Karine Vanasse connaît par cœur le glam et le faste des tapis rouges du Québec et des États-Unis. C’est pourtant en toute simplicité que l’actrice sélectionne ses engagements, guidée par les rencontres et le bénéfice humain qu’elle en tirera. Discussion avec une artiste auréolée de gloire, mais aux pieds vissés bien au sol.
Elles sont rares, les carrières comme celle de Karine Vanasse, entamées à l’adolescence (en 1998 avec le film Emporte-moi, de Léa Pool), exemptes d’à peu près toute controverse et ayant roulé à rythme toujours soutenu, dans les langues de Molière comme de Shakespeare de surcroît. Le tout, en gardant constamment un bras de distance entre sa vie privée et son image publique.
Une fille d’équipe
Trop humble pour oser acquiescer lorsqu’on le lui fait remarquer, Karine Vanasse concède qu’elle est «bien entourée», l’une des clés, selon elle, pour durer dans son métier, mais aussi pour permettre à n’importe quel être humain d’évoluer dignement.
«Je suis entourée de gens qui ont du cœur, et qui, professionnellement, sont à une place que je respecte et que j’admire. Qui ont su me rappeler, lorsque la confiance y était moins, les bonnes raisons pour lesquelles on fait les choses. Ma mère a été mon agente au début de ma carrière, mais encore aujourd’hui, j’ai la chance de travailler avec des gens intelligents, focalisés, groundés à la bonne place, qui ne se laissent pas ébranler par ce qui n’est pas important. La meilleure carte que j’ai, c’est celle-là», confie Karine lors d’un tête-à-tête avec Métro, au lendemain du Gala Québec Cinéma, où elle a fait tourner les regards avec un look aussi chic que sexy.
«Qu’est-ce qui nous reste, à la fin? Ce sont les liens qu’on tisse, avec les collègues de travail, les amis. Les productions sont momentanées et éphémères, mais derrière, il reste une équipe. Et ces équipes, je leur dois beaucoup.»
«Tu sais, la fameuse phrase qui dit qu’on est toujours aussi bon que notre dernier projet, poursuit-elle, réfléchissant à voix haute. Quand on fait des choix, on ne sait jamais vraiment dans quoi on s’embarque. C’est peut-être pour ça que c’est aussi touchant de voir que ça continue, parce que c’est difficile de savoir à quoi ça tient…!»
Maman présente
L’agenda de Karine Vanasse, 38 ans, foisonne de beaux projets : Avant le crash, première série signée par le couple Éric Bruneau – Kim Lévesque Lizotte, campée dans un monde de jeunes professionnels de la finance, actuellement en tournage pour Radio-Canada; la mouture anglophone de la première saison de Plan B que diffusera CBC au Canada et qu’on espère voir rayonner à l’international ensuite (Karine y interprétera le rôle joué au Québec par Magalie Lépine-Blondeau et partagera la vedette avec l’acteur Patrick J. Adams, de Suits); le film qu’elle coproduit sur l’affaire Chantal Daigle, première réalisation de fiction de Tanya Lapointe; la production canadienne Bones of Crows, portant sur les pensionnats autochtones, où elle personnifie une «méchante» religieuse.
Et, possiblement, bientôt, d’autres belles aventures aux États-Unis, car «notre» Karine Vanasse, qui a brillé dans des canons étrangers comme Revenge (2013) et Pan Am (2011) continue ses démarches avec son agence américaine. Mais son équipe là-bas, s’empresse-t-elle de préciser, doit comprendre qu’elle peut vouloir prioriser les contrats chez elle, au Québec. Avec, comme principal phare pour la guider, l’importance du temps passé avec fiston Clarence, quatre ans, qu’elle traîne souvent au travail.
«Être acteur, c’est flou pour un enfant, rigole-t-elle. Je lui explique que je fais semblant d’être la maman d’un autre enfant. Que je joue une méchante, mais qu’on rit entre les prises. On démystifie tout ça.»
Dans le braconnage
Puis, dès aujourd’hui, on peut voir Karine dans l’excellent film Arsenault & fils, de Rafaël Ouellet (Camion, Blue Moon, Nouvelle adresse, Ruptures). Ce long métrage rural, filmé à Dégelis, patelin natal du cinéaste, ouvre une brèche sur une activité pour le moins méconnue: le braconnage.
Au cœur de l’histoire, le clan Arsenault (Julien Poulin, Luc Picard, Guillaume Cyr, Pierre-Paul Alain, Micheline Lanctôt) tire profit de la chasse illégale derrière la façade d’un garage familial. L’arrivée d’Émilie (Karine Vanasse), une journaliste radio qui porte son lot de mystère, jettera le trouble entre les deux frères incarnés par Guillaume Cyr et Pierre-Paul Alain, et secouera vivement le petit business clandestin.
Qu’est-ce qui a amené Karine Vanasse à endosser les tenues de campagne d’Émilie, à mille lieues des paillettes évoquées au début de cet article? Encore là, l’âme a parlé: Karine avait travaillé avec Rafaël Ouellet sur le plateau de Blue Moon et avait envie de renouveler leur complicité.
«L’univers m’a vraiment séduite. J’avais envie d’infiltrer la réalité des garde-chasses! J’aime quand le cinéma nous plonge dans des univers qu’on connaît peu. Rafaël revient à son cinéma à lui, et j’avais envie de participer à ça. J’avais beaucoup aimé Camion. J’étais honorée qu’il me demande d’être là.»
Elle raconte avoir adoré séjourner dans le Témiscouata, à proximité du Nouveau-Brunswick, dans ce mélange particulier «d’accents et de réalités». À proximité, toujours, de belles personnes avec qui elle a authentiquement tissé des liens.
«Je suis très reconnaissante en général. C’est le fun, d’explorer des façons différentes de travailler, avec des gens dont on reconnaît les codes, et dont on a le goût d’honorer la vision. D’être avec eux, de voir ce qu’on peut créer d’unique ensemble, d’avoir envie de s’impliquer réellement dans un projet. C’est ce qui m’anime et me passionne!»
Le film Arsenault & fils prend l’affiche au cinéma aujourd’hui, vendredi 17 juin.