Tout le monde rêve, même si certains s’en souviennent plus que d’autres.
Rêver est une expérience universelle et la recherche d’explications est presque aussi vieille que le monde. Mais qu’en dit la science? Ce n’est pas un sujet facile à percer, mais elle y plonge.
Les rêves
prémonitoires, ça existe?
Beaucoup de gens croient qu’il est possible de voir l’avenir dans nos rêves. «De nombreux chercheurs, moi y compris, reçoivent des courriels, après les événements, de gens qui veulent nous annoncer qu’ils ont rêvé d’un tremblement de terre ou d’un tsunami. Mais nous avons remarqué que c’est toujours rétrospectif», explique Antonio Zadra, du Labo des rêves de l’Université de Montréal. Autrement dit, l’interprétation des rêves se fait toujours après les faits.
Est-il possible
d’interpréter les rêves?
Depuis Freud, tout le monde en rêve. Malheureusement, ce n’est pas si simple… même si tous les dictionnaires d’interprétation des rêves tentent de faire croire l’inverse.
Nous sommes en effet très loin de pouvoir interpréter les rêves: même savoir à quoi rêve une personne demeure hasardeux. Dans une étude publiée dans la revue Science en 2013, le chercheur Tomoyasu Horikawa, de l’université de Kyoto, s’y est essayé au moyen de la technologie d’imagerie par résonance magnétique. En étudiant cette activité chez des dormeurs dans son laboratoire et en leur demandant à quoi ils avaient rêvé, il a tenté d’associer des zones particulières du cerveau avec de grandes catégories de rêves. Résultat: il a pu prédire dans 60% des cas la catégorie à laquelle appartenaient les rêves. Mais il s’agit dans ce cas davantage d’une lecture que d’une interprétation d’un rêve. Et même cette lecture reste encore vague.
Ce que nous mangeons
affecte nos rêves
L’excès de nourriture affecte la qualité de notre sommeil. Certains mets épicés, tout comme le chocolat, l’affecteraient aussi. Cela pourrait-il aussi affecter les rêves?
En 2015, une étude canadienne menée par Tore Nielsen, de l’Université de Montréal, rapportait que 17,8% des 382 étudiants interrogés soutenaient que la consommation de certains mets en soirée aurait affecté leurs rêves. Le chercheur a avancé comme hypothèse que les aliments pourraient avoir eu une influence sur les métabolismes délicats ou chez ceux qui souffriraient d’intolérances digestives. En perturbant le sommeil et en multipliant les réveils, on augmente du coup la possibilité de se souvenir de nos rêves. Selon Antonio Zadra, ce n’est donc pas que ces rêves sont plus étranges que la normale, c’est tout simplement qu’on se souvient davantage de ceux-là.
Rêver des membres
amputés?
Les amputés éprouvent parfois dans la vie de tous les jours des sensations au niveau du membre manquant, comme si leur bras ou leur jambe était encore là. Les scientifiques désignent ce phénomène sous le nom de douleur du membre fantôme. Mais qu’en est-il des rêves? «Les personnes paralysées rêvent qu’elles marchent, confirme M. Zadra. Et les aveugles rêvent qu’ils voient» s’ils ont perdu ce sens après l’âge de 5 ou 6 ans. «Cela dépend en fait des circonstances et de leur âge au moment de la perte du membre. Souvent, le corps demeure intact dans les rêves.»
Les cauchemars servent-ils
à quelque chose?
«Je ne peux pas dire que les cauchemars ou les rêves sont utiles, soutient le chercheur Antonio Zadra. Le sommeil paradoxal joue un rôle important dans l’apprentissage et la régulation des émotions. Par contre, nous ne nous souvenons que d’une faible fraction de nos rêves issus des 52 000 heures de sommeil paradoxal de notre vie. S’ils ont vraiment une fonction utile, c’est d’une inefficacité colossale en regard de notre capacité à les oublier.»