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Voir «L’Infini», les pieds sur Terre

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«L'Infini» emmène le public à bord de la Station spatiale internationale

L’Infini, qui mêle art contemporain et réalité virtuelle, propulse le public en orbite autour de notre planète. La première mondiale de l’exposition immersive et interactive se déroule du 21 juillet au 7 novembre à l’Arsenal. En voici les prémices racontées par Marie Brassard, Phoebe Greenberg, Félix Lajeunesse et Julie Tremblay.

Le cosmos et l’infini sont désormais à portée de main. Alors que 10 astronautes seulement sont actuellement à bord de la Station spatiale internationale (SSI), PHI, en collaboration avec Felix & Paul Studios, propose une expérience pour le moins inusitée, caressant l’extraordinaire. Munis d’un casque de réalité virtuelle (RV), les visiteurs sont invités à prendre leur envol vers l’insaisissable pour le commun des mortels. Dans ce voyage au-delà de l’atmosphère, la vie extraterrestre devient ainsi palpable.

«Nous avons voulu que les gens se sentent proches des astronautes.» Pour la conceptrice et scénariste de L’Infini, l’artiste Marie Brassard, ces aventuriers de l’espace et passagers de la SSI sont comme tout le monde. «Ils rêvaient de devenir astronaute depuis l’enfance. Et parce qu’on a tous lu Le Petit Prince, vu des films de conquête interplanétaire, chacun de nous peut se reconnaître dans ces récits», dit-elle.

Nous nous sommes inspirés du parcours spirituel des astronautes et de leur quête dans l’espace.

La comédienne et dramaturge Marie Brassard, conceptrice et scénariste de L’Infini

La face artistique de la science et de la technologie

Grâce au concept avant-gardiste et inédit des studios Felix & Paul de filmer dans l’espace, Marie Brassard n’a pas vraiment hésité à s’élancer vers L’Infini. «Ils font partie de ceux qui redéfinissent les frontières du cinéma. Quel accomplissement incroyable que ces Québécois se retrouvent partenaires de la Nasa sur la SSI».

Avec un accès privilégié aux productions intersidérales de Felix & Paul, Phoebe Greenberg, fondatrice de PHI et cheffe de la création de L’Infini, n’a eu aucune autre volonté que celle de leur «rendre hommage». «Nous souhaitions depuis longtemps à offrir une porte d’entrée sur le monde virtuel autour du thème de l’espace», poursuite-elle.

Et pour soutenir leur contenu, celle-ci a immédiatement pensé à inviter le Japonais Ryoji Ikedaest pour intégrer le prisme de l’art contemporain. «Il réfléchit à la recherche autour de la création. Son langage est donc très complémentaire à l’exposition, qui est ancrée dans une proposition d’architecture visuelle et sonore. Historiquement, des artistes comme Laurie Anderson ou James Turrell, ont d’ailleurs toujours questionné ce rapport à l’univers.»

Quant à Félix Lajeunesse, cofondateur de Felix et Paul Sytudios et lui aussi chef de la création de L’Infini, il estime que «la RV est une occasion pour les astronautes de communiquer davantage sur cette expérience que peu d’humains ont la chance de vivre». «J’entends assez souvent de leur part qu’ils ont cette impression de retour à la maison. N’oublions pas que la SSI a été leur lieu de vie pendant plusieurs mois», ajoute-t-il.

Émotions fortes

«Avec Marie [Brassard], nous avons réfléchi à comment ressentir notre présence dans l’espace et à ce que cela veut dire pour notre imaginaire. Cette quête est si humaine et émouvante, qu’il y a une sorte de compréhension et de poésie rien qu’en regardant le ciel», explique Phoebe Greenberg.

Lors de la conception de L’Infini, Marie Brassard s’est donc interrogée sur «les états par lesquels ces êtres humains sont passés lors de leurs explorations et recherches». Elle a d’abord eu de beaucoup de considération à l’endroit de la curiosité des astronautes «envers la lumière et les origines». «Lentement, l’émerveillement par rapport à leurs découvertes a émergé, puis sont arrivées la réalisation du miracle de notre existence et des conclusions qu’on en tire.

Ce parcours à la fois organique et émotionnel est un moment très concret, entre l’artistique et le physique, pour comprendre d’où l’on vient, selon Marie Brassard. «Nous avons voulu mettre en scène cet enthousiasme et ce que la connaissance nous procure comme satisfaction».

«On dit qu’on est créé de poussière d’étoiles, qu’on contient nous-même l’univers. Ce sont des énigmes fascinantes à sonder. Je parle souvent de l’immensité de notre ignorance par rapport à l’univers. Je trouve très belle l’idée que plus on est haut, plus il y a une élévation spirituelle», confie-t-elle également.

La Nasa impliquée

Félix Lajeunesse tient à le signaler: le processus de collaboration avec les astronautes a été colossal. Le partenariat avec la Nasa dure en effet depuis 2016. Pour documenter l’exploration humaine de l’espace en réalité virtuelle et cinématographique, ses studios ont envoyé des caméras spécialement conçues pour la SSI dès 2018. «C’est comme cela que nous avons récolté 250 heures de matériel», précise-t-il.

Pour cette raison, «les astronautes se sont beaucoup attachés au projet. Il s’agit de leur histoire. Ils sont devenus nos alliés dans l’espace car ils devaient eux-mêmes placer la caméra, mettre leur micro, etc.»

Leurs propositions créatives font, toujours selon lui, «que c’est ce qui donne la couleur très personnelle et intime de L’Infini.

L’Infini, une chronique collective

Dans la zone de free-roaming – cette capacité de circuler librement dans un espace virtuel, mais qui existe également dans le réel – de 6000 pieds carrés de l’Arsenal, «les spectateurs rentrent en tant qu’avatars et peuvent se promener dans une reproduction à l’échelle de la SSI», explique Félix Lajeunesse.

«On va y trouver des bulles de contenu que les visiteurs peuvent activer en les touchant ou en rentrant à l’intérieur pour lancer une scène qui a été tournée dans l’espace. C’est une immersion très forte, on se croirait dans de vrais lieux physiques. Le rapport à l’autre est aussi intéressant, et cela traduit bien l’expérience des astronautes qui vivent ensemble dans un vaisseau spatial», continue celui qui avait à coeur de rendre le voyage tangible pour le public.

Enfin, pour la productrice de L’Infini Julie Tremblay, «c’est une expérience collective comme on n’en voit pas beaucoup dans la VR». Pour ce faire, une équipe composée de gens du cinéma, du divertissement, du théâtre, et d’autres qui sont en architecture, en design ou encore dans les jeux vidéo, a été nécessaire.

«Il fallait trouver un langage commun pour travailler ensemble et faire qu’un projet comme celui-ci soit réussi. Comprendre les interconnexions des disciplines était aussi essentiel afin de créer des lieux sans contraintes pour se déplacer librement et en sécurité», se souvient-elle.


Les Canadiens qui sont allés à bord de la SSI depuis 1999

  • Julie Payette
  • David Saint-Jacques
  • Robert Thirsk
  • Chris Hadfield
  • Dave Williams
  • Steve MacLean
  • Marc Garneau

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