Culture

Victoire de Mike Ward en Cour suprême: le milieu de l’humour satisfait

Comedian Mike Ward speaks to the media at the Quebec Appeal Court Wednesday, January 16, 2019 in Montreal. The Court is hearing arguments about whether Ward, who joked of drowning a disabled boy, Jeremy Gabriel, should have to pay damages to him and his family. THE CANADIAN PRESS/Ryan Remiorz

Marie-Lise Rousseau et Amélie Revert - Métro

Le milieu de l’humour se montre satisfait de la décision de la Cour suprême qui donne raison à Mike Ward dans l’affaire qui l’opposait à Jérémy Gabriel. Outre quelques publications sur les réseaux sociaux, les humoristes ont cependant peu commenté l’affaire ce vendredi.

L’Association des professionnels de l’industrie de l’humour (APIH) a laissé le soin à son avocat, Me Walid Hijazi, de commenter l’issue de cette saga judiciaire vieille de 10 ans. «On aurait été inquiet d’une décision contraire», a-t-il déclaré à Métro. Selon lui, cela aurait eu de graves répercussions sur la liberté de création des artistes.

«Ça aurait causé de la frilosité, ça aurait amené les humoristes à faire de l’autocensure, à se retenir de faire une blague par peur de représailles, alors que l’humour a toujours cherché à faire rire, mais aussi à provoquer et à susciter la réflexion», dit-il.

Selon lui, le jugement de la Cour suprême confirme «qu’il faut situer l’affaire dans son contexte, que ce n’est pas de la diffamation ni de la discrimination. Une personne raisonnable comprend que c’est une blague dans un contexte d’humour professionnel et rien de plus».

Il faut qu’un humoriste ait le plus vaste terrain de jeu possible, qu’il se sente libre de créer.

Me Walid Hijazi, avocat de l’APIH

La liberté d’expression de l’avant

Même son de cloche du côté du Groupe Juste pour rire. Son vice-président aux contenus francophones, Patrick Rozon, s’est réjoui de la victoire de Mike Ward vendredi.

«C’est une super bonne nouvelle pour le milieu de l’humour. C’est hyper important pour la liberté d’expression», a-t-il déclaré en entrevue à Métro. Selon lui, la Cour suprême a saisi ce qu’est «l’art de l’humour», qu’il décrit comme un «miroir de la société».

Une décision contraire aurait «nécessairement créé une culture d’autocensure chez les humoristes». Certains auraient pu vivre avec une «peur de constamment se faire poursuivre», ajoute M. Rozon.

«Cette décision n’enlève pas le droit au public d’être offensé par certains humoristes ou certaines blagues», tempère-t-il toutefois. Patrick Rozon estime en outre que le milieu de l’humour aura tiré des leçons de cette saga judiciaire. «Les artistes vont quand même faire attention au contexte dans lequel ils s’expriment», croit-il, mentionnant que la société est en constante évolution, tout comme les artistes.

La présidente de l’Union des artistes, Sophie Prégent, n’était quant à elle pas disponible vendredi pour commenter la décision de la Cour suprême.

Sans commentaire

Si certains auraient pu s’attendre à une explosion de joie des humoristes, les réactions de ces derniers auront été plutôt timides vendredi. Contactés par Métro, plusieurs d’entre eux, dont Louis T, Tranna Wintour, Philippe Bond et Guy Nantel, ont décliné nos demandes d’entrevue.

Dans une publication Facebook, M. Nantel affirme toutefois avoir prédit le verdict de la Cour suprême dans son dernier ouvrage, Le Livre offensant. «Le droit de ne pas être offensé ne peut malheureusement pas exister en droit. Ce serait ouvrir une brèche qui causerait plus de dommages que de réparations», soutient-il.

Louis T a quant à lui choisi la dérision pour évoquer l’affaire. «Parce que ça l’air que si on ne se prononce pas, on manque de courage. Je suis content de la décision de la Cour Suprême, de ce que j’en ai lu. Pis je dénonce les gens qui continuent de s’acharner et insulter Jérémy Gabriel sur les réseaux sociaux», écrit-il d’abord, avant de prendre un ton plus léger.

Enfin, l’autrice et chroniqueuse Marilyse Hamelin a fait part de son «soulagement» sur les réseaux sociaux, l’attente du jugement lui ayant donné «des sueurs froides».

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