Une étude britannique en cours analyse les bactéries marines présentes en grande quantité dans les intestins des surfeurs. Le but: mieux comprendre les effets sur la santé de la contamination de l’eau de mer par les antibiotiques provenant, notamment, de l’élevage.
De nombreuses recherches font état d’une pollution marine importante en bordure de côte. Si l’eau de mer contient du plastique et autres déchets, elle renferme également des bactéries qui, avec le temps et l’accumulation des antibiotiques déversées dans l’eau par les animaux d’élevage entre autres, sont devenues résistantes à ce produit. Or, ces mêmes bactéries se retrouvent ensuite dans le corps humain après ingestion par les baigneurs ce qui pourrait les rendre, eux-aussi, résistants à ces mêmes antibiotiques.
Pour en savoir plus et mesurer l’impact sur la santé de ces bactéries résistantes aux antibiotiques, des chercheurs anglais de l’université d’Exeter en Grande-Bretagne vont analyser la flore intestinale de 300 surfeurs britanniques et travailler en collaboration avec l’association anglaise Surfers Against Sewage (surfeurs contre la contamination de l’eau), très impliquée dans la lutte contre la pollution marine. On leur doit, notamment la mise en place d’un système d’alerte de contamination des eaux qui a mis en évidence depuis le mois de mai près de 400 incidents de pollution en Grande-Bretagne et au Pays de Galles.
Un enjeu de santé publique majeur
Si les surfeurs ont été choisis comme base d’analyse, c’est parce qu’ils absorbent en moyenne 170 ml d’eau de mer par session de surf, soit un peu plus qu’un verre d’eau, donc une source d’étude très intéressante. Des kits de prélèvement rectal seront utilisés afin de recueillir des échantillons de bactéries. Ces échantillons seront ensuite comparés avec d’autres issus de baigneurs lambda. Ainsi, les chercheurs espèrent isoler des bactéries ayant développé des résistances aux antibiotiques. Une nécessité car, selon les responsables de cette étude : «la hausse des bactéries résistantes aux antibiotiques constitue l’une des plus grandes menaces de santé publique actuelle».
Cette recherche devrait également permettre de comprendre de quelle manière ces bactéries parviennent à s’adapter dans l’organisme humain loin de leur environnement habituel. Les résultats sont attendus en 2016.