La compensation versée par Ottawa à Québec dans le cadre de la mise sur pied d’un programme national de garderies atteindra 6 G$. Et les sommes dont bénéficiera le gouvernement Legault pourront être dépensées sans garde-fou.
C’est ce qu’a indiqué mardi le ministre québécois des Finances, Eric Girard, qui réagissait au dépôt du budget fédéral de la veille. Le Québec s’étant déjà doté d’un système de services de garde, il aura droit à des compensations financières du gouvernement de Justin Trudeau.
«C’est non négociable, a souligné M. Girard en direct de Québec. C’est déjà entendu que nous sommes l’inspiration de ce qu’ils veulent faire et que ce sera un transfert sans condition.»
Le gouvernement de Justin Trudeau déposait lundi son premier budget en plus de deux ans, un exercice qui inclut un plan de relance économique de 100 G$ sur trois ans. L’épais document prévoit entre autres 30 G$ sur cinq ans pour que les tarifs de garderies à travers le pays s’abaissent à 10$ par jour.
Pas si vite
Mardi, le premier ministre Trudeau a rapidement répondu aux propos d’Eric Girard. Les transferts fédéraux ne seront pas nécessairement sans condition, a-t-il rétorqué, quelques heures après la sortie du ministre québécois.
Comme gouvernement provincial, le Québec peut exercer son droit de retrait avec compensation. Le premier ministre Trudeau maintient qu’il sera de la prérogative de la Belle province de déterminer où iront une partie des sommes.
«Le Québec a déjà tellement d’avance sur les autres provinces qu’on ne s’attend pas à ce que chaque cent aille dans les garderies», a-t-il signifié.
Au gouvernement Legault, on soutient que l’argent servira notamment à augmenter le nombre de places, mais pas seulement… Le ministère de la Famille évalue que plus de 50 000 places manquent actuellement dans le réseau québécois. Dans le budget québécois du 25 mars, le gouvernement de François Legault prévoyait plus de 115 M$ pour livrer le reste des 15 000 places promises par la Coalition avenir Québec en début de mandat.
Pas de transfert
Le gouvernement caquiste se déçoit par ailleurs de la moyenne au bâton du fédéral lors de ses derniers exercices financiers. Le budget de la veille aurait dû servir à augmenter les transferts fédéraux en santé, a réitéré M. Girard, mardi.
«Avec tous les engagements financiers que le fédéral a pris, nous aurions apprécié une augmentation unilatérale du financement fédéral en santé», a remarqué l’élu de la Coalition avenir Québec, évoquant une «opportunité manquée» d’Ottawa.
Or, Québec est certain de voir le dossier débloquer. «Le temps va nous donner raison», a signifié M. Girard.
Québec et ses alliés du Conseil de la fédération demandent depuis plusieurs mois une augmentation de 28 G$ des transferts fédéraux en santé. En décembre dernier, François Legault tenait le même discours qu’aujourd’hui, en qualifiant une rencontre avec son homologue fédéral de «rendez-vous manqué».
À Ottawa, le Bureau du premier ministre garde le cap. Les transferts grimperont, mais pas avant la fin de la pandémie, maintient le premier ministre Trudeau.