La Journée internationale des droits de l’enfant est célébrée le samedi 20 novembre. Une occasion pour le journal Métro de s’intéresser à la situation actuelle des droits des enfants au Québec.
Éclairage avec Hélène (Sioui) Trudel, avocate spécialiste du droit des enfants et directrice fondatrice du droit intégré.
Cofondatrice de la Fondation Dr Julien, l’avocate promeut la pédiatrie sociale en communauté. Une approche de santé globale, intégrant à la médecine, la pratique du droit et les sciences sociales.
L’objectif? Venir en aide aux enfants dont le développement peut être compromis par le stress qui découle de leur condition de vie.
En avril 2006, alors que Me Trudel travaille pour l’Assistance aux Enfants en Difficulté (AED) d’Hochelaga, elle décide de s’intéresser de plus près à la médiation.
«Sur le terrain, je voyais beaucoup d’équipes se rendre à la cour et se battre devant le juge, la Direction de la Protection de la Jeunesse (DPJ) qui observe la loi avec des œillères. Je constatais que les adultes parlaient, mais que l’enfant n’était pas impliqué, il n’avait pas son mot à dire».
Hélène (Sioui) Trudel décide alors de présenter une autre façon de voir l’enfant, avec une approche différente.
Le cercle de l’enfant: une nouvelle approche
L’avocate milite pour que la pratique du droit soit intégrée à la médecine. Elle travaille à adapter la pédiatrie sociale sous forme de cercle de l’enfant. Un processus qui permet d’intégrer un plus large cercle qui gravite autour de l’enfant, pour plus de témoignages et apporter un regard plus riche sur une situation.
Le cercle de l’enfant permet aussi de déceler des embûches parfois insoupçonnées qui nuisent pourtant à l’état de santé. Comme un logement insalubre, une école inadaptée ou un contexte familial défavorable.
«Mon point de vue, c’est plutôt que de juger les parents, il faut éduquer davantage la population. Et donner les outils aux enfants pour être un bon citoyen».
Forte de cette approche, Hélène (Sioui) Trudel a mis en place un comité des droits des enfants.
«Les deux premiers comités des droits des enfants que j’ai mis sur pied datent de 2008. Des enfants âgés de 9 à 14 ans venaient régulièrement aux rencontres qui se tenaient dans le centre de Hochelaga. Et dans celui de CDN. Ils étaient mes experts. Je leur enseignais leurs droits selon la convention relative aux droits de l’enfant. Puis eux me donnaient leurs avis sur le cercle de l’enfant. Ces comités ont ensuite été ancrés dans chaque centre de pédiatrie sociale en communauté. Et pour les aider avec le contenu, j’ai créé le projet Familles-Enfants-Réseaux».
Le programme Familles-Enfants-Réseaux (FER)
En 2018, Hélène (Sioui)Trudel portait le programme Familles-Enfants-Réseaux (FER) dans le quartier d’Hochelaga. Des formations gratuites destinées aux adultes et aux jeunes de 8 à 12 ans, pour enseigner les droits de l’enfant. Et impliquer les enfants dans la vie citoyenne.
Adultes et enfants sont mobilisés durant plusieurs semaines pour passer trois niveaux de certification. La connaissance des droits de la Convention relative aux droits de l’enfant et ses sept principes. L’apprentissage de la défense de ces droits par la communication pacifique, et la mobilisation citoyenne à travers l’entrepreneuriat social.
À présent, les ateliers sont dispensés par différents organismes dans d’autres quartiers de Montréal. C’est le cas par exemple à Côte-des-Neiges, Lachine ou encore Villeray.
De 2017 à 2020, près de 5000 enfants et adultes ont ainsi été formés.
Le travail de Hélène (Sioui) Trudel en matière du droit des enfants a été reconnu à plusieurs reprises. L’avocate est notamment récipiendaire du Prix de la justice du Québec, en 2013. La plus haute distinction, pour son apport exceptionnel à la promotion d’une plus grande équité pour les enfants.