Dix ans après Mildred Pierce, Kate Winslet renoue avec le petit écran. Dans la nouvelle production HBO Mare of Easttown, elle incarne Mare Sheehan, une détective qui enquête sur un meurtre qui bouleverse sa communauté tissée serrée.
Le créateur de Mare of Easttown, Brad Ingelsby, est retourné dans son état natal de Pennsylvanie pour écrire cette minisérie de sept épisodes, réalisée par Craig Zobel, qui raconte une histoire de famille et démontre comment notre passé peut définir notre présent.
Métro s’est entretenu avec Kate Winslet en vidéoconférence.
Qu’est-ce qui vous a intéressé dans ce projet ?
Jouer Mare Sheehan a été, je pense, un de mes plus grands défis. Elle n’est en rien comme moi. C’est plutôt effrayant, mais d’une bonne manière, si on est comme moi une actrice qui aime se sentir terrifiée et exposée. (Rires) Je n’avais jamais rien fait de tel, alors j’étais excitée de lire quelque chose qui m’a accrochée tout de suite. J’ai vraiment compris, non seulement qui elle était, mais le monde dans lequel elle vit, d’où elle vient, ce sentiment de communauté, d’être si ancrée dans une société qu’on en arrive à oublier qui on est. C’est arrivé au parfait moment pour moi alors que je cherchais quelque chose qui allait me consumer autant que ça et c’est ce qui est arrivé. Je me sens vraiment chanceuse que ça me soit arrivé.
À quel point seriez-vous une bonne détective dans la vraie vie?
Je serais terrible comme détective! (Rires) Je serais très bonne pour le café et les bières après le travail. Ce personnage, à bien des égards, est à des kilomètres de ce que je suis, et c’est le cas au niveau de l’emploi qu’elle occupe. Je ne pourrais jamais être détective. Je ne pense pas avoir l’endurance mentale nécessaire. J’ai de l’endurance, mais d’une façon différente. Je pense que l’unique chose que j’ai en commun avec Mare est ce véritable sens de la famille, à quel point c’est important pour elle de la garder unie à tout prix. Et aussi sa capacité d’admettre qu’elle a échoué dans de nombreux domaines et le fait qu’elle tente désespérément de corriger ses erreurs et de garder tout le monde aussi près d’elle que possible. C’était là une chose avec laquelle j’ai pu m’identifier au milieu de toutes ces autres choses qui m’étaient si étrangères.
Pour vous préparer, avez-vous regardé en boucle des drames policiers ou bien emprunté des traits de caractère de détectives populaires?
J’ai délibérément omis de le faire. Ça a été un véritable dilemme pour moi. Par contre, j’ai regardé beaucoup de dramatiques inspirées de crimes réels et de vidéos sur YouTube. Mais surtout, j’ai passé plusieurs mois à travailler avec le département de police de Easttown. Nous voulions vraiment capter l’essence de ce qu’est être une détective dans cette ville. J’ai connu une grande dame nommée Christine Bleiler, qui est sergent détective. Elle a été incroyable, m’a beaucoup soutenue et elle était souvent avec nous sur le plateau. Essentiellement, je ne faisais qu’observer de vrais gens travailler avec de vrais gens.
Avec le temps, est-ce toujours autant un défi de construire un personnage?
Honnêtement, ce rôle m’a rendue folle, parce que le personnage s’exprime avec l’accent Delco [Delaware County]. Le plus dur pour moi a été de le maîtriser assez pour que les téléspectateurs ne puissent pas entendre le travail qu’il m’a fallu pour y arriver. J’ai toujours détesté lorsqu’on peut entendre quelqu’un travailler pour faire une voix ou un accent. Alors j’ai passé beaucoup de temps à travailler avec un coach et avec des gens de cette ville. C’est un des accents les plus durs que j’ai eu à faire. C’est dans mon top trois, certainement. Mais ça rajoute tellement au personnage de Mare. Je voulais vraiment qu’on puisse penser qu’elle est été née et qu’elle a grandi là-bas. Au dernier jour du tournage, j’ai pu dire : «Ah, je crois que je l’ai maintenant.» (Rires)
Clairement, vous aimez les défis. Que feriez-vous si on vous donnait un rôle que vous ne pensez vraiment pas pouvoir défendre?
Je paniquerais! (Rires) Je vais dire oui à quelque chose et ensuite, je vais passer tout mon temps à me dire que je ne peux pas jouer ce rôle jusqu’au tournage. Mais pourquoi ai-je dit oui? Pourquoi est-ce qu’ils m’ont même choisie? Les acteurs sont assez étranges et je ne suis définitivement pas une exception. Aussi, je suis également une très bonne procrastinatrice, donc je peux penser et penser et penser et penser pendant longtemps. Puis, la pression se fait sentir et on arrive au moment où ça arrive pour de vrai et je sais que je dois céder. Alors, je ne peux plus penser à rien d’autre. Pour gérer ma peur, je dois tout simplement y faire face, essayer très dur et faire le travail.
Peu importe depuis combien de temps on fait ce travail, on ne peut jamais s’assoir sur ses lauriers. Il y a tellement d’actrices incroyables et c’est tellement excitant de voir cela. Mais cela signifie que nous devons toutes élever notre niveau. Nous devons toutes «rester dans le jeu.» Il faut travailler dur. On doit faire preuve d’intégrité à chaque fois. Le maintien de cette éthique de travail est vraiment important pour moi, car je pense que le public s’en aperçoit.
Mare of Easttown
Sur Crave et HBO
En français à Super Écran dès le 22 avril
https://www.youtube.com/watch?v=miQqyfO66uw