Au-delà de son aspect ludique, la lecture présente de nombreux bienfaits, notamment pour notre santé et notre mental. Elle permettrait notamment de moins stresser et d’améliorer la mémoire. Elle peut aussi parfois être utilisée pour soigner certains traumatismes ou servir de béquille ponctuellement dans des moments difficiles : c’est la bibliothérapie.
Peut-on se soigner en lisant des livres? A priori, pour une blessure physique, l’idée semble saugrenue. Mais d’un point de vue psychique, elle prend tout de suite plus de poids. La bibliothérapie fait office de solution complémentaire, aussi bien pour une épreuve ponctuelle que pour le quotidien.
Cette «thérapie» par la lecture tire son nom de deux termes grecs : «biblios», livre en grec et le verbe «therapeuein», qui signifie soigner. Cette approche est présente depuis de nombreuses années dans les pays anglo-saxons. Déjà au début du XXème siècle, Sadie Peterson Delaney, bibliothécaire d’un hôpital d’anciens combattants en Alabama aux États-Unis, proposait des livres à des militaires afro-américains pour les aider à surmonter l’horreur de la Première Guerre mondiale.
«En France, le concept arrive depuis une dizaine d’années, mais il existe depuis que l’humanité raconte des histoires», explique Régine Detambel, conférencière et formatrice en bibliothérapie créative.
Les 1001 vertus de la lecture
Si la bibliothérapie est pratiquée depuis longtemps, il a fallu attendre 2009 pour que la science se penche sérieusement sur le sujet. Selon l’étude du neuropsychologue anglais David Lewis, lire abaisserait le niveau de stress de 68%. C’est plus que la musique (61%), une tasse de thé (54%) ou une promenade (42%). La lecture renforcerait par ailleurs notre mémoire, et réduirait les risques d’Alzheimer, selon une étude américaine publiée en 2013. Et à en croire des chercheurs de l’université de Yale aux Etats-Unis en 2016, elle prolongerait notre espérance de vie. En suivant pendant 12 ans plus de 3600 personnes de plus de 50 ans, ces scientifiques ont remarqué que les lecteurs assidus (plus de 3h30 par semaine) vivaient en moyenne 23 mois de plus que ceux qui ne lisaient pas.
Le livre «permet d’améliorer la mémoire, de ne pas être envahi par les émotions et de ne pas ruminer», note Régine Detambel, auteure de «Les livres prennent soin de nous». «Il nous parle de façon indirecte, permet de structurer et construire nos émotions». Cela peut aussi être un endroit rassurant pour un lecteur. «C’est un endroit sûr, que l’on peut maîtriser, sans risque de piratage ou de partager des données personnelles», souligne la kinésithérapeute de formation. Il contraste avec «l’immensité numérique qui est un puits sans fond». Mais l’objet même de livre peut «rebuter» reconnaît l’auteure. C’est pour cela qu’elle a développé le concept de «bibliothérapie créative». Cette méthode débute par la lecture à haute voix lors d’ateliers, qui permettent de stimuler l’imaginaire et créer la curiosité. Pas de «prescription» de livre donc. La spécialiste encourage par ailleurs à écrire soi-même, prendre des notes ou coucher ses émotions sur papier. «Cela permet de laisser une trace dans le réel, et non en numérique», souligne-t-elle. Mais sa méthode ne s’arrête pas là, elle recommande de lire à haute voix, faire des exercices lors d’ateliers, bref, extérioriser le livre et se rendre compte des effets positifs qu’il a eus sur nous et sur notre socialisation.