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Mariloup Wolfe: de la satire politique au film d’ados

Mariloup Wolfe présente enfin son film "Arlette" au public
Mariloup Wolfe présente enfin son film «Arlette» au public. Photo: Denis Germain / Métro

Mariloup Wolfe l’échappe dans un petit rire, elle est «dans le jus» présentement. À peine le tourbillon de promotion de son nouveau film, Arlette, sera-t-il terminé, que la cinéaste donnera les premiers tours de manivelle, dans quelques semaines, au tournage de Cœur de slush, le long métrage adapté du roman jeunesse du même titre de Sarah-Maude Beauchesne. Elle passera donc en un claquement de doigts de la satire politique au film pour ados.

«C’est l’une des parties de mon métier que j’aime le plus, de plonger dans de nouveaux univers, explique Mariloup Wolfe à Métro. Quand je réalisais Ruptures, c’était le droit familial; dans Mon fils, c’était la maladie mentale. À chaque fois, c’est un nouveau défi, un univers que je ne connais pas, et je dois trouver les outils pour amener le projet à bon port et que ça soit plus vrai possible.»

«Dans le cas d’Arlette, je vais voter, je m’intéresse à la politique quand j’en entends parler aux bulletins d’information, mais je ne suis pas une mordue qui en connaît tous les rouages et les dessous… Je me suis donc assuré de la véracité de tout ce qu’on faisait avec des spécialistes externes, afin que ça soit crédible, même si le film est une comédie satirique, même si c’est magnifié.»

Une scène du film Arlette, avec Gilbert Sicotte, Maripier Morin, David LaHaye et Claudia Ferri
Courtoisie Films Opale

Comme à Versailles

Pour Arlette, l’an dernier, Mariloup a donc dû s’entourer de consultant.e.s à l’Assemblée nationale pour connaître les codes de la réalité de la politique. Où s’assoit le premier ministre au Salon bleu? Et le ministre des Finances? Combien de gardes du corps accompagnent nos élu.e.s? Qui transporte quel document? Qui a le droit de traîner sa valise à roulettes? Comment circule l’information dans les coulisses du pouvoir? Quel type de langage doit être préconisé? Les formalités à maîtriser étaient sans fin.

Dans le scénario de Marie Vien, ancienne attachée de presse de Liza Frulla lorsque celle-ci était ministre de la Culture (au milieu des années 1990), une jeune dirigeante d’un magazine de mode, Arlette (Maripier Morin), se lance en politique et prend la tête du ministère de la Culture sous l’impulsion d’un premier ministre (Gilbert Sicotte) d’insuffler un peu de pep et, surtout, de popularité à son gouvernement.

Forte en gueule et en caractère, la nouvelle sensation politique, bien décidée à tailler sa place, essuiera quantité de critiques et de quolibets de la part de ses collègues masculins et des journalistes (Gilbert Sicotte, Benoît Brière, David LaHaye, Paul Ahmarani, Bruno Marcil, etc.).

Matérialiser l’imaginaire de Marie Vien revêtait aussi un défi «allégorique» supplémentaire pour Mariloup Wolfe, puisqu’Arlette évoque un parallèle, dans sa trame narrative et son assemblage visuel, avec la cour de Versailles de Louis XIV, et renferme quantité de références monarchiques et historiques. Des airs d’opéra soigneusement appropriés et correspondants viennent même appuyer les actions des personnages. Ce vernis très solennel s’amalgame aux répliques souvent truculentes des personnages et au côté moins lustré d’Arlette, à ses maladresses et ses apprentissages.

Mariloup Wolfe et Marie Vien, respectivement réalisatrice et scénariste du film Arlette
Crédit : Denis Germain/Métro

Mariloup Wolfe a d’ailleurs tenu à s’entretenir longuement, pendant plus de deux heures, avec l’auteure, en acceptant de porter son œuvre à l’écran.

«Quand elle m’a expliqué sa vision, j’ai tripé. Ça me donnait une grande liberté de création au niveau visuel, de faire quelque chose de complètement texturé, avec des couleurs, des costumes, des décors grandioses. Marie m’a donné un cours d’histoire, de politique, et m’a nourrie de tellement d’éléments! Ça m’a allumée!»

