Culture

Festival Au contraire: «le trouble en santé mentale n’est pas une condamnation»

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Florence K est porte-parole de la 8e édition du festival Au contraire

La musicienne Florence K reprend le rôle de porte-parole du Festival de films Au contraire pour sa huitième édition. Celui-ci a pour mission de sensibiliser le plus grand nombre aux enjeux relatifs à la santé mentale.

Au contraire se déroule gratuitement en ligne jusqu’au 23 octobre.

Florence K s’est confiée à Métro sur l’importance du festival, mais aussi de l’art en général, pour enrayer les tabous sur la maladie mentale. Reconnue comme l’une des 150 leaders canadiens en santé mentale par le Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto, l’artiste avait publié en 2015 le livre Buena Vida, récit de son internement psychiatrique lié à un épisode dépressif majeur.

Florence K poursuit actuellement des études afin de devenir psychologue.

Cela fait plusieurs années que vous être la porte-parole du Festival de films Au contraire. Pourquoi cela vous tient-il à coeur?

Quand le festival m’a approchée pour en devenir la porte-parole la première fois, j’ai tout de suite accepté. La santé mentale, c’est un peu ma cause car j’étudie en psychologie et je vis avec un trouble bipolaire. L’idée de faire germer à Montréal un festival de films portant sur la maladie mentale est géniale car on utilise une approche créative et artistique pour démystifier et déstigmatiser la cause, tout en informant les gens. L’art est capable d’exprimer certaines choses qui sont peu tangibles avec des mots. En voyant certains films, on comprend très bien le sens de certains troubles et des enjeux qui les entourent.

Qu’en est-il de la programmation cette année?

Il y en a pour tous les goûts. Courts et longs métrages, films d’animation ou documentaires, toute cette belle panoplie aborde différentes thématiques liées à la santé mentale, comme le traitement ou l’enjeu de la famille. Je ne les ai pas encore tous vus, mais il y a deux ans j’avais été bouleversée par Elizabeth Blue, qui parle de la schizophrénie, que je ne connais pas si bien que ça. On rentre dans la peau de cette jeune femme qui doit composer avec ce trouble, sûrement parce que le réalisateur et scénariste Vincent Sabella est lui-même schizophrène. On ne peut avoir que de la compassion et de l’empathie envers ceux qui souffrent.

La santé mentale est-elle encore trop stigmatisée, selon vous?

On en parle plus, mais il y a encore des problèmes d’accessibilité aux soins en santé mentale, de prévention, de suivi, de traitement. Ça demeure difficile pour quelqu’un qui souffre d’en parler, d’avoir accès à de l’aide.

Vous êtes artiste, mais aussi étudiante. Pourquoi vous êtes-vous tournée vers des études en psychologie?

Après avoir souffert de ma première dépression il y a 10 ans, j’ai fait un certificat en psycho parce que je voulais comprendre. J’ai découvert un univers tellement plus vaste et complexe que ce que je pensais. Plus j’étudiais, plus j’étais fascinée et je voulais en savoir plus. Vivre avec un trouble de santé mentale m’a apporté la passion pour la chose. Le trouble de santé mentale n’est pas une condamnation. La souffrance est tellement horrible que je voudrais utiliser mon expérience dans un cadre professionnel pour pouvoir aider à mon tour.

Quel lien faites-vous entre l’art et la santé mentale?

L’art est soupape pour beaucoup qui combler un besoin d’expression, apporter une gratification. C’est bon pour l’estime de soi. La musique, par exemple, peut traduire des émotions qui sont lourdes à porter. Je sais aussi, à l’inverse, que ce milieu peut-être anxiogène, nocif pour la santé mentale, notamment lorsqu’il y a trop d’alcool ou lors de tournée.

Justement, 2020 est très anxiogène et cela affecte la santé mentale des Québécois. Aurais-tu un message à faire passer?

Je ne martèlerai jamais assez l’importance d’injecter de nouveaux fonds pour la santé mentale. Un ami urgentologue m’a dit qu’environ 25% des gens qui se rendent à l’urgence le font pour des troubles de santé mentale ou une comorbidité de santé mentale. À un moment donné, il va falloir que la RAMQ rembourse la psychothérapie si on veut éviter les rechutes, les suicides. Il faut miser sur la prévention et le soin à long terme. Si tu rentres en psychiatrie quand tu es en état de crise et que lors de ta sortie, tu as de la difficulté à avoir un suivi psychologique gratuit, tu vas retourner à l’hôpital. C’est aussi pour ça que le festival Au Contraire est un excellent moyen de s’informer sur la santé mentale et d’aider la cause. Les fonds qui seront amassés iront à des organismes communautaires. Il faut que les gens qui souffrent comprennent qu’ils ne sont pas seuls, qu’il y a des solutions. La solitude est très dure.


En cas de crise, les personnes en détresse peuvent contacter plusieurs organismes:

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