Drapeau du Québec en main, une soixantaine de personnes étaient présentes sur la Plaza Saint-Hubert dimanche après-midi pour apporter leur appui à Frédéric Bastien. Le professeur d’histoire a lancé sa campagne à la chefferie du Parti Québécois avec le slogan «un nationalisme assumé».
«Depuis trop longtemps, une partie du camp nationaliste n’a cessé de s’excuser d’être nationaliste, depuis trop longtemps nous plions sous les campagnes de diffamation menées contre nous par les partisans du multiculturalisme canadien, depuis trop longtemps nous avons une partie des souverainistes qui a internalisé les accusations d’intolérance qui sont faites contre nous, depuis trop longtemps nous avons adopté le logiciel diversitaire canadien», a déclaré l’aspirant chef du Parti Québécois lors de son allocution.
Interrogé sur son slogan, il n’a pas manqué de décrocher des flèches à l’intention de la CAQ, dont le nationalisme serait «limité» par ses ripostes trop molles face aux contestations judiciaires de la loi 21. Le candidat pense que «les accusations d’intolérance» dans le débat sur la laïcité relèvent du «chantage aux droits».
La loi 21, son cheval de bataille
L’aspirant chef du parti n’envisage pas la tenu d’un référendum au cours d’un premier mandat du Parti Québécois. S’il est élu, il souhaite d’abord forcer une négociation constitutionnelle pour défendre la loi 21. «La priorité en ce moment, c’est de protéger la loi 21», affirme-t-il en entrevue avec Métro. D’après lui, la loi québécoise sur la laïcité s’oppose au multiculturalisme canadien et à la logique de la Charte canadienne des droits et libertés, qu’il condamne.
M. Bastien croit que la loi 21 est un geste d’affirmation aussi important que la loi 101. Il estime qu’un référendum sur l’indépendance du Québec pourra être envisagé durant un deuxième mandat. «Si on promet un référendum lors de notre premier mandat, on va rester dans l’opposition», dit-il à Métro.
Selon l’écrivain, l’invalidation de la loi 21 serait une humiliante défaite pour le Québec. Durant son allocution, M. Bastien n’a pas manqué de lancer des flèches aux autres partis. «Vous n’avez pas le droit de laisser la loi 21 être sacrifiée sur l’autel du multiculturalisme canadien. Vous devez rejoindre ceux qui défendent la liberté du Québec. Vous devez être solidaire du Québec, c’est ça être nationaliste» a rappelé Frédéric Bastien à Québec Solidaire.
Le professeur d’histoire a aussi critiqué la candidate à la chefferie du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade qui a déclaré que si elle était élue, elle abrogerait la clause dérogatoire sur la loi 21. «Si vous n’êtes pas prêts à utiliser la clause dérogatoire pour défendre l’autonomie du Québec, vous êtes indignes de diriger notre nation», a-t-il déclaré.
L’ex-candidate du Parti Québécois, Louise Mailloux, ainsi que le professeur du Cégep de Saint-Jérôme, Stéphane Kelly, ont fait l’éloge de M. Bastien lors de son lancement de campagne.
L’historien de formation a fait parler de lui dans les dernières semaines. C’est lui qui avait déposé une première plainte contre la juge en chef de la Cour d’appel, Nicole Duval-Hesler, pour des paroles prononcées pendant qu’elle entendait les arguments pour et contre la loi sur la laïcité québécoise.
Devant les reculs des associations et juges fédéraux, Louise Mailloux a qualifié ses nombreuses plaintes de «l’effet Bastien» ajoutant qu’il avait du chien et défendait une laïcité authentique.
Questionné à savoir si ses plaintes n’étaient pas calculées en amont de sa candidature à course de la direction du PQ, M. Bastien a fermement répondu qu’il se battait pour sur ces questions depuis plus de 20 ans.
Le député de Jonquière, Sylvain Gaudreault, et l’avocat Paul Saint-Pierre-Plamondon se sont aussi lancés dans la la chefferie du Parti québécois. Le suspense demeure pour l’humoriste Guy Nantel, qui confirmera sa candidature d’ici le 14 février.
Le nouveau leader péquiste sera choisi le 19 juin.