Malgré l’ombre des variants, Québec va de l’avant avec un allégement partiel des mesures sanitaires dans la province. Les commerces non essentiels rouvriront leurs portes partout au Québec le 8 février prochain.
C’est ce qu’a confirmé mardi le premier ministre François Legault, qui participait à un point de presse en compagnie du ministre de la Santé, Christian Dubé, et du directeur national de santé publique, Horacio Arruda.
Les musées ont aussi le feu vert de Québec. Le gouvernement prépare par ailleurs un retour partiel dans les établissements d’enseignement supérieur. Le couvre-feu, mesure phare des annonces faites au début du mois dernier par le gouvernement provincial, reste en place, au moins jusqu’au 21 février.
«La situation, depuis quelques semaines, s’améliore […] Je comprends aussi que beaucoup de Québécois sont tannés, mais, malheureusement, la bataille n’est pas finie», a indiqué M. Legault, en évoquant un «petit déconfinement».
«On peut faire un petit déconfinement, mais il faut y aller d’une façon très graduelle.» – François Legault, premier ministre du Québec
Selon plusieurs médias, tous les scénarios étaient sur la table jusqu’à mardi. En fin de semaine, François Legault avait fait entendre son intention de «redonner un peu d’oxygène aux commerçants», mais le verdict serait tombé ce matin.
Le magasinage en personne dans les commerces non essentiels, comme les boutiques de détail, a été mis en pause à la mi-décembre. À l’époque, Québec s’inquiétait de voir les hôpitaux manquer de ressources. «La propagation est quand même forte. Là où ça nous fait vraiment mal, c’est le nombre d’hospitalisations», avait signifié le premier ministre pour justifier sa décision, lors d’un point de presse à Montréal.
Deux Québec
Québec desserre l’écrou plus rapidement dans six régions du Québec qui passent en «zone orange» soit la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine, le Bas-Sant-Laurent, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, l’Abitibi-Témiscamingue, la Côte-Nord et le Nord-du-Québec. Dans ces régions, le couvre-feu s’amorcera plus tard, à 21h30. Les restaurants et les gyms pourront également rouvrir, uniquement dans ces secteurs de la province.
À Montréal, comme dans toutes les zones rouges, le confinement de ces entreprises se poursuit. Une décision que l’Association Restauration Québec (ARQ) a de la difficulté à s’expliquer.
«Ça suffit, les exploitants sont au bout du rouleau et ils ont besoin d’oxygène eux aussi», a martelé dans un communiqué son vice-président aux affaires publiques et gouvernementales, François Meunier.
François Legault maintient qu’il n’abandonne pas le secteur de la restauration. Le ministre de l’Économie «travaille», dit-il, à une potentielle bonification des programmes de soutien aux restaurateurs. «On va voir dans les prochains jours», a-t-il ajouté.
Une nouvelle que les commerçants n’en peuvent plus d’attendre. À Montréal, où les restaurants n’opèrent plus depuis plus de quatre mois, on souhaite éviter un «printemps tardif».
«Sinon, ce qui risque d’arriver, c’est l’effondrement de tout ce secteur de l’économie. Ça serait dramatique pour Montréal, qui verrait un pan excessivement important de son identité partir au vent», a commenté le président de l’Association des sociétés de développement commercial de Montréal (ASDCM), Billy Walsh, mardi.
Toujours du délestage
Si Québec procède à un «petit déconfinement», selon François Legault, c’est que les hôpitaux encaissent encore et toujours les impacts de la COVID-19.
Après un mois de janvier difficile où le nombre d’hospitalisations actives a presque atteint les 1500, la pression semble finalement s’abaisser. À ce moment-ci, environ 1100 personnes sont hospitalisées pour cause de COVID-19.
Or, dans l’ensemble du Québec, les hôpitaux doivent toujours reporter un tiers des chirurgies non urgentes. À Montréal, cette proportion grimpe à 50%.
«Il faut voir diminuer de façon importante le délestage puis être capable de commencer à faire du rattrapage» pour revoir une certaine normalité, a réitéré M. Legault mardi.
Selon la professeure en santé publique Roxane Borgès Da Silva, on prend un risque en déconfinant, aussi partiellement que ce soit. C’est qu’il est bien possible que la transmission des variants du coronavirus complique l’effort de santé publique, selon elle.
«On a ces variants qui sont à nos portes. Ça s’en vient», a-t-elle souligné.
La semaine dernière, on comptait huit cas du variant britannique. Celui-ci se transmet plus facilement, selon les données préliminaires. Chez les voisins ontariens, ce virus modifié a infecté plusieurs dizaines de personnes.