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Les quatre femmes de «Cœur de slush»

Sarah-Maude Beauchesne, Camille Felton, Liliane Skelly et Mariloup Wolfe, les quatre femmes au cœur du film « Cœur de slush », à l’affiche vendredi. Photo: Denis Germain/Métro

Cœur de slush pourrait faire fondre bien des cœurs. Réalisé par Mariloup Wolfe d’après le roman éponyme de Sarah-Maude Beauchesne paru en 2014, le film prend l’affiche vendredi.  

Billie (Liliane Skelly), 16 ans, s’apprête à vivre un été sous le signe de la couleur bleue, comme l’azur du regard de Pierre (Joseph Delorey), l’eau du parc aquatique où elle travaille et la barbotine qu’elle boit en abondance qui lui colore la langue. 

Aux côtés de sa sœur Annette (Camille Felton), l’adolescente connaîtra ses premiers émois amoureux, passant de la béatitude des mains qui se frôlent au chagrin du fameux « moi, je ne t’aime pas ».  

Toutefois, pas de manichéisme dans ce récit inspiré de l’adolescence de l’autrice de Fourchette : aussi rêveuse et poétique soit Billie, elle n’est pas ravagée par cet amour en queue de poisson, et Pierre n’est pas un connard.  

Ce sont des jeunes qui découvrent leurs émotions, « qui sont maladroits, qui sont mal dans leur peau des fois », illustre Sarah-Maude en entrevue au bar à vin Roseline, dans le Plateau-Mont-Royal, où Métro a rencontré les quatre femmes au cœur de ce quatrième long métrage de la réalisatrice d’Arlette

Sarah-Maude Beauchesne, scénariste du film Cœur de slush, basé sur son roman éponyme, paru en 2014. Photo : Denis Germain

Sarah-Maude Beauchesne, scénariste   

Voir ses personnages prendre vie à l’écran représente l’« un des plus grands privilèges » de la vie d’autrice de Sarah-Maude, qui a voulu aborder avec tendresse des enjeux touchant les ados.  

Elle a transposé son récit (écrit lorsqu’elle avait 19 ans) à nos jours, afin de représenter les jeunes d’aujourd’hui et d’être en phase avec les actrices.  

Elle a aussi pu « approfondir les sujets abordés [dans le roman], les nommer plus clairement » et insuffler son féminisme à ses personnages, en mettant la solidarité féminine au premier plan. 

L’autrice d’Au lac d’Amour désire que le film suscite des discussions. « Je veux créer des moments de vulnérabilité entre êtres humains. Si certaines scènes, phrases ou dynamiques peuvent allumer une brèche de conversation sur des sujets qu’on est plus gêné d’aborder, pour lesquels on n’a pas forcément les mots », elle serait comblée, dit Sarah-Maude.  

D’ailleurs, elle salue l’authenticité du film. « Des ados vont peut-être se reconnaître, se faire rassurer. C’est un beau sentiment d’avoir l’impression de faire œuvre utile. » 

Une adolescente lui a justement confié en République tchèque, où l’équipe a récemment présenté le long métrage, que c’était la première fois qu’elle se faisait raconter l’amour de cette façon — un compliment immense aux yeux de l’autrice. 

« J’aime que Billie nomme ses désirs, même si elle a peur ou qu’elle est maladroite », énonce la créatrice au sujet de sa protagoniste, qui découvre que l’amour, c’est tout à la fois beau, vertigineux et affligeant.  

Et qui redécouvre, au-delà d’une idylle d’été, son plus grand amour : celui envers sa sœur, « un amour qui transcende les époques et les étapes de leur vie », dit Sarah-Maude, qui souhaite continuer à s’entourer de femmes, « de toutes les saveurs, dans tous [ses] projets ».  

Cœur de slush est le quatrième long métrage de la réalisatrice Mariloup Wolfe. Photo : Denis Germain

Mariloup Wolfe, réalisatrice 

D’un film ou d’une série télé à l’autre, Mariloup Wolfe, radieuse en entrevue, aime se mettre au service d’univers différents, illustrer les histoires des autres. 

