La lumineuse comédie dramatique Les Bombes, signée Kim Lévesque-Lizotte, d’après l’idée originale des quatre comédiennes principales, souffle sa brise revigorante sur Séries Plus dès ce soir.
Dans cette minisérie de six épisodes d’une heure, quatre femmes aux parcours fort divergents se heurtent au mur de leur dépendance et convergent, à la demande de leurs proches ou de leur plein chef, au centre Catharsis.
Durant 21 jours, elles y partageront une chambre et tenteront de se défaire de leur dépendance respective — le jeu pour Juliette (Olivia Palacci), les médicaments pour Vicky (Sarah Desjeunes Rico), le sexe pour Claudine (Debbie Lynch-White) et les réseaux sociaux pour Emma (Julie de Lafrenière).
Situé au cœur d’une forêt estrienne, le centre spécialisé est dirigé par un couple de médecins (Lise Roy et Pier Paquette) qui l’a fondé après avoir « perdu » sa fille. L’établissement est inspiré d’un véritable endroit dont avait entendu parler Kim Lévesque-Lizotte. « J’ai ainsi pu accoter mon centre sur quelque chose de bien réel et tangible », explique la scénariste derrière Les Simone, Virage et Avant le crash en entretien avec les médias.
Pas de smoothies drogués ni de cristaux
Pour les téléspectateur.trice.s à qui cet environnement luxuriant et salvateur évoquerait la série américaine Nine Perfect Strangers, sachez qu’il n’y a pas de drogues hallucinogènes dans les smoothies, de gourous énigmatiques éthérées à la Nicole Kidman ou de menaces de mort dans Les Bombes.
Kim Lévesque-Lizotte, qui a « failli mourir » en apprenant que Philippe Brault signait la trame sonore de la série, a mis de côté la facette acérée ou caustique de sa plume au profit de sa sensibilité et de sa vulnérabilité, tout en se permettant des élans comiques.
Et de l’humour, il y en a dans Les Bombes, les attachantes protagonistes n’en étant guère dépourvues, malgré les remises en question et les souvenirs sombres qui émergent des diverses thérapies — qui sont « toutes bien basées sur la science », précise l’autrice qui ne voulait « pas de capteurs de rêves et de cristaux ».
Bien que les quatre colocs ne se connaissent pas, elles s’appuient les unes sur les autres afin de reprendre leur vie en main, entourées d’un psychothérapeute (Jean-Nicolas Verreault) très franc, d’une psychologue experte en art-thérapie (Francesca Barcenas) et des autres patient.e.s du centre.
Ainsi, on découvre l’orthorexique Jacynthe (Laetitia Isambert), le taciturne Grégoire (Jean-François Mercier), qui lutte contre un trouble lié à l’achat compulsif, et Étienne (Félix-Antoine Duval), atteint d’un trouble obsessionnel compulsif.
Quatre rôles sur mesure
L’idée des Bombes a surgi il y a 11 ans déjà. Debbie Lynch-White, Olivia Palacci, Julie de Lafrenière et Sarah Desjeunes Rico, qui se connaissaient sans être proches, ont décidé de créer ensemble leur propre projet, lasses de rivaliser pour les mêmes rôles régis par leur corpulent gabarit. Au gré des tergiversations artistiques et des années, leur projet a finalement vu le jour.
La solidarité féminine, ce n’est pas juste faire des soupers de filles pour parler de nos conditions.
Kim Lévesque-Lizotte, scénariste de la minisérie Les Bombes
Les comédiennes sont devenues la pierre angulaire de leur projet, bâtissant leurs personnages, leurs points de chute, s’attribuant dépendance et carrière.
« Je pensais au départ que travailler sur un projet qui n’était pas mon idée allait m’enlever de la pression; ç’a été complètement le contraire! s’esclaffe Kim Lévesque-Lizotte. Tout au long du processus, je me demandais : est-ce que les filles se reconnaissant là-dedans, est-ce que ça correspond à ce qu’elles ont en tête, est-ce qu’elles vont aimer ce qu’elles vont voir? »
Grosses, et alors?
Au fil de l’écriture, les quatre idéatrices, qui approuvaient les textes, se sont racontées à Kim, ce qui a nourri les personnages, confie Julie de Lafrenière à Métro.
« On peut-tu mettre de l’avant quatre filles grosses et que ce ne soit pas le thème?, demande l’interprète d’Emma. On savait qu’on ne voulait pas les voir lutter contre leur poids. »
Vicky, Emma, Juliette et Claudine sont en effet bien dans leur corps, le chiffre sur leur balance n’ayant rien à voir avec les enjeux qui les ont menées au centre.
« Ce qui m’intéressait, c’était leurs dépendances, leur solidarité et la thérapie, renchérit Kim Lévesque-Lizotte. À la fin de la journée, tout le monde a ses problèmes à régler, peu importe son corps. »
Or, si la scénariste tentait au début d’en faire abstraction, elle s’est rendu compte qu’elle ne pouvait pas complètement écarter « le rapport au corps ». Ce que corrobore Julie : « On ne voulait pas parler du fait qu’on est rondes, mais en même temps, on ne pouvait pas passer à côté. On le fait sans trop l’appuyer. »
D’ailleurs, la série désamorce d’emblée la question. Les quatre colocs se brossent les dents côte à côte et se dévisagent, légèrement sceptiques. « Coudonc… on est-tu dans un centre d’amaigrissement, icitte? », lance finalement la facétieuse Juliette, pulvérisant d’une blague tout doute.
Comme quoi ces bombes n’ont pas à adhérer aux normes de minceur encore véhiculées à la télévision pour briller à l’écran.
La série Les Bombes est diffusée le jeudi à 21 h sur Série Plus dès cette semaine.