Un mât reste en place, alors qu’un drapeau ne cesse de bouger. Il en va de même pour la logique et les émotions. Ces deux parties de notre cerveau tentent constamment d’avoir le dessus. Elles peuvent s’allier et nous mener loin, dans la vie, ou s’affronter constamment et nous empêcher de trouver la paix de l’esprit.
Si vous apercevez un serpent à sonnettes, au cours d’une randonnée, vous paniquerez sans doute et vous vous enfuirez. Une fois en sécurité au campement, vous vous calmerez. Mais, que vous soyez calme ou en train de paniquer, vous trouverez la situation dangereuse. Autrement dit, face à une menace réelle, vos émotions et votre logique vous disent la même chose : le serpent était dangereux! La seule différence, c’est que nos émotions nous le disent plus rapidement.
C’est pourquoi nous avons des émotions. C’est le moteur de l’action. Elles nous poussent à réagir, et rapidement, en période de crise, comme lorsque la nourriture vient à manquer ou qu’un serpent surgit. Mais elles ne sont pas censées se heurter avec la logique. Elles ne devraient pas nous masquer la réalité. Elles ne font que nous faire réagir davantage à la réalité.
Quelquefois, l’équilibre entre les émotions et la logique est rompu. Cela nous fait habituellement réagir davantage avec nos émotions. En conséquence, nous ressentons parfois des choses qui ne sont pas logiques. Par exemple, nous pouvons avoir peur de l’avion, même si on nous dit, et que nous le croyons, que c’est le mode de transport le plus sûr.
Lorsque la logique et les émotions nous disent des choses différentes, c’est que nos émotions ont été amplifiées par des expériences passées ou des perceptions erronées. Par exemple, si on entend dire qu’un avion s’est écrasé, cela augmentera nos craintes, même si cela ne change rien à la réalité. La même chose se produit lorsqu’on entend parler d’un ami qui est malade. Cela ne change pas notre état de santé, mais cela diminue notre confiance dans le fait d’être en santé.
Par leur nature même, les émotions sont très réactives. Elles réagissent rapidement aux événements et aux perceptions. Notre esprit logique est beaucoup moins malléable. Il ressemble beaucoup plus au mât qu’au drapeau.
Les saisons et les retards
S’il se mettait à faire chaud, par une journée de janvier, et que la neige fondait, enlèveriez-vous vos bottes d’hiver et feriez-vous poser vos pneus d’été? Bien sûr que non. Le fait qu’une journée soit anormalement chaude ne signifie pas que l’hiver est fini. Il peut y avoir d’importantes fluctuations des températures entre les hauts et les bas quotidiens, mais les normales saisonnières ne varient pas beaucoup.
On peut dire la même chose des circonstances. Les choses peuvent sembler changer radicalement, d’une journée à l’autre, et cela peut avoir d’importantes répercussions sur nos émotions. Mais, si nous prenons du recul pour examiner le tableau d’ensemble, que voyons-nous? Si le modèle est stable, alors il n’y a pas lieu de changer nos opinions ou nos actions. Si le «problème» semble fugitif, au milieu d’une vague d’émotions, alors il n’est pas nécessaire de le régler.
Soyez le mât
Lorsque la logique et les émotions sont en équilibre, nous devrions écouter nos émotions. Elles nous disent de faire quelque chose parce qu’il existe un problème réel qu’il faut aborder. Mais, lorsque la logique et les émotions ne concordent pas, c’est habituellement parce que nos émotions sont devenues trop fortes. Elles peuvent nous entraîner dans différentes directions, comme le vent qui fait virevolter le drapeau. Quand cela se produit, le mieux est de se calmer. Il n’y a rien de particulier à faire… sauf de laisser la crise passer, et de rester dans la voie de la logique.