Cinq cent mille : c’est le nombre d’emplois industriels qui ont disparu, au Canada, entre 2002 et 2007. Cela représente une perte de 22 % de tous les emplois industriels du pays! Selon de très nombreuses études menées par des universitaires, plus du tiers et jusqu’à la moitié de ces emplois sont disparus à cause du boom pétrolier dans l’ouest du pays, et particulièrement à cause du boom lié aux sables bitumineux. Il faut arrêter le gouvernement Harper, qui ne cesse d’affaiblir l’économie du centre du pays au profit de l’Ouest. L’Institut Pembina a d’ailleurs publié cette semaine une revue de ces études portant sur ce qu’on appelle le «mal hollandais».
Le boom pétrolier a en effet entraîné la hausse du dollar canadien. Ce dernier est passé de 0,67 $US à plus ou moins 1,00 $US entre 2003 et aujourd’hui. L’appréciation de notre monnaie par rapport à la devise américaine fait que nos biens manufacturés se vendent de moins en moins bien sur les marchés étrangers, en particulier sur le marché américain. Imaginez : la marchandise qu’un manufacturier québécois pouvait vendre en 2003 sur le marché de Boston au coût de 67 $ se vendra aujourd’hui au coût de 100 $. Quand le groupe québécois Canam-Manac a fermé son usine de poutrelles d’acier de Trois-Rivières il y a quelque temps, c’est précisément la hausse du dollar canadien qu’il a montrée du doigt.
Évidemment, le gouvernement fédéral de Stephen Harper nie tout ça. Pourtant, Industrie Canada a récemment commandé une étude qui arrive aux mêmes conclusions! Celle-ci a été publiée dans la prestigieuse revue Resource and Energy Economics. Elle conclut qu’au cours de la même période (2002-2007), au moins 135 000 emplois manufacturiers ont été abolis en raison de l’appréciation du dollar canadien provoquée par l’expansion accélérée des sables bitumineux.
L’année dernière, l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) a mis Ottawa en garde contre cette tendance dangereuse. Même David Dodge, ex-directeur de la Banque du Canada, a déclaré que l’affaiblissement de l’Ontario ainsi que du Québec au profit de l’Ouest ferait en sorte que les deux provinces centrales « se retrouveraient à la traîne des provinces riches en pétrole dans leur capacité à financer leurs systèmes d’éducation et de soins de santé».