La spéculation immobilière touche de plus en plus les artistes qui louent des ateliers à Montréal. Afin de leur venir en aide, le gouvernement du Québec accorde 25 M$ au programme de subvention d’ateliers d’artistes de la Ville de Montréal. La Ville y ajoute pour sa part une somme de 5 M$.
Cette aide permettra de «solidifier et de pérenniser» l’offre de lieux de création à Montréal en facilitant l’accès à des lieux durables, sécuritaires et abordables aux artistes visuels et aux artisans de métiers d’art.
Ces créateurs sont particulièrement touchés par la spéculation immobilière. Les hausses de loyers les obligent souvent à devoir s’éloigner des quartiers centraux.
L’an dernier, les occupants du 305, Bellechasse, dans Rosemont–La Petite-Patrie, ont été évincés. Les nouveaux propriétaires ont effectué des rénovations à l’édifice puis augmenté les loyers.
Par ailleurs, la pandémie de COVID-19 a eu de grands impacts sur le marché immobilier montréalais, fragilisant encore plus la stabilité des artistes locataires d’ateliers.
Selon la ministre de la Culture Nathalie Roy, cet investissement permettra aux artistes de «créer dans des conditions optimales».
Réactions favorables
Le Regroupement des centres d’artistes autogérés du Québec salue la mise en place de ce programme «fort attendu». «Le maintien et le développement des lieux de création sont en effet indispensables non seulement pour le foisonnement de la recherche et la production artistique montréalaise, mais aussi pour la richesse des écosystèmes et la qualité de vie de nos quartiers», a déclaré sa directrice Catherine Bodmer.
L’artiste multidisciplinaire Marc Séguin se dit «heureux» de cet investissement. «Ça ne va pas régler tous les problèmes d’ateliers d’artistes, loin de ça, mais c’est un pas dans la bonne direction», a-t-il dit à Métro.
«Ça envoie un beau message moral, ça dit qu’on tient à l’art.» -Marc Séguin, artiste
Celui qui est notamment peintre s’est récemment associé à la Société de développement Angus et au promoteur immobilier Huotco pour acquérir et convertir en ateliers un édifice industriel du quartier Saint-Michel. Les Ateliers 3333 s’engagent à offrir un loyer stable aux futurs occupants. À terme, Marc Séguin souhaite en redonner la propriété aux artistes.
Si cette aide inédite le réjouit, il demeure néanmoins prudent quant aux impacts qu’elle aura. «30 M$ en immobilier, ça va assez vite», met-il en garde.
«Les sous devraient permettre de créer et d’entretenir des modèles durables et pérennes», souhaite-t-il. Le tout, afin «que ça plante des graines pour longtemps et que les artistes puissent continuer à créer sans se soucier.»