Deux députés de Québec Solidaire (QS) se sont aujourd’hui alliés au Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI), afin de demander au gouvernement québécois la mise en place d’un programme de régularisation des personnes immigrantes sans statut.
Andrés Fontecilla, député de Laurier-Dorion, et Alejandra Zaga Mendez, députée de Verdun, ont exprimé leur soutien aux sans-papiers en participant cet après-midi à un rassemblement organisé par le CTI, dans un restaurant indien de l’arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, à Montréal.
Cet évènement fait suite à une série de manifestations au cours des dernières semaines, visant à dénoncer le quotidien difficile et précaire des personnes sans statut, et à réclamer aux gouvernements provinciaux et à Ottawa un programme juste et équitable de régularisation.
«Je suis très fier d’être ici aujourd’hui, dans ma circonscription, afin de donner une voix aux personnes immigrantes qui contribuent grandement à la société québécoise, et ce, malgré leur statut d’immigration précaire. Ces hommes, ces femmes et ces enfants font déjà partie intégrante de notre société», a déclaré M. Fontecilla.
De nombreuses personnes sans-papiers étaient présentes lors de ce rendez-vous pour témoigner de leurs expériences.
L’accès à la résidence permanente plus long et plus compliqué
Québec Solidaire déplore la complexification du processus d’obtention de la résidence permanente au Québec. «Les politiques migratoires mises en place par le gouvernement caquiste ont rendu l’accès à la résidence permanente plus long et plus compliqué» affirment les solidaires.
De plus, le parti pointe du doigt l’augmentation de la part des travailleurs temporaires reçus sous le gouvernement actuel. Ces derniers seraient passés de 18 000 en 2017 à environ 33 000 par année depuis 2019.
«En ce sens, le gouvernement Legault contribue à l’augmentation du phénomène d’irrégularité migratoire au Québec, car sans une voie véritablement accessible vers la résidence permanente, ces personnes peuvent éventuellement se retrouver sans statut d’immigration», a fait valoir QS.
Ne pas avoir un statut migratoire, ce n’est pas un acte criminel, c’est un problème administratif.
Mostafa Henaway, organisateur communautaire au Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI)
«Nous aimons le Québec et nous rêvons d’un futur ici»
Kara, Amandeep et Rajvinder (noms fictifs) sont trois jeunes adolescentes qui vivent au Québec avec leurs parents depuis de nombreuses années. Elles sont scolarisées et parlent le français couramment. Ayant passé la majeure partie de leur existence au Québec, ces dernières déclarent ne plus avoir de liens significatifs avec le pays d’origine de leurs parents.
«Nous avons tout sacrifié. Nous avons sacrifié même notre langue maternelle et nous parlons maintenant français. Nous aimons le Québec et nous rêvons d’un futur ici. Sans peur et sans honte. Nous voulons tout simplement être comme nos collègues. Pouvoir étudier et travailler plus tard. Nos parents ont peur. Nous avons peur. Peur de devoir quitter notre pays», affirment Kara, Amandeep et Rajvinder.
Le Centre des travailleuses et travailleurs immigrants (CTI) soutient que les personnes immigrantes se retrouvent sans statut à cause de la complexité du système d’immigration.
Ce dernier entretiendrait leur vulnérabilité face à des abus d’employeurs, de recruteurs ou d’autres personnes malhonnêtes, selon le CTI.
«De nombreux pays dans le monde, notamment l’Espagne, l’Italie, le Portugal ou l’Irlande ont mis sur pied des programmes de régularisation. Pourquoi pas au Canada et au Québec, dans notre pays, censé respecter les droits de la personne?», s’interroge Mostafa Henaway, organisateur communautaire au CTI.
«Le gouvernement du Québec a intérêt à mettre en place un programme de régularisation des statuts. C’est une question de droits humains, mais c’est aussi un mécanisme efficace pour pallier la pénurie de main-d’œuvre, pour s’attaquer à l’économie informelle qui nous prive d’importants revenus fiscaux et pour combattre la pauvreté ainsi que les inégalités sociales », a ajouté M. Fontecilla.