L’érotisme queer est au menu du Cabaret impudique, qui aura lieu le 8 octobre au Théâtre Rialto. Présentée par le collectif NU.E.S dans le cadre du Festival Phénomena, cette soirée immersive et déambulatoire sera composée de plusieurs performances et animations.
Célébrant la beauté et la diversité des corps, les jeux de pouvoir, le kink, le plaisir physique ainsi que le travail du sexe, cinq artistes du collectif NU.E.S – Fjord Gagnebin, M.Cachou, Caro Morcos, Myriam Foisy et Maude Choquet-Blanchette – présenteront quelques extraits de leur répertoire développé au cours de ces trois dernières années.
« Au départ, ces animations existaient d’une manière individuelle et indépendante, raconte l’un.e des codirecteur.trice.s du collectif, Myriam Foisy. L’objectif était de pouvoir les offrir dans différents contextes, comme des soirées queers ou des événements militants. »
Des concepts courts, simples et performatifs ont donc été la ligne directrice lors de la création de ces animations érotiques, explique l’artiste.
Consentement et sex-positive
Puisque le consentement est une valeur cruciale pour ce collectif, mais que les performances impliquent la participation du public, des objets sexuels de couleur rouge seront distribués aux participant.e.s afin qu’iels puissent les brandir lorsqu’iels souhaitent mettre fin à une interaction avec les artistes.
« Pendant les animations, les cinq artistes interagissent avec une personne à la fois, mais le reste du public est témoin, évoque Myriam Foisy. Ça dure un certain temps et, après ça, on peut y aller avec une autre personne. »
Le consentement entre les artistes est également visibilisé afin de sécuriser le public, mais également pour érotiser ce concept.
« C’est comme un statement, précise Myriam. Quand le consentement est clair et à l’écoute de l’autre, ça nous permet d’aller plus loin, donc on érotise le consentement avec ces pratiques. »
Les artistes sont d’ailleurs libres d’adapter leur performance selon le ressenti du moment. De là l’idée du sex-positive, ou pro-sexe en français, permettant d’éviter le jugement sur les multiples préférences sexuelles existantes.
« Il n’y a aucune pratique sexuelle qui va être jugée dans le spectacle », soutient Myriam Foisy.
On veut être dans la célébration de l’érotisme et des différences de préférence des pratiques sexuelles, des orientations sexuelles et des identités de genre.
Myriam Foisy, codirecteur.trice du collectif NU.E.S
Normalisation du travail du sexe
Parmi les pratiques que le collectif NU.E.S refuse de juger, il y a le travail du sexe.
Le collectif a entre autres collaboré avec le CATS (Comité autonome du travail du sexe) lors d’un événement en faveur de la décriminalisation du travail du sexe – décriminalisation qui concerne également les client.e.s et les tierces parties – et réclamant aussi de meilleures conditions pour les travailleur.euse.s du sexe.
« Pour nous, c’est une posture de non-jugement dans le sens où je ne suis pas en train de condamner les personnes abolitionnistes, même si je ne suis pas nécessairement d’accord avec leur opinion, précise Myriam Foisy. Nous, on se positionne du côté des personnes qui pensent qu’on ne doit pas juger ces travaillleur.euse.s qui méritent d’être reconnu.e.s, protégé.e.s et respecté.e.s. »
Genèse
Fondé en 2019, le collectif NU.E.S s’est donné pour mission de créer des pièces performatives interdisciplinaires et contemporaines afin de démocratiser la diversité des érotismes et des identités de genre. Il est codirigé par les artistes Juliette Pottier Plaziat, Maude Choquet-Blanchette et Myriam Foisy, et a participé à différents événements tels que le Marché d’Art érotique de Montréal, la soirée électro-dance Love Vibration et la soirée théâtrale immersive Le Manoir d’Éros.
Le collectif NU.E.S. porte également un regard féministe sur ces questions, puisqu’il ne veut véhiculer aucune forme d’oppression dans ce qui est présenté, qu’elle soit patriarcale ou hétéronormative.