Formation et emplois

La pandémie modifie le monde du travail

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La pandémie pourrait avoir des effets durables sur les conditions de travail pensent des experts

Les dernières décennies ont permis d’améliorer le monde du travail sur plusieurs plans au Canada, mais ces avancées seraient-elles compromises par les répercussions de la crise du coronavirus sur l’économie? Des experts donnent leur point de vue.

Au cours des 40 dernières années, le marché de travail a grandement évolué, comme en témoignent des rapports de Statistique Canada publiés en juin. Les salaires ont notamment crû de 18% de 1981 à 2019.

Des coupes permanentes

L’agence constate par ailleurs que les taux coupures de postes ont diminué dans les dernières décennies chez les travailleurs canadiens de 25 à 64 ans, passant de 8,3% de 1978 à 1980 à 6,6% entre 2010 et 2016.

«Les préoccupations relatives à la suppression d’emplois ont pris une nouvelle importance dans le contexte de la pandémie de COVID-19», souligne toutefois l’organisme fédéral.

Alors que de nombreux commerces n’ont eu d’autre choix que de fermer temporairement leurs portes au plus fort de la pandémie, faisant gonfler le taux de chômage, plusieurs entreprises ont migré vers le télétravail dans les derniers mois. Des bouleversements qui ont affecté la situation financière de nombreux travailleurs.

Dans un rapport publié le 8 juillet, l’Institut national de santé publique du Québec constate d’ailleurs que près du quart des Québécois rapportaient une baisse du revenu de leur ménage en date du 31 mai en raison de la crise sanitaire.

Des impacts sur le monde du travail à long terme?

Si les impacts de cette crise sur l’économie dans les derniers mois sont tangibles, doit-on s’attendre à ce qu’elle ait des impacts à long terme sur le monde du travail au Canada?

«C’est encore difficile à dire, mais c’est évident que les moments de crise sont des moments de restructuration, des moments pour revoir les façons de faire», pense la chercheure Julia Posca, de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS).

«Il y a des changements de fond qui se produisent dans l’économie et la COVID-19 va peut-être seulement accélérer les choses.» Germain Belzile, professeur au Département d’économie appliquée de HEC Montréal

«Il y a probablement beaucoup de magasins qui vont fermer. On voit déjà une tendance à la fermeture des centres d’achat aux États-Unis», constate également le professeur au Département d’économie appliquée à HEC Montréal, Germain Belzile. Il appréhende un virage rapide de plusieurs entreprises vers la vente en ligne. À cet égard, le détaillant DavidsTea, qui éprouve d’importantes difficultés financières, entend limiter le nombre de succursales dont il disposera au pays au moment de sa réouverture, misant davantage sur le commerce en ligne.

Les employés non syndiqués écopent

Dans son rapport, Statistique Canada mentionne que les pertes d’emplois au pays ont surtout touché des emplois temporaires et non syndiqués, notamment le secteur du commerce de détail. Si plusieurs de ces travailleurs se retrouveront un emploi rapidement, d’autres, plus âgés ou ayant une certaine ancienneté, pourraient en subir les contrecoups à long terme, prévient M. Belzile.

Des sociétés pourraient aussi décider de réduire les conditions de travail de leurs employés pour éponger les pertes, craint Mme Posca.

Les femmes écoperaient davantage que les hommes de la crise sanitaire, étant surreprésentées dans le secteur des services, selon une récente étude. Les personnes racisées, pour leur part, semblent avoir plus de difficultés à se trouver un nouvel emploi dans le contexte du déconfinement, constate l’Observatoire québécois des inégalités dans son Baromètre des inégalités du mois de juillet.

Les petites entreprises

D’autre part, Statistique Canada souligne que les petites entreprises sont surreprésentées pour ce qui est des mises à pied survenues ces dernières années au pays. Une tendance qui pourrait bien se poursuivre alors que de nombreux commerces locaux écopent de la crise sanitaire.

«J’aurais tendance à dire que les petites entreprises sont plus vulnérables. Elles ont donc soit dû fermer ou réduire leurs activités pour survivre», explique l’analyste principal des politiques à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), Gopinath Jeyabalaratnam.


Les répercussions du télétravail

La pandémie, en entraînant une vaste migration d’employés vers le télétravail, a du même coup chamboulé les habitudes de nombre d’entre eux. Si le travail à domicile peut convenir à plusieurs, notamment ceux qui demeurent loin de leur bureau, il peut aussi être une source d’anxiété et contribuer à l’isolement social, constate un récent sondage mené auprès de 1000 travailleurs canadiens.

Le travail à domicile peut aussi engendrer des coûts supplémentaires pour les travailleurs.

«Il faut parfois aménager une pièce supplémentaire ou acheter des logiciels», note Julia Posca, qui demande aux employeurs d’aider leurs employés dans cette situation à couvrir ces dépenses.

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