«Je crains pour la toxicité.» Pénélope McQuade n’y est pas allée par quatre chemins sur le plateau de Tout le monde en parle (TLMEP), dimanche soir, pour décrire l’impact que peuvent avoir les trolls sur les réseaux sociaux.
Aux côtés du cinéaste Hugo Latulippe, l’animatrice était venu discuter de ce phénomène où des internautes, sous le couvert de l’anonymat – ou pas –, profitent de leur droit de parole pour tenir des propos violents, misogynes, racistes ou antisémites. Leur documentaire Troller les trolls sera par ailleurs diffusé à Télé-Québec le 3 octobre à 20h.
Au fil de nombreuses entrevues avec des personnalités publiques et politiques (Patrick Lagacé, Judith Lussier – ancienne chroniqueuse pour Métro –, Gabriel Nadeau-Dubois, etc.) des experts et même un «troll», le duo a cherché à comprendre d’où venait cette haine.
«Qu’est-ce que ça dit de nous? demande Pénélope McQuade. Il y a un besoin d’exprimer une colère qui gronde, qui est réelle. On le banalise, on le tolère et ça fait partie de notre quotidien. […] On monte de 0 à 100 sur l’échelle de l’agressivité en un tweet et demi.»
L’animatrice a elle-même reçu plusieurs messages haineux et misogynes. Elle a voulu rencontrer un de ses trolls personnels, qui lui avait envoyé une photo sur laquelle on pouvait lire «You’re gonna get rape», mais ce dernier a décliné son invitation.
«Je suis très curieuse de savoir si la personne mesure l’impact que ç’a sur une personne qui la reçoit», a ajouté l’animatrice, qui a rappelé que 75% des femmes sur les réseaux sociaux disent avoir été victimes de cyber-harcèlement.
«La police semble fonctionner avec un système de peur. Comment détermine-t-on l’échelle qui va de 0 à on fait quelque chose? Je pense que la société au complet est apeurée, je crains pour la toxicité [qui nous entoure].» – Pénélope McQuade
Selon Hugo Latulippe, ce documentaire illustre que «sous le vernis du monde dans lequel on vit, il y a des choses peut-être inquiétantes».
Tous deux veulent que la litéracie numérique soit mise de l’avant, notamment auprès des jeunes qui passent beaucoup de temps sur les réseaux sociaux et devraient apprendre à y distinguer le vrai du faux.
Et, sans «basculer dans une surveillance à la Big Brother», M. Latulippe estime qu’il devrait y avoir une meilleure vigilance sur l’internet, notamment autour des «chambres à échos» qui se créent et où «les gens “s’éduquent” les uns les autres».
Le dossier Rozon «traîne»
L’animateur Guy A Lepage a profité du passage de Pénélope McQuade sur son plateau pour discuter des avancements juridiques dans le dossier de Gilbert Rozon.
McQuade est une des femmes à avoir porté plainte envers le fondateur de Juste pour rire pour agression sexuelle. M. Rozon est également en pleine bagarre juridique avec «Les Courageuses», un groupe de femmes qui l’accusent de harcèlement et d’agressions sexuelles.
«Ça traîne», lui a-t-elle répondu, en précisant que les plaignantes avaient été avisées qu’un tel dossier prendrait du temps.
«Je pense que notre système de justice n’est pas adéquat pour traiter des dossier de violence sexuelle. Dans notre système actuel, ça prendre des preuves et un témoin, a expliqué l’animatrice. Le système est fait pour ne pas envoyer d’innocent en prison ce qui est bien, mais le système n’est pas fait pour croire les victimes.»