Rencontres

Le retour devant la caméra de Luis Oliva

Si le public avait perdu de vue Luis Oliva dans les fictions québécoises depuis un certain temps, le comédien a fait un retour remarqué au petit écran depuis la saison dernière.

Si le public avait perdu de vue Luis Oliva dans les fictions québécoises depuis un certain temps, le comédien a fait un retour remarqué au petit écran la saison dernière, campant de petits rôles dans plusieurs séries.

Depuis que le public québécois l’a découvert dans le rôle d’un chef de gang de rue dans la télésérie Tag en 2000, le comédien Luis Oliva a connu un parcours effervescent, en grande partie derrière la caméra. Si on l’avait perdu de vue dans les fictions québécoises depuis une dizaine d’années, il a fait un retour remarqué au petit écran la saison dernière.  

« Ça fait presque 24 ans que je fais ce métier et de savoir que je suis encore là, qu’on veut me voir encore, que je suis encore “pertinent” me fait terriblement plaisir », dit-il avec allégresse en entrevue avec Métro.  

Luis Oliva dans la série Fragments, signée Serge Boucher, diffusée à Radio-Canada. Photo : Eric Myre

Maints petits rôles  

Cette dernière année, on a pu l’apercevoir dans plusieurs séries, le comédien campant des rôles aussi variés qu’agent d’immigration dans la primée Le temps des framboises (sur Club illico), journaliste économique dans la plébiscitée Avant le crash (Radio-Canada) ou psychiatre dans Fragments (ICI Tou.tv).  

C’est sans compter ses rôles de travailleur social dans Pour toi Flora(Radio-Canada) ou de collègue actuaire du personnage joué par Bianca Gervais dans Les moments parfaits (TVA). Il sera également de la distribution de la prochaine saison de Classé secret (Club illico).  

Tant de rôles qui ne sont pas axés sur ses origines guatémaltèques. Il constate d’ailleurs combien la télévision québécoise a évolué en matière de représentativité depuis ses débuts.  

« Je trouve que l’inclusion, la diversité prend une place plus organique à l’écran aujourd’hui », affirme celui qui souhaitait déjà, au début de sa carrière, voir des personnages issus de la diversité dont les origines n’étaient pas l’enjeu du récit.  

« Cela dit, je n’ai aucun problème avec l’idée de jouer un Latino. J’en suis un et j’en suis fier, ajoute-t-il. Mais je suis heureux que l’offre soit plus variée. » 

Il mettra justement sa langue maternelle, l’espagnol, au service du drame social Richelieu. Dans ce premier long métrage de Pier-Philippe Chevigny, qui prendra l’affiche plus tard cette année, il incarne un travailleur saisonnier guatémaltèque dans une usine de transformation alimentaire.  

Côté ciné, le comédien au C.V. garni en productions anglophones est également de la distribution de Respire d’Onur Karaman, qui a pris l’affiche à la fin de janvier dernier.  

Plonger dans la réalisation 

En 2011, Luis Oliva s’est retrouvé à la barre de l’animation de la série documentaire Amérikologie, une expérience déterminante qui lui a donné envie de goûter « à 100 % à la réalisation », explique-t-il. 

Il a quitté son agent de l’époque et s’est inscrit au programme de réalisation documentaire à l’INIS. Il a certes couru « un grand risque » en mettant de côté sa carrière d’acteur pour un temps, car « dans ce métier, on t’oublie vite », rappelle-t-il. « Je voulais mettre tous mes œufs dans le même panier, même si ça me donnait le vertige. » 

Cette prise de risque s’est révélée fructueuse, Luis Oliva ayant réalisé dans les années subséquentes moult séries documentaires, qui l’ont amené à interviewer une constellation d’individus : de policier.ère.s enquêtant sur des histoires de meurtres à des personnes se mettant littéralement à nu devant la caméra pour parler du rapport à leur corps et leur sexualité, en passant par des gens œuvrant dans le milieu socioculturel.  

Et qu’est-ce qui le passionne tant du documentaire? « La rencontre avec des êtres humains », simplement, répond-il.  

Renouer avec le jeu 

Vers 2018, Luis Olivia a fait de la direction d’acteur.ice.s en audition, ce qui lui a rappelé combien il aimait jouer. Il a alors donné des ateliers de jeu et on a recommencé à l’appeler comme acteur.  

« Ç’a été une belle rivière de circonstances sur laquelle j’étais en canot, complètement heureux », illustre-t-il en riant. « Je ne m’attendais pas à ce que ça décolle autant. »  

Aujourd’hui, jeu, animation et réalisation cohabitent de façon très organique dans sa vie.  

Depuis l’automne passé, le passionné d’histoire anime de nouveau une série documentaire, Secrets de villages, diffusée sur Historia, pour laquelle il sillonne les régions du Québec afin de faire découvrir les mystères, légendes, rumeurs et lieux insolites que recèle le territoire. 

Il réalise en outre à l’heure actuelle un documentaire portant sur le droit animal, intitulé pour le moment L’animal et le maître, que Radio-Canada devrait diffuser l’an prochain. « Ce sera quelque chose, parce qu’il porte sur nos propres contradictions de société envers les animaux », indique Luis. 

C’est également la première fois que ce dernier réalise un documentaire dans lequel il se met en scène. « J’incarne moi-même toutes ces contradictions et je veux y faire face », affirme-t-il.  

Vivre de ses passions 

« Être acteur, réalisateur, faire de la musique : ç’a toujours été mes rêves d’enfance », confie celui qui est guitariste à ses heures. « De voir qu’à 45 ans, je suis encore en train de vivre tout ça rend mon p’tit cul intérieur de 10 ans extrêmement fier et heureux! » 

« Très jeune, j’ai su que ce que je ferais, je le ferais par passion, par amour », dit-il en se remémorant ce qu’il avait dit à 16 ans à son père au sujet de son avenir : « Les gens travaillent 5 jours par semaine pour avoir 2 jours de congé, et travaillent 35, 40 ans pour avoir 10, 15 ans de retraite… Je ne comprends pas ça. » 

« La réaction de mon père, ç’a été : “Oh boy, on vient de le perdre” », s’esclaffe-t-il. 

Luis Oliva n’a manifestement pas peur d’aller au bout de ses ambitions. 

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