Montréal et le gouvernement du Québec ont récemment signé une entente de protection du «paysage humanisé» de L’Île-Bizard, une première au Québec pour cette nouvelle désignation d’aire protégée. Qu’est-ce que ça implique pour la Ville et pour l’environnement? On vous explique.
On octroie le statut de paysage humanisé à un secteur peuplé dont on veut protéger la biodiversité. Ce titre permet de reconnaître le rôle des communautés locales et régionales dans la conservation de la nature. Pour obtenir ce statut, des critères reconnus par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), un organe du ministère de l’Environnement du Québec, doivent être remplis.
«Avec le statut de paysage humanisé, il n’y a plus de lotissement possible, explique la vice-présidente du comité exécutif de Montréal, Caroline Bourgeois. C’est alors impossible d’ajouter de nouvelles constructions, même si les propriétaires gardent pleine jouissance de leurs terrains.»
Une fois le statut accordé, la Ville garde le contrôle de la zone en question, mais doit préparer un rapport concernant les efforts de conservation ayant été déployés.
Biodiversité et équilibre de L’Île-Bizard
Alors, pourquoi un paysage humanisé à L’Île-Bizard? Parce que malgré une population de près de 20 000 citoyens, l’île se distingue par une proportion élevée de milieux naturels ainsi que par sa biodiversité. «On y retrouve beaucoup de milieux humides, rappelle Mme Bourgeois, également mairesse de Rivière-des-Prairies. Il y a une pression immobilière importante, parce que c’est un secteur de qualité. Le statut est majeur pour protéger le territoire.»
Les deux ordres de gouvernement veulent y maintenir à long terme le bien-être, la santé et la qualité de vie des résidents. Et, surtout, assurer la résilience du territoire face aux changements climatiques. En plus d’améliorer la qualité de l’air du secteur, les milieux humides et espaces verts servent de protection lors d’inondations.
Cette protection favorise la pollinisation et la qualité des sols, et aide à prévenir les sécheresses. Concrètement, le paysage humanisé permettra d’assurer un zonage partagé équitablement entre les espaces verts, les espaces agricoles et les milieux de vie.
Encore du travail à faire
À L’Île-Bizard, ce sont des citoyens qui ont réclamé les démarches pour obtenir ce statut dès le début des années 2000. Ce n’est que 15 ans plus tard, en 2015, que la Ville a démarré le processus.
En septembre, l’île a reçu le statut de paysage humanisé «projeté». L’entente de protection, signée en mars, constitue une nouvelle étape vers l’officialisation permanente du statut. On y a approuvé les plans de préservation du territoire pour une durée de 25 ans.
Pour diminuer sa vulnérabilité climatique et limiter les îlots de chaleur, la Ville de Montréal souhaite protéger 10% de son territoire.
«Avec L’Île-Bizard, on en est maintenant à 8%, indique Mme Bourgeois. On fait des efforts pour faire un pendant dans l’est de Montréal. On a prévu un peu plus de 10 M$ en acquisition de milieux naturels au cours des 10 prochaines années.»
La partie sud du Technoparc, situé dans l’arrondissement de Saint-Laurent, a aussi été protégée par la Ville.