Le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, ne ferme pas la porte à une volte-face sur la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé. On craint notamment une aggravation de la pénurie d’infirmières et d’autres employés si des travailleurs sont suspendus.
Pour l’heure, 20 000 travailleurs du réseau de la santé n’ont pas été inoculés, dont 8000 à Montréal, si bien qu’ils se verront suspendus sans solde dès le 15 octobre. Et ce, alors que Québec cherche déjà 4300 infirmières, dont environ 2000 à Montréal. Questionné à ce sujet au micro d’ICI Première jeudi matin, le Dr Arruda a ouvert la porte à revoir l’idée de suspendre les travailleurs non vaccinés.
«On verra si l’impact est plus négatif que positif, a-t-il commenté. Je ne veux absolument pas dire qu’on ne revoit pas les choses […] On va réévaluer tout ça, ça sera suivi de très très près.»
Un peu plus tard, le ministre de la Santé Christian Dubé a abordé l’enjeu avec plus de fermeté, assurant que les travailleurs de la santé qui n’auront pas été vaccinés d’ici le 15 octobre seront bel et bien suspendus. Un plan de contingence devra être mis sur pied par les CIUSSS et des CISSS pour remplacer les travailleurs non vaccinés.
«Je m’engage que les gens n’auront pas de bris de service, mais on va se réorganiser, parce que la vaccination obligatoire pour la santé, je ne bougerai pas là-dessus.», a tranché M. Dubé.
Malgré la pénurie qui affecte le réseau, la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé demeure «la moins pire solution», selon le premier ministre François Legault. «Est-ce qu’il y a des patients vulnérables au Québec qui iraient subir une dialyse, qui accepteraient que l’infirmière qui fait affaire avec le patient ne soit pas vaccinée? Moi, je pense que non», a-t-il illustré.
Comment combler le vide?
Justement, comment cette pénurie chez les infirmières sera colmatée? Un plan concret n’a toujours pas été mis en place. Des efforts seront mis à court terme, par exemple, par l’offre de primes aux infirmières qui effectueront un retour au travail. Leur rétention pourrait être assurée par une hausse de salaire.
«Ce que je veux, c’est de leur offrir, pour une certaine période, une rémunération compétitive, même peut-être supérieur à ce qui est dans le privé, parce qu’il faut récupérer toutes les infirmières qu’on est capable de récupérer dans le réseau public, incluant celles qui travaillent dans le privé actuellement», a détaillé le premier ministre.
Ces efforts pourraient coûter plusieurs «centaines de millions» de dollars, a dévoilé le ministre des Finances Éric Girard. «On a définitivement les moyens de faire ça. Depuis le début de la pandémie, lorsque la Santé a besoin de ressources pour combattre la pandémie, on a toujours été là, les sommes sont disponibles», explique-t-il.