Du fromage qui dégouline d’une part de pizza, un burger dont la sauce déborde jusqu’à enduire tous les doigts… Voilà comment décrire le « foodporn », ces images de nourritures hypercaloriques qui alimentent en masse les réseaux sociaux. Non seulement ces photos attisent notre appétit, mais en plus elles éveillent notre cerveau. On vous explique.
C’est plus fort que vous: dès que vous vous connectez à Instagram vous ne pouvez vous empêcher de scroller et d’attiser votre faim en dévorant des yeux ces fils de fromage qui s’étirent dans un sandwich et cette sauce barbecue qui déborde d’un burger bien appétissant. La « comfort food » – cette alimentation plein de graisses et de glucides, ne fait pas que du bien au moral. Votre cerveau aussi adore dès lors que vous regardez des images de pizzas dégoulinantes et d’autres exemples de nourriture dite « foodporn ».
Il y a bien une explication scientifique qu’avancent les chercheurs américains du Massachussets Institute of Technology (MIT) dans une étude publiée par la revue Current Biology. Ils ont en effet découvert que le cortex visuel – la partie du cerveau qui traite les informations transmises par les yeux, s’illumine quand des images de nourritures alléchantes apparaissent. Et ce n’est pas devant une salade bien fraîche ou des carottes râpées que le cerveau s’excite, mais bien à la vue de plats peu recommandables sur le plan nutritionnel. En fait, le cortex visuel réagit beaucoup plus quand il aperçoit des aliments transformés que quand on lui présente de la nourriture plus saine… Dommage pour ceux qui prêtent attention à leur poids.
En fait, les scientifiques ont repéré des neurones particulièrement sensibles à la nourriture dans cette zone du cerveau qui traite de tout ce qui a attrait au corps, au visage et aux environs – bref des paramètres essentiels pour vivre en société. Pour cette étude, le fait que la nourriture soit analysée au même endroit démontre combien le sujet alimentaire est indispensable dans les interactions humaines. En somme, les aliments ne permettent pas seulement de survivre au sens biologique.
Nous ne sommes qu’aux prémices de ces découvertes autour de l’importance de la nourriture dans notre construction sociale. C’est pourquoi, les chercheurs américains aimeraient poursuivre leurs recherches afin de savoir pourquoi certains apprécient tel aliment quand d’autres peuvent en être dégoûtés.
En France, c’est un sujet étudié depuis de nombreuses années, notamment au Centre national de la recherche scientifique-Université de Bourgogne. Récemment, le professeur Benoist Schaal a découvert que les bébés dans le ventre de leur mère réagissaient différemment aux saveurs et aux odeurs, dans le cadre d’une large étude menée en collaboration avec l’université britannique de Durham. A terme, les scientifiques aimeraient savoir si l’alimentation d’une femme enceinte peut déterminer les préférences alimentaires d’un enfant à venir.