Pour certains, la transformation du marché Saint-Jacques ne représente rien de plus qu’un autre projet immobilier au centre-ville. Pour d’autres, il s’agit plutôt d’une occasion à saisir pour redynamiser le quartier.
Né dans la même vague que les marchés Jean-Talon et Atwater dans les années 1930, le marché Saint-Jacques n’a jamais réellement connu le même succès que ses acolytes. Une question d’emplacement? De loyers trop élevés? De concurrence des grandes chaînes d’alimentation? Un peu pour toutes ces raisons en réalité. Et malgré quelques tentatives de relance, les Montréalais n’ont jamais vraiment réintégré le lieu dans leur train-train quotidien.
Pourtant, ailleurs sur l’île, ou encore à Londres, New York et Seattle, les marchés publics ont la cote ces dernières années auprès de diverses communautés.
Le marché Saint-Jacques pourrait-il ainsi servir de tremplin pour son secteur du centre-ville? Chose certaine, Projets Europa, une entreprise familiale composée d’architectes, d’historiens et d’experts en restauration, pense avoir enfin rassemblé les conditions gagnantes pour relancer définitivement ce bâtiment Art déco. L’approche préconisée : une vocation mixte, orchestrée autour du marché, d’espaces de bureaux et de l’aménagement de 32 nouvelles unités résidentielles.
«Il est important d’avoir une rentabilité maximale aux les étages supérieurs pour alléger la pression financière sur les commerçants du marché en bas, m’expliquait récemment Jean-Pierre Houle, directeur de Projets Europa. On souhaite garder des prix de loyers bas pour s’assurer du succès du projet. C’est une des raisons qui expliquent pourquoi on n’a pas mis de logements sociaux en haut du bâtiment.»
Le promoteur mise également sur l’union de plusieurs petits commerçants pour garantir une complémentarité alimentaire, plutôt que sur de grandes superficies. Une idée à tester, effectivement, si l’on se fie à la même étude de PPS mentionnée ci-haut. Cette dernière démontre en effet que le prix des aliments d’un marché public n’est généralement pas le premier obstacle à son succès, même pour les familles à faibles revenus. L’étude tend à démontrer que les clients potentiels sont davantage repoussés par la peur de ne pouvoir compléter leurs emplettes à un seul et même endroit, plutôt que par la facture elle-même.
Même si Projets Europa n’a pas réalisé d’études exhaustives sur les lacunes alimentaires du quartier, l’entreprise dit répondre à un réel besoin pour le centre-ville… ce qui n’est pas faux. Une petite recherche dans les archives de la Direction de la santé publique de Montréal confirme effectivement un manque de commerces de proximité où l’on peut se procurer des fruits et légumes frais à distance de marche de son domicile. Reste à voir maintenant si la densité de population du secteur sera suffisante pour assurer la rentabilité du projet.