L’emmental est sensible à la musique: telle est la conclusion d’une expérience menée pendant plusieurs mois par la Haute école des Arts de Berne, dans une cave d’affinage de Berthoud, dans l’ouest de la Suisse.
Après six mois et demi d’affinage au son du rock de Led Zeppelin, de la musique de Mozart ou du rap de Tribe called quest, les organisateurs ont annoncé jeudi soir que les fromages de Beate Wampfler, fromager-affineur de cette commune située dans la vallée de l’emmental, présentaient des goûts différents, en lien avec les mélodies qu’ils ont «écoutées».
«Nous avons fait deux enquêtes, l’une scientifique, l’autre avec un jury d’experts (culinaires) et les deux sont arrivées à la conclusion qu’il y a des différences de goût et de parfum, selon la musique avec laquelle le fromage a été affiné, et cela nous réjouit beaucoup que cette expérience produise un résultat si positif», s’est félicité Peter Kraut, directeur adjoint du département musique de la Haute École des Arts de Berne et porte-parole du jury.
Depuis août dernier, les petites meules de fromage étaient installées dans des boîtes ouvertes en bois avec en dessous une enceinte leur diffusant de la musique en continu.
Au programme: la Flûte enchantée de Mozart, de la techno, Stairway to Heaven de Led Zeppelin ou encore le groupe de hip-hop A Tribe called quest pour des meules voisines.
Un fromage non sonorisé servait de référence, tandis que d’autres étaient bercés par des sons continus de différentes fréquences.
«Le groupe de fromages qui a écouté du hip-hop et de la fréquence basse était vraiment sur des notes beaucoup plus douces, beaucoup plus florales», a jugé le chef cuisinier suisse Benjamin Luzuy, qui faisait partie du jury d’experts.
Selon le communiqué de presse de la Haute École des Arts de Berne, «le fromage soumis au hip-hop se révèle particulièrement fruité tant en termes d’odeur que de goût et se distingue donc clairement des autres échantillons».
«Nous allons terminer notre expérience avec une troisième enquête, une recherche scientifique, une enquête biochimique pour déterminer s’il y a des différences (liées à la musique) dans la composition même du fromage», a expliqué M. Kraut à l’AFP.
De son côté, M. Wampfler est ravi du résultat, lui qui souhaitait que le fromage hip-hop se distingue, afin de connecter la jeune génération avec la dégustation de fromages.
«Il y a déjà des gens qui m’appellent: est-ce que vous avez du fromage avec de la musique des Balkans? Vous avez du blues? Est-ce que vous avez AC/DC?», a-t-il confié avec un grand sourire.
À côté de lui, de jolies étiquettes portant en lettres gothiques des noms de styles musicaux «country», «blues», patientent, en attendant de prochains tests…