Des enfants suivis au Centre de pédiatrie sociale en communauté (CPSC) Atlas de la Fondation Dr Julien lanceront une grande campagne de prévention de la cyberintimidation, un fléau qui peut causer des impacts «extrêmement toxiques» chez les jeunes victimes.
Menaces, propos blessants, humiliation: le nombre de signalements de cyberintimidation a augmenté de 106% au Canada depuis le début de la pandémie de COVID-19. Parmi les cas signalés, 39% impliquaient des enfants de 13 ans ou moins, selon les données de la centrale canadienne de signalement des cas cyberaide.ca.
«Les enfants passent de plus en plus de temps sur leurs écrans pour combler le vide et socialiser, ce qui augmente les possibilités d’intimidation. Souvent laissés à eux-mêmes et sans surveillance, ils reçoivent des messages violents, notamment pendant des cours virtuels ou des jeux en ligne. Plusieurs se sentent pris au piège, sans recours», rapporte Jacinthe Dion, avocate en droit de la santé au Centre de pédiatrie sociale en communauté (CPSC) de Côte-des-Neiges.
Certains se sont fait pirater leurs comptes sur la plateforme de jeux en ligne Roblox et se sont fait intimider par des personnes plus âgées qui se faisaient passer pour des jeunes de leur âge afin de leur demander des photos. D’autres ont été confrontés aux paroles racistes de cyberintimidateurs anonymes.
Les éducateurs, avocats et autres intervenants des centres de la Fondation Dr Julien ont échangé à ce sujet lors des ateliers de formation D-CODE. Ceux-ci visent à outiller les enfants pour connaître leurs besoins et leurs droits. À la suite de ces consultations, 100% des enfants âgés de 9 à 13 ans ont avoué avoir déjà été victimes de cyberintimidation.
Impact médical de l’intimidation
«L’intimidation a un impact qui est difficile à imaginer sur la santé globale d’un enfant. Les jeunes qui sont intimidés de façon régulière vont développer toutes sortes de processus de réaction», explique le Dr Gilles Julien, pionnier de la pédiatrie sociale en communauté et fondateur de la Fondation Dr Julien. «La conséquence la plus fréquente pour un enfant intimidé, c’est l’atteinte de l’estime de soi. Il se sent comme un moins que rien; cet état le maintient dans une peur constante qui le rend triste, et parfois en colère», ajoute le Dr Julien.
«Tous ces sentiments réunis de manière chronique deviennent extrêmement toxiques pour le développement de l’enfant. Il peut tomber dans des états d’anxiété importante, et se mettre en danger physiquement avec des actes d’automutilation et des idées suicidaires», ajoute le médecin, appelant du même souffle à une démarche collective pour lutter contre cette menace.
Campagne de sensibilisation
Les enfants suivis en CPSC sont sensibilisés à leurs droits. Certains jeunes du centre Atlas de Côte-des-Neiges ont ainsi décidé, de leur propre initiative, de lancer une campagne de sensibilisation afin de renforcer la sécurité face aux intimidateurs en ligne.
Les jeunes ont conçu des affiches, réalisé des vidéos et rassemblé des conseils pratiques et adaptés pour lutter contre ce type d’attaques, qui seront partagés à partir du 1er juillet sur les réseaux sociaux du centre Atlas.
La Fondation Dr Julien, basée à Hochelaga-Maisonneuve accompagne et certifie un réseau de professionnels en pédiatrie sociale pour qu’un maximum d’enfants vulnérables puissent grandir en santé, dans le respect de leurs droits fondamentaux. Chaque année, la Fondation vient en aide à plus de 10 000 enfants issus de milieux défavorisés grâce à plus de 40 centres de pédiatrie sociale en communauté.