Après avoir consacré sa carrière aux clientèles mal servies sur le plan local, national et international, le Dr François Couturier s’est éteint le 1er août dernier, emporté par la maladie de Parkinson. En plus d’avoir œuvré en aide humanitaire, l’estimé médecin de famille a consacré une part de sa pratique à la périnatalité et aux personnes vivant avec une dépendance aux opioïdes.
Le Dr François Couturier a toujours aidé les personnes en situation de vulnérabilité. Avant de devenir médecin et professeur de médecine à l’Université de Sherbrooke, il a travaillé comme éducateur préscolaire en milieu communautaire pendant cinq ans, de 1980 à 1985.
En 1994, il se joint à l’Unité de médecine de famille (UMF) Charles-Le Moyne en tant que médecin de famille, où il consacre une grande partie de sa pratique à la périnatalité et aux patients aux prises avec des dépendances aux opioïdes.
Le Dr Couturier y développe d’ailleurs une nouvelle offre de soins en médecine familiale pour traiter les personnes atteintes de troubles liés à l’usage des opioïdes au Québec, ce qui l’amène à devenir une référence en la matière au niveau provincial.
Implication internationale
La directrice générale et cheffe de la direction du Collège des médecins de famille du Canada, la Dre Francine Lemire, se souvient du Dr François Couturier comme «d’un homme très authentique qui passe de la parole aux actes et qui agit en fonction de ses valeurs».
Nous sommes tous tristes de son départ, sachant son degré d’implication à la fois en médecine de famille, à l’Université de Sherbrooke et au Mali, où il a été très actif, ainsi qu’au sein de la communauté du Centre Besrour.
Dre Francine Lemire
En effet, son implication ne s’arrête pas aux frontières du Québec: pendant plus de 20 ans, Dr François Couturier s’investit dans le développement de la médecine de famille à l’international, notamment dans l’enseignement des soins obstétriques au Mali, en Haïti et en Ouganda.
Au fil des années, il devient un leader reconnu en santé mondiale et dirige deux projets majeurs de formation des professionnels en santé au Mali (projet DECLIC) et (projet CLEFS) par le biais de l’Université Sherbrooke.
Cela permet notamment la création, entre 2010 et 2018, d’un réseau de cinq centres de santé communauté universitaire au Mali, inspiré du modèle québécois des UMF. Le projet sert même de tremplin pour le développement de la médecine familiale et communautaire en Afrique de l’Ouest.
Imputabilité sociale avec le Centre Besrour
Selon la Dre Francine Lemire, le Dr François Couturier aura influencé le Collège des médecins de famille du Canada à faire de l’imputabilité sociale une de ses considérations les plus importantes, c’est-à-dire de «centrer et planifier les soins de santé en gardant en tête (et en ayant les données si on est capables de les avoir) les besoins de la population», en plus de traiter les clientèles vulnérables de la même manière que les mieux nanties, précise-t-elle.
Dans ce même ordre d’idée, le Dr Couturier a été, dès 2010, un des acteurs de premier plan dans la création et le développement du Centre Besrour, un lieu d’échange international consacré à l’avancement de la médecine familiale à l’échelle mondiale.
«Le Centre Besrour a été créé officiellement vers 2013-2014 et le Dr Couturier a continué à siéger au comité aviseur du centre Besrour au fur et à mesure qu’on développait la dimension, la stratégie, la mission, la vision. Il a vraiment fait partie de tout ça dès le départ», explique la Dre Lemire.
Elle s’estime «privilégiée d’avoir eu l’opportunité de le connaître, d’interagir avec lui et d’être informée et motivée à travers son implication en imputabilité sociale à la fois au Canada et à travers le monde».
Aujourd’hui, le Centre Besrour interagit et collabore avec environ 35 pays et régions à travers le monde.