À peine deux semaines après le début de la campagne de vaccination des 5 à 11 ans, des écarts entre les taux d’inoculation s’observent déjà dans l’est de Montréal. Pour réduire les disparités et encourager le maximum de parents à vacciner leurs enfants, les CIUSSS de l’Est et du Nord-de-l’Île-de-Montréal optent pour deux approches différentes.
En date du 30 novembre, plus de 15% des enfants de Rosemont-La Petite Patrie avaient déjà reçu une première dose. Dans Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, c’est 13%. Mais dans Montréal-Nord et Saint-Léonard, le taux chute à 5%, selon les dernières données de Santé Montréal.
Cela n’est pas sans étonner Benoit Barbeau, professeur de sciences biologiques à l’UQAM et expert en virologie. «Il y a plus de problèmes dans ces secteurs depuis les débuts de la vaccination que dans la population générale et je doute qu’on aille chercher le même taux de couverture vaccinale pour les enfants», a-t-il réagi.
Selon lui, il faudra toutefois attendre avant d’avoir un portrait clair, puisque la campagne en est à ses débuts.
Même son de cloche du côté de Roxane Borgès Da Silva. «Ceux qui sont allés faire vacciner leurs enfants, ce sont ceux qui ont de très fortes convictions en faveur de la vaccination. La vaccination scolaire va rejoindre une autre partie des parents», croit la professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.
Deux CIUSSS, deux approches
Pour encourager le maximum de parents à faire vacciner leurs petits d’ici le temps des Fêtes, les deux CIUSSS du nord-est de Montréal ont choisi deux approches différentes.
Le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal compte déployer des cliniques de vaccination dans toutes les 84 écoles primaires de son territoire, en plus de sa clinique permanente au stade olympique.
Pour l’instant, il a déployé des cliniques dans une quinzaine d’entre elles, ce qui peut expliquer certains écarts, soutient Caroline Saint-Denis, directrice de la vaccination au CIUSSS de l’Est-de-l’Île de Montréal.
«Il ne faut pas tenir pour acquis que les parents de certains secteurs refusent de se mobiliser vers la vaccination. On a donné nos dates aux écoles et certains parents attendent notre visite», souligne-t-elle.
Pour sa part, le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal préfère visiter moins d’écoles – une cinquantaine –, pour concentrer ses efforts dans les secteurs les plus défavorisés, comme Montréal-Nord et Saint-Laurent. Les autorités comptent par exemple y déployer des cliniques éphémères et des travailleurs de quartier, comme pendant la campagne de vaccination des adolescents et des jeunes adultes.
«Il n’y a pas nécessairement d’adéquation entre le taux de vaccination et la présence de cliniques en milieu scolaire», justifie Audrey Leduc, directrice intérimaire de la vaccination COVID-19 au CIUSSS du Nord-de-l’Île. Elle fait valoir la vaccination en milieu scolaire est moins nécessaire dans Villeray et La Petite-Patrie, où plus de 20% des enfants ont déjà reçu une première dose de vaccin.
Ressources
Peu importe la stratégie, il faut déployer le maximum d’efforts possibles pour vacciner les enfants, selon les indicateurs disponibles, affirme Roxane Borgès Da Silva. «Plus on déploie de ressources pour accéder à la vaccination, plus on va vacciner.»
Elle tient à rappeler que 700 enfants sont morts de la COVID-19 aux États-Unis, selon une étude parue dans la revue Science. A contrario, aucun effet secondaire grave n’a été rapporté parmi les trois millions d’enfants qui ont reçu la première dose du vaccin.