Voulez-vous une recette pour bâtir une équipe solide et hyperproductive? Voici une stratégie.
1. Embauchez dix personnes pour former votre équipe. Parmi ces dix personnes, il y a de fortes chances qu’une d’elles soit un bourreau de travail, prêt à travailler 80 heures par semaine et à faire tout ce qu’on lui demande.
2. Vous congédiez les neuf autres, ou bien vous leur rendez la vie tellement difficile qu’ils partiront d’eux-mêmes.
3. Embauchez-en neuf autres. Il y a de fortes chances que vous tombiez sur un autre bourreau de travail.
4. Répétez la deuxième étape avec les employés qui restent et remplacez-les jusqu’à ce que vous trouviez votre dixième esclave.
Cette stratégie fonctionne à merveille si vous acceptez de vivre avec deux choses sur la conscience. Premièrement, vous allez détruire bien des vies, parmi tous ceux que vous voulez congédier. Deuxièmement, votre personnel sera constitué de dix personnes déprimées, dont la famille est négligée ou brisée, et qui s’acheminent vers le l’épuisement professionnel. La plupart d’entre elles finiront par quitter leur emploi afin de sauvegarder leur santé psychologique et physique, et vous vous retrouverez constamment à la première étape. Finalement, votre haut niveau de productivité ne durera qu’un temps.
Je ne suis pas expert en psychologie organisationnelle, mais j’ai suivi plus que ma part de séances de formation en gestion, et j’ai travaillé avec assez de gens en surmenage professionnel pour savoir qu’il existe une déconnexion entre les messages que nous émettons. D’une part, il y a une pression constante visant la productivité, l’efficacité et l’établissement de nouveaux objectifs, toujours plus élevés. D’autre part, on parle de préserver le bien-être des employés en les incitants à maintenir l’équilibre entre le travail et la vie personnelle.
Cela ne veut pas dire que nous ne devons pas avoir des normes élevées en matière de productivité et d’efficacité. Le problème est qu’il n’existe pas d’employé type. Chacun est unique en soi. Cela signifie que les messages n’auront pas les mêmes répercussions sur tous les individus.
Certaines personnes sont très motivées et travaillent d’arrache-pied. Elles travaillent peut-être déjà pour deux. Même si elles peuvent parfois tirer parti de méthodes plus efficaces, elles ont souvent la situation bien en main. Elles ont un sens du devoir très poussé et cherchent constamment à plaire. Exercer de la pression sur elles ne fait que miner leur motivation et les précipiter vers l’épuisement.
Puis, il y l’autre extrême. Vous savez, les paresseux, qui ont toujours besoin d’une petite poussée? Malheureusement, si leur rendement n’est pas très bon, c’est parce qu’ils s’en soucient peu. Si une personne ne se soucie pas d’une norme peu élevée, elle ne se souciera pas davantage d’exigences plus élevées. Exercer de la pression sur ce genre de personne donne rarement des résultats. Lorsque ces personnes font un épuisement professionnel, c’est habituellement parce qu’elles sont en conflit avec leur patron ou leurs collègues.
Bien que ces personnes soient en minorité, ce qu’un employeur fait avec ces personnalités extrêmes aura de fortes répercussions sur le rendement du reste des employés. Si vous fermez les yeux sur ceux qui ont un piètre rendement, la majorité deviendra désillusionnée et trouvera qu’il ne sert à rien de se donner du mal. Mais si vous faites pression sur les plus performants, la majorité des employés se dira qu’il est inutile de travailler plus fort, étant donné que vous ne serez jamais satisfait et que vous ne vous préoccupez pas de leur bien-être.
À mon humble avis, voici une meilleure façon de former une équipe solide et hyperproductive:
1. Fixez des normes plus élevées pour les employés médiocres. Incitez-les à donner leur maximum, quel qu’il soit. Vous devrez alors décider si leur niveau de rendement est acceptable ou si vous devrez les diriger vers la porte.
2. Repérez vos employés les plus performants, donnez-leur une tape sur l’épaule, remerciez-les, et LAISSEZ-LES TRANQUILLES!