« J’aime l’esthétisme, trouver des tableaux, ancrer les personnages dans un univers, des couleurs, des costumes, des décors, des textures, de la musique; c’est ce qui m’allume! J’aime me renouveler chaque fois, repartir à zéro. » 

La réalisatrice a bâti l’univers de Cœur de slush de concert avec Sarah-Maude Beauchesne, échangeant photos et listes musicales. « Elle était présente tout au long du processus », indique la réalisatrice, qui a voulu montrer des décors de campagne bucoliques dans la Montérégie et les Laurentides, où se sont déroulés les tournages

Elle s’est sans conteste amusée avec la trame sonore, qui comprend C’est le temps des vacances de Pierre Lalonde, Happy Together de The Turtles et Love Is Strange de Mickey & Sylvia (clin d’œil à Dirty Dancing, film qui a marqué son adolescence). 

Ce répertoire rétro s’est fondé sur Et si tu n’existais pas de Joe Dassin, chanson unissant Billie et Pierre. « Elle teintait le film, dit-elle. Je voulais créer une summer vibe, qu’on sorte de là avec le sourire. Et je voulais que le film soit intemporel, donc ne pas le marquer avec une trame qui soit trop actuelle. » 

Intemporels, les thèmes le sont certainement, tels que le premier amour — « on est tous passé par là » —, la relation père-fille, la compétition et le triangle amoureux. Tous contribuent, selon Mariloup Wolfe, à ce que des publics variés se retrouvent dans Cœur de slush.  

Et le fait que le film présente des personnages attachants qui adoptent un « point de vue très réaliste » l’enchante. « On enlève les lunettes roses lorsqu’on espère le prince charmant », image la réalisatrice.  

En campant la protagoniste de Cœur de slush, Billie, Liliane Skelly tient son premier grand rôle au cinéma. Photo : Denis Germain

Liliane Skelly et Camille Felton, comédiennes 

L’énergie des sœurs Billie et Annette qu’elles incarnent s’est rapidement installée entre Liliane Skelly et Camille Felton sur le plateau, relatent-elles.  

Puisqu’il s’agissait de son premier grand rôle au cinéma, Liliane a pu s’appuyer sur Camille, qui lui a prodigué quelques conseils… et lui a préparé de la soupe lorsqu’elle est tombée malade. « Je voulais prendre soin de Lili », dit tendrement Camille. 

Toutes deux se réjouissent de la dimension féministe de Cœur de slush. « Je trouve important de parler des étapes dans la vie d’une jeune femme, de les normaliser à l’écran, comme les menstruations, ou de parler ouvertement du désir, de la sensualité, de patriarcat », expose Liliane, 18 ans, que Mariloup Wolfe qualifie de « star naissante ». 

Camille Felton incarne Annette dans Cœur de slush, la grande sœur de Billie. Photo : Denis Germain

Des sujets qui ne sont pas suffisamment abordés dans les films et émissions jeunesse en général, renchérit sa complice. « Qu’on les normalise plutôt que de les montrer du doigt », revendique Camille, citant pour exemple le lesbianisme d’une des meilleures amies de Billie, évoqué au détour de conversations.  

« Je pense que Cœur de slush va permettre d’aller ailleurs, notamment sur le plan de la sororité », estime Camille, les personnages étant à des lieux des clichés féminins véhiculés dans les films pour ados que les comédiennes ont elles-mêmes regardés.  

« Le film montre qu’entre femmes, on se soutient. Les filles, les jeunes femmes vont pouvoir prendre ça en exemple. On n’est pas dans la féminité toxique », se réjouit Camille. En effet, pas de Mean Girls dans le portrait! 

Montrer à l’écran « une jeune qui reste elle-même et qui s’assume, c’est la plus belle morale qui soit pour une jeune fille de cet âge-là », affirme Liliane, qui affectionne « le côté romantique de Billie, son petit côté maladroit, des fois malaisant ».  

« J’aime qu’on ait accès à son intériorité, notamment grâce à ses petits poèmes. Elle montre que l’amour, ce ne sera pas tout beau ou tout laid. Elle voit la beauté dans l’imparfait. »

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