Le spécialiste en infectiologie pédiatrique à l’Hôpital de Montréal pour enfants, Dr Christos Karatzios est d’avis que les parents continuent d’avoir des interrogations sur la COVID-19 chez leurs enfants. En entrevue avec Métro, il partage ses conseils et comment faire face aux défis liés à la gestion de la pandémie et du retour en classe.
Il y a, en date du 23 janvier, 9 enfants hospitalisés à l’Hôpital de Montréal pour enfants, dont un aux soins intensifs. Est-ce beaucoup ?
C’est plus que les autres vagues. Depuis le mois de décembre, on a vu le nombre de patients admis à l’hôpital de Montréal pour enfants avec la COVID-19 doubler ou tripler. La plupart du temps, ils ne sont pas si malades, et on détecte le virus alors que les enfants viennent pour autre chose. Ça reflète aussi la transmissibilité exponentielle du variant Omicron.
Avez-vous des inquiétudes quant à une possible augmentation des hospitalisations chez les enfants avec le retour à l’école en présentiel ?
Oui, je pense que c’est un peu prématuré d’avoir ouvert les écoles la semaine dernière. On n’était pas dans un niveau de plateau comme le gouvernement l’a dit il y a une semaine. Une étude de Cirano est d’ailleurs sortie récemment au sujet du nombre des cas qui n’ont pas été recensés par la Santé Publique.
Maintenant que les écoles sont ouvertes, avec une ventilation et une qualité de l’air qui ne sont pas idéales, et des recommandations de ne pas porter de masques N95, j’ai peur qu’on ait une augmentation des cas. Avec chaque variant du virus, on voit que les enfants sont plus touchés et que la transmission aérienne est plus importante.
Les enfants sont-ils plus à risque d’avoir des complications avec Omicron ?
Oui, parce qu’ils ne sont pas vaccinés, surtout pour les 0 à 5 ans qui n’ont pas encore accès au vaccin. Ils sont donc plus à risque de contracter le virus que les adultes et les enfants vaccinés. La tranche d’âge la plus admise à l’hôpital de Montréal pour enfants est de 0 à 11 ans. Les nouveau-nés sont plus à risque d’avoir des problèmes respiratoires, parce qu’ils n’ont pas vraiment un bon système immunitaire, surtout les moins de trois mois. Mais la plupart des enfants quittent l’hôpital après 48h.
À quel moment faut- il envoyer son enfant à l’hôpital ?
Si l’enfant est âgé de zéro à trois mois et qu’il fait de la fièvre, il doit être vu à l’urgence, et cela pour n’importe quelle raison. Pour les enfants un peu plus âgés, avec la fièvre cela dépend comment va l’enfant. Si après un Advil ou un Tylenol un enfant joue, veut boire et a de l’énergie, je ne pense pas que cela soit nécessaire de l’amener à l’urgence. Par contre, si l’enfant fait toujours de la fièvre, qu’il est déshydraté, qu’il ne peut pas boire, et qu’il a du mal à respirer, à ce moment-là, il devrait être vu par un médecin. Il en va de même si la fièvre persiste depuis plus de trois jours.
Plus généralement, quels conseils avez-vous pour les parents dont les enfants sont atteints de la COVID-19 ?
Je recommande un Tylenol ou un Advil pour le confort et diminuer la fièvre, et une hydratation adéquate. Beaucoup d’enfants qui ont contracté la maladie entrent à l’hôpital déshydratés parce qu’ils ne peuvent pas boire et manger, car leur gorge gratte ou ils toussent trop. C’est OK de ne pas manger pendant deux, trois jours, et il ne faut pas oublier qu’avec la COVID on peut perdre le goût et l’odorat, ce qui peut expliquer une perte d’appétit. Mais ne vous inquiétez pas, ça va revenir. Le plus important est d’hydrater avec de l’eau, du lait, du jus, des popsicles ou de la soupe dépendamment de ce que l’enfant veut boire. Il faut aussi beaucoup de repos.
Et surtout, vaccinez vos enfants. On a des vaccins qui sont sécuritaires et efficaces pour prévenir une hospitalisation ou un développement sévère de la maladie.