Le bureau du psy, c’est cet espace consacré à la thérapie, à la réflexion, à l’introspection. Mais une fois la séance terminée, on devrait continuer de faire du chemin dans notre tête. Comment progresse notre réflexion en dehors de la thérapie et quelle place lui donner dans notre quotidien?
Eh oui, quand on est en thérapie, le cheminement psychologique ne se fait pas seulement lorsqu’on est face à face avec le thérapeute.
«On sème des petites graines, mais ensuite, la réflexion peut continuer en dehors de la thérapie, explique la psychologue et autrice Lory Zephyr. Quand on est dans le métro, au travail ou à la maison, ça se peut qu’on se mette à repenser aux sujets dont on a parlé pendant une séance.»
Toutes ces pensées ou ces émotions qui peuvent surgir dans le quotidien viennent aussi nourrir le travail entamé avec le psy, souligne-t-elle.
Être curieux de soi
Pour aider ses patients à poursuivre l’introspection entre les séances sans que ceux-ci se mettent de la pression, la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier les encourage à «être curieux d’eux-mêmes» et de ce qui peut émerger.
«Chacun a sa personnalité et explore des enjeux différents, nuance-t-elle. Certains pourront facilement laisser la thérapie déborder dans leur quotidien, mais d’autres vont avoir très peur et ne voudront pas y aller tout seuls.»
Selon elle, aborder les émotions et les pensées qui nous viennent avec curiosité, sans autojugement, est une bonne manière de vivre les choses avec plus de recul. Prendre quelques notes ou tenir un journal peut aussi permettre de se souvenir de ce que l’on a observé pour en parler ensuite lors d’une prochaine séance.
«Dans tous les cas, on ne s’attend pas à ce que le patient fasse sa thérapie tout seul à la maison. Le travail se fait progressivement et on ne devient pas tout de suite autonome, mais les observations d’un patient entre les séances sont souvent une matière intéressante à explorer», résume-t-elle.
Parler à son entourage
Évidemment, les deux thérapeutes savent bien que les patients ne sont généralement pas seuls quand ils cheminent hors du bureau. Famille, amis, collègues sont aussi présents et peuvent avoir un rôle à jouer.
«Bien sûr qu’on peut parler de sa thérapie ou des enjeux sur lesquels on travaille si on se sent prêt! C’est généralement bénéfique et ça permet de se sentir soutenu. Par contre, on ne va pas se tourner vers n’importe qui. Il est préférable de choisir des personnes de confiance sensibles et empathiques», suggère Lory Zephyr.
Si elle pense aussi que les autres peuvent enrichir nos réflexions, nous offrir un autre point de vue, Geneviève Beaulieu-Pelletier rappelle cependant qu’ils peuvent être biaisés.
«Par exemple, si je suis en conflit avec mon père et que j’en parle à mon frère, ça peut être très intéressant, mais, il faut garder en tête qu’il a sûrement un biais et qu’il n’a pas l’expertise d’un psychologue», illustre-t-elle.
Se laisser le temps
Enfin, même si la thérapie ne doit évidemment pas prendre toute la place dans notre vie, pour Lory Zephyr, il est important de reconnaître que les changements qu’elle apporte peuvent demander beaucoup d’énergie.
«Parfois, c’est assez exigeant au niveau émotionnel et psychologique, souligne la psychologue. Peut-être que c’est l’occasion de ralentir pour respecter son rythme et de prendre le temps de retrouver ses repères.»
Elle suggère ainsi de se limiter aux activités qui nous font vraiment du bien, d’en prendre un peu moins au travail ou de diminuer notre charge de travail à la maison.
«On peut parfois être impatient que la thérapie progresse et que les choses se règlent, reconnaît-elle. Mais il faut d’abord se donner le temps et s’abandonner un peu au processus.»