Je souhaite vous présenter un point de vue contraire à celui de plusieurs personnes dans la société au sujet des connaissances à acquérir pour exercer une profession ou un métier intéressant dans la vie.
Non, il n’est pas obligatoire pour tous les élèves de réussir ce qu’on appelle en langage courant les «maths fortes» afin de s’ouvrir des portes.
Il est tout à fait possible de trouver sa place dans le marché du travail, au sein de secteurs d’avenir, sans avoir choisi un parcours scolaire incluant les mathématiques fortes ou les sciences.
Bien sûr, les cours de mathématiques ou de sciences sont nécessaires pour accéder à de nombreux métiers et professions. Notamment, certains cours de mathématiques sont obligatoires pour obtenir le diplôme d’études secondaires. Toutefois, il est faux de croire que, si un élève ne termine pas ses «maths fortes», il ne fera rien de bon dans la vie.
Attention! Je n’encourage personne à choisir la voie facile ou à éviter à tout prix les matières plus difficiles. Si vous envisagez un projet professionnel qui exige des préalables en mathématiques et en sciences, et si vous avez l’intérêt et les capacités pour réussir dans ces matières, allez-y allègrement.
La bosse des maths
Or, il y a aussi des personnes qui n’ont pas d’intérêt envers celles-ci ou qui n’ont pas la «bosse des maths et des sciences». Pourquoi alors les encourager, voire les forcer, à choisir ces matières à l’école secondaire afin qu’elles s’ouvrent des portes qu’elles ne franchiront peut-être jamais?
Par exemple, pourquoi forcer une personne ayant un profil artistique ou social à suivre des cours de mathématiques fortes et de sciences si on sait déjà qu’elle ne choisira pas une voie professionnelle reliée? Illustrons le cas contraire: serait-il sensé d’inciter une personne qui a un profil scientifique à choisir des matières comme la psychologie ou les arts?
Dans ma carrière, j’observe depuis plusieurs années une valorisation importante des mathématiques et des sciences. Lorsque nous étions aux études, mes amis et moi avons été incités à choisir les cours de mathématiques fortes et de sciences à la polyvalente, pour nous «ouvrir toutes les portes». Puis, durant mes années de pratique en orientation, nombreux ont été les parents qui m’ont dit des choses comme: «Vous comprenez, on ne veut pas qu’il se trompe.»
Ou: «Comme elle ne sait pas quoi faire, si elle prend ses “maths fortes”, elle pourra aller où elle veut ensuite.»
Qu’on se comprenne bien: j’encourage l’effort chez tous les élèves, à la mesure de leur potentiel. Cependant, il n’est pas donné à tous d’exceller dans toutes les matières ni de les aimer. Des élèves dont les notes se situent dans la moyenne, il y en a beaucoup; ils représentent même la majorité.
Des élèves à besoins particuliers, qui ont des difficultés d’apprentissage, il y en a aussi plusieurs. Est-ce que leur avenir est en péril parce qu’ils ne peuvent pas réussir les cours de mathématiques fortes et de sciences? Et qu’en est-il du sport, de la culture, des arts, de la littérature, des métiers manuels et techniques?
Et qu’en est-il du sport, de la culture, des arts, de la littérature, des métiers manuels et techniques?
Mettons la pédale douce
La pression sociale est bien réelle chez les jeunes qui doivent faire leur choix de cours. Et je ne parle même pas du choix de carrière.
L’anxiété reliée à la performance ainsi qu’aux choix scolaires et professionnels est en croissance chez nos étudiants et étudiantes.
Et si on mettait la pédale douce pour respecter leurs profils de personnalité, d’intérêt et de compétences? En définitive, de futurs travailleurs et travailleuses heureux de leur choix, se sentant soutenus par une société qui ne les juge pas, auront toutes les chances de s’intégrer de façon durable et de réussir dans le marché du travail.