves en difficulté. La fédération doit rencontrer d’ailleurs prochainement le futur ministre de l’Éducation, qui devrait être nommé à la mi-octobre comme le reste du gouvernement de François Legault.
Concernant la proposition de la CAQ d’instaurer la maternelle dès quatre ans, Mme Harel Bourdon a été rassurée d’apprendre que l’accent sera d’abord mis sur la prévention et l’intervention précoce pour les enfants en difficulté, plutôt que sur une mise en œuvre rapide de l’intégration des élèves de quatre ans dans les maternelles.
«À la CSDM, si tous les enfants de quatre ans étaient dans nos bâtiments, on parle de 477 classes, ce qui représente 23 écoles, juste de quatre ans. Donc, on s’entend que ce n’est pas plausible à court terme, même à moyen terme», a-t-elle soulevé.
Mme Harel Bourdon demandera aussi une rencontre avec le ou la futur(e) ministre de l’Éducation, pour lui faire part des défis auxquels fait face la CSDM, soit le manque de places dans les écoles et la pénurie de main-d’œuvre qui touche tous les corps de métier de l’enseignement.
Financement nécessaire pour les écoles publiques
Après avoir vécu une période de coupes budgétaires, le système d’éducation québécois a besoin de réinvestissements et de nouvelles orientations, a plaidé Nathalie Morel, de la FAE. Celle-ci milite depuis plusieurs années pour que cesse le financement public des écoles privées. Mme Morel estime que cet argent doit être investi dans les infrastructures et dans l’embauche de personnel pour les écoles publiques.
«On profite de la Semaine pour les écoles publiques pour parler du financement des écoles privées et de l’état de la situation dans nos écoles. C’est rendu une école à quatre vitesses. Les écoles publiques se sentent forcées de concurrencer le privé. On se retrouve dans notre propre réseau à vivre les contrecoups de la compétition déloyale des écoles privées», a-t-elle dénoncé.
La Fédération a aussi dévoilé les chiffres d’un sondage réalisé par la firme Léger, qui démontre un appui important des Québécois au réseau d’éducation public. Selon ce sondage, 56% des Québécois croient que l’école publique assure mieux l’égalité des chances que l’école privée. Ils estiment dans une proportion de 68% que l’école publique représente mieux la mixité sociale que l’école privée.
En 2014, l’ancienne ministre de l’Éducation, Marie Malavoy avait créé un comité pour analyser le financement des commissions scolaires. Dans son rapport, le comité avait statué sur le fait que les écoles privées étaient financées à 75% par élèves, alors que le gouvernement estime encore que 60% de leur budget provient du trésor public.
«On est rendu à priver le système d’écoles publiques de tout cet argent-là», a répliqué la présidente de la FAE, qui croit que cette question est un véritable «enjeu de société» qui doit être débattu.