Notez les dates dans votre agenda: du 27 octobre au 5 novembre, le FestiThéâtrCréole – ou FestiTeyatKreyol – sera de retour pour une 4e édition. La diversité sera au cœur du festival cette année. Métro a récemment rencontré Nerlande Gaetan, directrice de l’événement et coordonnatrice de la Compagnie Théâtre Créole, récompensée en juin dernier pour son apport à la collectivité.
Pour cette 4e édition, vous avez fait un appel sur les réseaux sociaux pour trouver des artistes. Pourquoi?
Nerlande Gaetan: On veut vraiment être encore plus inclusifs. Les gens ont tendance à penser que les communautés créoles, c’est juste la culture haïtienne, mais c’est une culture qui est aussi présente dans les Caraïbes et dans l’océan Indien. On veut pouvoir remédier à ça. C’est pour ça qu’on a fait un appel, pour avoir d’autres artistes.
Quels types d’artistes cherchez-vous?
N. G.: On veut vraiment tout ce qui est traditionnel des cultures créoles, donc on recherche des artistes danseurs, des humoristes, des conteurs, ceux qui connaissent bien le patrimoine culturel créole de leur pays d’origine.
Quel est le thème de cette édition?
N. G.: Cette année, le thème du festival, c’est «Le théâtre au centre de la diversité». Quand on parle de diversité, il faut aussi laisser la place à toutes sortes de communautés de toutes les origines. Pour nous, le théâtre est un élément important à utiliser pour faire la promotion de cette diversité et de cette inclusion.
Notre invité d’honneur [NDLR: Faubert Bolivar] vient de la Martinique. C’est un enseignant linguiste qui est acteur et metteur en scène. Il écrit aussi sur la transmission de la langue. On aura une causerie en partenariat avec le Centre Toussaint. Cette causerie tournera autour de la langue créole, mais dans un contexte international. Par exemple, moi, je vis à l’étranger, alors comment je transmets cette langue à mes descendants sans les brimer dans leur intégration à leur pays de naissance et tout en leur transmettant ma culture? Cela se passe le 3 novembre au Centre Toussaint et sera diffusé en ligne.
La programmation en présentiel sera-t-elle diffusée en ligne?
N.G.: Nous allons diffuser certains événements en ligne. On invite le public à retourner en salle pour le plaisir de vivre le spectacle et aussi pour encourager les artistes. Pendant la pandémie, il était difficile de ne pas avoir un public qui ressent les émotions.
Quels sont les objectifs de cette 4e édition?
N.G.: Notre objectif, c’est de rendre le festival beaucoup plus national. On a déjà des artistes de portée internationale, les artistes des pays créoles nous connaissent. Ce que l’on veut, c’est aller chercher les communautés créoles à travers le Canada. À Toronto, il y a au moins 4500 personnes qui s’identifient comme créoles. Notre prétention, c’est de pouvoir les rejoindre.
Le festival sera-t-il gratuit?
N.G.: Notre intention, avec les années, c’est de rendre nos spectacles de plus en plus gratuits. Des activités sont gratuites, certains spectacles sont encore payants, mais à des prix inférieurs à 40 $. Notre but ultime, c’est de rendre le tout gratuit, car les personnes issues des communautés marginalisées n’ont pas forcément, après avoir mis de quoi sur la table, un fond de tiroir pour la culture et pour aller au théâtre.
Rencontrez-vous des obstacles en matière de financement?
N.G.: On rencontre des obstacles systémiques. Il faut que les institutions ouvrent un peu leurs horizons pour regarder ailleurs que du côté de ceux qui ont 20 ou 50 ans sur le terrain et ouvrent la porte à ceux qu’on pourrait appeler «la relève».
Une seule institution nous finance, Patrimoine Canada. Pourtant, nous sommes un festival à portée internationale et qui fait rayonner Montréal. D’ailleurs, Montréal nous appuie, mais cela reste un soutien dérisoire qui ne permet pas de couvrir grand-chose. On a besoin que les conseils des arts se concertent et aient un programme pour les festivals qui ne sont pas typiquement québécois.