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Echaquan: l’infirmière-cheffe est «tombée à terre» à l’écoute des propos racistes

Celle qui était l’infirmière-cheffe à l’hôpital de Joliette le jour du décès de Joyce Echaquan affirme qu’elle est «tombée à terre» lorsqu’elle a entendu les propos racistes tenus par les employées dans la vidéo tournée par la patiente.

La cheffe de services Josée Roch, qui a démissionné de son poste en janvier dernier, est venue témoigner au huitième jour de l’enquête publique visant à élucider les circonstances entourant la tragédie.

Questionnée au sujet de la vidéo tournée par Joyce Echaquan quelques minutes avant sa mort, Mme Roch a déclaré qu’elle «n’en revenait pas» lorsqu’elle l’a visionnée le soir du 28 septembre. «Je ne pouvais pas concevoir qu’une de mes infirmières a dit quelque chose d’horrible comme ça», a-t-elle déclaré devant la coroner.

«J’ai regretté de ne pas être allée plus loin»

Au travail, Josée Roch a été rapidement mise au courant que deux membres du personnel avaient été filmées en direct par une patiente, mais ne connaissait pas le contenu de l’enregistrement à ce moment.

Elle apprend seulement qu’une des employées a traité Joyce Echaquan d’«épaisse» un peu avant 11h. Mme Roch décide alors de «mener son enquête» et d’aller interroger son infirmière qui nie.

«Elle me dit: “Je n’ai rien à me reprocher”. Je me suis levée, j’ai regardé Mme Echaquan. Ma perception était qu’elle était calme», a raconté la témoin. Josée Roch est donc repartie à son bureau avec le souhait de retourner voir la patiente plus tard.

À la lumière de ce qu’elle sait maintenant, Josée Roch regrette «de ne pas être allée plus loin» dans son investigation le matin du 28 septembre.

«J’aurais probablement été plus rough comme on dit parce que, moi, j’avais la perception de mon infirmière qui était sans faille. […] J’aurais posé un peu plus de questions, j’aurais peut-être fait une enquête plus approfondie», a-t-elle expliqué à la barre.

Est-ce que sans preuve vidéo le personnel de l’hôpital aurait cru la famille Echaquan? a demandé la coroner qui préside l’enquête, Géhane Kamel. «C’est une très bonne question», a d’abord répondu Josée Roch.

L’infirmière-cheffe pense qu’il y aurait tout de même eu une enquête. «J’espère qu’on aurait cru la famille», a-t-elle ajouté.

Joyce Echaquan, victime d’une «rupture de services»

Plus les témoins passent devant la coroner, plus il semble que Joyce Echaquan ait payé les frais d’une «rupture de services».

Après avoir placé la patiente sous contention chimique et physique dans les instants qui ont suivi la vidéo diffusée en direct sur la page Facebook de Joyce Echaquan, on l’a laissée seule durant 40 minutes. Cela est pourtant contraire au protocole qui demande une surveillance accrue dans ces cas-là.

Le 28 septembre, une candidate à l’exercice de la profession infirmière (CEPI) avec peu d’expérience était attitrée à Mme Echaquan. Celle-ci semblait frileuse à l’idée de prendre certaines décisions seule et se référait souvent à ses supérieurs.

À plusieurs reprises, la jeune femme, qui est aujourd’hui infirmière, a demandé un service privé pour que Joyce Echaquan soit mise sous surveillance. Toutefois, personne n’était disponible à ce moment précis qui concordait avec les heures de dîners.

Un transfert trop long en réanimation

La CEPI a alors demandé le transfert de sa patiente en salle de réanimation toujours dans le but de la placer sous surveillance accrue. Encore une fois, l’employée se serait butée à un refus de l’infirmière assistante du supérieur immédiat (ASI).

Lors de son témoignage, l’ASI a indiqué qu’elle n’avait pas toutes les informations entourant la situation de Joyce Echaquan. «Je ne savais pas qu’elle avait reçu de l’Haldol, qu’elle avait été contentionnée, qu’elle était tombée deux fois, je n’avais pas le portrait de ça, a-t-elle dit. Ça aurait changé la condition.»

Mardi matin, un infirmier a déclaré à la barre des témoins que Joyce Echaquan aurait dû être transférée en réanimation beaucoup plus tôt considérant son état qui nécessitait une «surveillance visuelle et physique». Il serait même allé alerter Josée Roch sans passer par l’ASI.

L’homme de 52 ans a aussi dit qu’il croyait qu’un moniteur cardiaque avait été installé à Joyce Echaquan, qui souffrait d’insuffisance cardiaque et portait un pacemaker. Or, cela n’aurait pas été le cas. «Je pense qu’il aurait dû être installé», a-t-il dit en liant l’oubli à l’inexpérience de la CEPI.

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