La rentrée scolaire qui a tant fait jaser est maintenant derrière nous. Tous les yeux sont désormais rivés sur cette 2e vague de la Covid-19 qui fait craindre le pire en matière de santé publique. Mais ce serait une erreur de croire que pour nos jeunes et leur parcours scolaire, tout va bien aller.
Alors que la crise a fragilisé notre système scolaire déjà bien inégalitaire, il est plus que temps de secouer le monde de l’éducation, de repenser collectivement nos pratiques et de remettre le cap sur l’égalité. De dire fermement NON à l’échec scolaire.
Les derniers mois ont mis en exergue les importants défis qui subsistent en démontrant les impacts négatifs disproportionnés pour de nombreux jeunes sur les bancs d’école. Sachant que les jeunes provenant de milieux plus défavorisés sont plus vulnérables au décrochage scolaire, il est inquiétant de constater que la fermeture des écoles au printemps pourrait avoir des conséquences désastreuses pour plusieurs d’entre eux. Des milliers de jeunes ont également été mis de côté, alors que l’accès et la maîtrise des technologies informatiques restent largement insuffisants et que de nombreux foyers au Québec ne sont toujours pas branchés à l’internet haute vitesse.
Par ailleurs, en raison de la pandémie, l’accès aux services de soutien psychosocial a malheureusement été encore davantage limité, alors que les diagnostics pour des troubles de santé mentale et la prise de médicaments sont en hausse constante et atteignent des niveaux alarmants.
En tant qu’espace où s’incarne l’éducation dans une société, l’école devrait être organisée en fonction des principes d’égalité. Un système d’éducation égalitaire signifierait que tous les jeunes aient le même accès à la scolarisation indépendamment de leur genre, de leur origine sociale ou ethnique, de leur lieu d’habitation, de leur handicap, de leurs difficultés. Malheureusement, ce n’est pas le cas.
Les inégalités ne sont pas un coup du sort et découlent de nos choix collectifs
Élèves, enseignants, professionnels, personnels de soutien, parents, communauté, nous avons tous notre rôle à jouer. Les événements exceptionnels, telle une pandémie, peuvent être des opportunités de transformation sociale, mais elles dépendent de la réponse qu’on leur apporte. Les solutions efficaces sont en fait connues : il faut s’attaquer aux causes sociales et structurelles!
Miser sur l’égalité des chances voudrait dire améliorer les conditions de vie des familles défavorisées pour permettre à un maximum de jeunes de poursuivre leur scolarité du bon pied; mettre fin à la ségrégation scolaire; veiller à ce que tous les jeunes aient accès à un appareil numérique branché à internet; garantir un accès gratuit et universel à des services de soutien psychosociaux alternatifs à la médication pour tous les jeunes et leurs proches.
Miser sur l’égalité, c’est également valoriser des liens de collaboration réels entre l’école, les familles et la communauté. C’est aussi donner les moyens aux organismes communautaires de lutte au décrochage, alliés des écoles, de soutenir la réussite éducative et scolaire des jeunes et d’accompagner ceux qui ont décroché.
Le printemps nous a démontré toute la solidarité et l’entraide qui unit les communautés.
Rappelons-nous maintenant que le poids de l’échec scolaire ne repose pas seulement sur les épaules des élèves, des familles ou des enseignants mais bien sur les choix que nous faisons en tant que société. Il est de notre devoir d’instaurer des mesures concrètes pour assurer la réussite éducative de tous les jeunes et ainsi ne laisser personne de côté.
Le 23 septembre nous soulignons au Québec la Journée du Refus de l’Échec Scolaire. Pour l’occasion, le Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte au décrochage lance un appel à l’action aux citoyens et citoyennes de même qu’au gouvernement pour que la valeur d’égalité soit replacée au cœur de notre système d’éducation.
Mélanie Marsolais, directrice générale du Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte au décrochage