Mariloup Wolfe ne tarit pas d’éloges, non plus, sur le talent des comédien.ne.s qu’elle a accompagné.e.s sur son plateau. Maripier Morin a été coachée par l’acteur Daniel Parent (Ruptures, Cheval-Serpent, La galère), qui l’avait déjà «entraînée» pour de précédents contrats. Et certain.e.s souriront peut-être d’apercevoir ça et là Anne Casabonne en journaliste suspicieuse et insistante.

Elle n’était pas encore en politique quand je l’ai choisie [rires]. J’ai une brochette d’acteurs extraordinaires, qui se sont même prêtés au jeu de la transformation physique: les cheveux gris pour David LaHaye, la barbe pour Gilbert Sicotte… Et Benoît Brière est tellement drôle! Ils ont tous plongé dans cette proposition audacieuse et l’ont enrichie avec leur performance.

Mariloup Wolfe, réalisatrice du film Arlette
Une scène du film Arlette, avec Maripier Morin et Paul Ahmarani
Courtoisie Films Opale

De slush, mais pas bonbon

Puis, récemment, en mai et juin, Mariloup a rencontré une pléthore de jeunes actrices et acteurs encore inconnu.e.s  du public, dans un casting ouvert à toutes et tous, pour donner corps au petit monde un peu plus sucré de Cœur de slush, où la jeune Billie, avec toute la fougue de ses 17 ans, tombe amoureuse d’un beau cycliste blond du nom de Pierre, qui ne lui rendra pas la romance facile.

Billie ira de premières fois en premières fois, entre une virée aux glissades d’eau, un casseau de frites et une slush à la framboise bleue. Succès de librairie lancé en 2014, la trilogie Cœur de slush (complétée par les suites Lèche-vitrines et Maxime) a révélé la plume de Sarah-Maude Beauchesne, qui a aussi depuis enchanté à la télévision en signant des opus comme L’académie et Fourchette. Mariloup Wolfe, elle, traîne le projet d’en faire un film depuis 2016.

«Il y a eu 700 inscriptions de jeunes filles qui voulaient auditionner pour être Billie. Sarah-Maude est une véritable star. C’était tellement cute, en audition! Les filles entraient dans la salle et savaient à peine qui j’étais; elles voyaient Sarah-Maude derrière moi et avaient des étoiles dans les yeux. Certaines lui avaient écrit des lettres, ou apporté des bracelets et des cadeaux», s’enthousiasme Mariloup Wolfe, qui a elle-même été découverte des Québécois.es, comme actrice, dans des fictions situées dans des écoles secondaires (2 Frères, Ramdam, À vos marques…party!) et dont le premier long métrage comme cinéaste, Les pieds dans le vide (2009), s’adressait aux jeunes adultes.

La maman de deux garçons préados compte bien faire de son Cœur de slush au septième art un produit réaliste, collé à l’esprit des jeunes d’aujourd’hui.

«J’ai fait une grosse recherche de films d’ados. Et j’aime l’esthétisme. Je veux m’enligner sur un choix de couleurs, de palettes précises, comme dans le livre: les maillots rouges, les piscines turquoise, la slush bleue… Je veux aller vers une direction d’acteurs hyper réaliste, simple et minimaliste, avec des mises en scène brutes. Je ne veux pas rendre ça trop bonbon. Je suis en train d’assembler mon puzzle. Entre 2016 et 2022, ma vision de réalisatrice a évolué, et la mode des jeunes s’est transformée. C’est très hétéroclite, ils sont beaucoup dans les friperies. Je dois être respectueuse de nos jeunes actuels. On sera loin d’À vos marques, party!», dépeint celle qui enregistrera ensuite une troisième saison du Grand Move, à Canal Vie, qui sera cette fois campée un peu partout en Amérique (et qui pourrait passer du Brésil à la Californie et au Costa Rica autant qu’à Vancouver).

Le film Arlette prendra l’affiche au Québec le vendredi 5 août. La distribution de Cœur de slush sera dévoilée sous peu.

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