Près de trois ans après la première saison d’Écrivain public, la société Babel Films vient de sortir les cinq épisodes de la deuxième. En suivant les aventures de Mathieu, écrivain public dans Hochelaga, cette série aborde plusieurs enjeux sociétaux du quartier. Entrevue avec le réalisateur et coscénariste Éric Piccoli.
Quel est le synopsis de cette deuxième saison d’Écrivain public?
«On poursuit l’adaptation du roman du même nom écrit par Michel Duchesne. Cela suit l’histoire de Mathieu [incarné par Emmanuel Schwartz] qui est écrivain public dans Hochelaga-Maisonneuve pour un centre communautaire qu’on a inventé pour l’histoire. On suit aussi le centre qui est en difficulté parce que les subventions sont coupées. Il y a clairement une adaptation entre le roman et ce qu’on voit à l’écran. Il y a de nouveaux personnages et il y a des conclusions de personnages qui sont différentes.»
La série aborde des enjeux actuels du quartier comme l’embourgeoisement, est-ce que vous vous êtes inspirés de la réalité?
«L’histoire est 1/3 de la vie de Michel Duchesne et de son expérience d’écrivain public pour le Chic Resto Pop, 1/3 de ce qu’on entend un peu partout et 1/3 de fiction. J’ai grandi dans Villeray et maintenant je suis dans le Vieux-Rosemont, donc je vois les clashs dans ces quartiers qui deviennent tendance, mais où vivent des familles et des ouvriers. Il y a les problèmes de confrontation et la question de l’embourgeoisement qui empêche ces gens de rester dans leur quartier. La série est une lettre d’amour à Montréal et ces quartiers dans lesquels il y a souvent beaucoup d’oubliés.»
Comment avez-vous fait pour coller à la réalité de Hochelaga-Maisonneuve?
«Dans mon approche, j’essaye de faire en sorte que les gens se demandent ce qui est vrai et pas vrai. Je tourne beaucoup avec l’improvisation. On a fait des scènes à la place Simon-Valois et les gens qui reçoivent des pamphlets sont de vraies personnes qui passent et qui pensent qu’on travaille vraiment pour un centre communautaire. Après, on leur a expliqué que non, mais dans les réactions, on a eu de tout. Dans ces cas-là, on se sent presque niaiseux de faire du cinéma et pas du travail social, mais notre job à nous c’est d’exposer cela. La limite entre la fiction et le documentaire est vraiment fine, parce que tout est vrai.»
Quel message espérez-vous faire passer avec cette deuxième saison?
«Les gens que tu croises, peu importe leur tempérament ou ce qu’ils t’exposent, on ne connaît jamais leur histoire. Ma mère m’a toujours dit qu’avant de juger n’importe qui, je devais me mettre dans ses souliers. En général le cinéma permet cela et j’espère juste que la série va inciter à regarder ces gens-là différemment.»
En attente d’une diffusion télévisuelle, les épisodes de la deuxième saison d’Écrivain public sont disponibles depuis le 7 mars sur le site tv5.ca.