Cet été, les terrains de baseball d’une dizaine de quartiers de Montréal se transforment en scènes de théâtre! La comédie sportive trilingue Fausse balle, présentée gratuitement à la nuit tombée, prendra d’assaut un terrain près de chez vous du 27 juin au 30 août. Et ce sera fête!
Les personnages, eux, n’auront toutefois pas entièrement le cœur à s’ébaudir. Fausse balle convie le public à l’ultime partie de l’équipe de Felipe « El Tecolote » Ochoa sur un terrain de quartier, qui sera sous peu détruit pour laisser place à un parc à chiens. Chaque été depuis 40 ans, « le Hibou » rassemblait sur ce terrain une bande de joueur.euse.s suivant des règles et des traditions hors du commun.
Avec pour distrayante trame de fond une partie de baseball, Métro s’est entretenu par une splendide journée sur une estrade de parc avec l’équipe du Théâtre Hors Taxes, à l’origine de ce projet à échelle communautaire, réalisé de pair avec les Maisons de la culture de Montréal.
En alliant français, anglais et espagnol, « on voulait sortir de notre sillon, découvrir autre chose, créer cette rencontre-là entre les communautés », explique Charles Dauphinais, qui cosigne la mise en scène de Fausse balle avec Ariana Pirela Sánchez.
Passion baseball
Le baseball — et son histoire — passionne depuis l’enfance l’instigateur du projet et principal auteur de Fausse balle, Jean-Philippe Lehoux, qui y voit, au-delà du sport, un rituel. Il n’est après tout pas rare que des gens, sans être nécessairement férus de balle, s’arrêtent regarder un match en flânant au parc.
L’idée de la pièce a germé lorsqu’il a vu à l’œuvre au parc La Fontaine des ligues latino-américaines de très haut calibre. Outre le niveau de jeu, l’ambiance survoltée régnant dans les gradins l’a fasciné.
« C’est non seulement un rituel sportif, mais c’est aussi un rituel communautaire, festif, culinaire, musical… C’est la fête! s’exclame-t-il. Contrairement à nos matchs francophones un peu plus sages. » Il y a vu une « clé théâtrale ».
Alors que Jean-Philippe et Charles réfléchissaient à l’histoire qu’ils voulaient raconter, ils ont appris qu’une communauté assidue de baseball s’était battue pour préserver ses terrains au parc Jeanne-Mance, que la Ville souhaitait transformer en parc à chiens, et que les joueur.euse.s avait remporté leur combat.
Voilà que naissait Fausse balle.
Impliquer le public
Fausse balle, une ode à la cohabitation des différentes cultures montréalaises, recrée l’ambiance d’une partie de balle. L’idée, c’était de « s’emparer de ce lieu, de communier avec l’espace », illustre Charles Dauphinais.
Le public pourra d’ailleurs s’attendre à se faire prendre au jeu… Que ce soit en encourageant les équipes, en chantant des hymnes connus associés au baseball — entendrons-nous Sweet Caroline ou Take Me Out to the Ball Game? — ou en choisissant les noms d’équipe, par exemple, expose le metteur en scène.
Et il y aura de l’action jusque dans les champs! Un spacieux terrain de jeu qui offre une foule de possibilités, relève Jean-Philippe Lehoux.
Bien sûr, le fait de jouir d’autant d’espace s’accompagne forcément de défis « pour avoir l’attention du public », souligne la co-metteuse en scène Ariana Pirela Sánchez. On peut s’attendre à des mouvements francs, disons!
Les gens qui jasent, les chiens qui jappent, les avions qui traversent le ciel, les sons urbains tous azimuts constituent tant de stimuli en périphérie du match qui pourront influencer la pièce, que Jean-Philippe a néanmoins scénarisée de A à Z.
Se grefferont finalement à cette frénésie une commentatrice, campée par la remarquable Dominique Quesnel, ainsi que des musicien.ne.s, qui pousseront de joyeuses notes.
Aller vers l’Autre
Le baseball étant un sport populaire, il requérait un spectacle populaire, s’était dit la compagnie théâtrale, qui a approché le réseau des Maisons de la culture. « On voulait créer quelque chose de fédérateur », affirme Jean-Philippe Lehoux. Une production à laquelle les résident.e.s des divers quartiers auraient facilement accès.
« D’emblée, on voulait que ce soit un projet qui aille vers les gens, qui soit citoyen, corrobore Charles. Et l’idée, c’était de profiter des installations dont disposent les quartiers. »
« C’est un théâtre tout public, gratuit, à Montréal : je trouve ça important. De l’art public, à l’extérieur de la musique, il y en a peu », fait-il observer.
Les Maisons de la culture ont embarqué dans le projet avant même que Jean-Philippe n’ait écrit le texte, une pratique hors norme de leur part, convient-il. « Je pense qu’elles avaient envie de faire partie de cette idée fédératrice. Et l’idée de la fête leur plaisait aussi beaucoup. »
Les quartiers s’occuperont d’organiser des activités autour des terrains où sera jouée Fausse balle. Peut-être que des représentations recevront la visite d’un DJ ou d’un restaurateur.trice du coin, qui sait?
Au-delà d’une pièce de théâtre, les créateur.trice.s de Fausse balle convient les Montréalais.es de tous âges à une véritable fête de quartier!
Pour savoir où jouera Fausse balle dans votre quartier, c’est ici.