Les magasins de sport vendent généralement un peu de tout, des raquettes de tennis aux pantoufles pour le chalet. Mais chez Solo Inline dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, on n’en a que pour le patin à roues alignées, faisant d’elle la première boutique spécialisée dans ce sport au Québec.
Et qui de mieux pour l’ouvrir qu’un véritable passionné? David Mascolo, qui pratique le patin de style skate « agressif » (voir la définition dans l’encadré ci-bas) depuis plus de 30 ans, a fait ce pari en pleine pandémie, au printemps 2021, convaincu de pouvoir grossir les rangs des patineurs montréalais.
Après avoir vu sa firme de consultation en gestion pour entreprises s’effondrer en mars 2020 au début de la crise pandémique, perdant tous ses contrats, l’année de remise en question professionnelle qui s’ensuivit l’amena à miser sur sa passion de toujours : le patin à roues alignées. Deux mois plus tard, Solo Inline, le magasin 100% patin d’Hochelaga ouvrait ses portes.
Et pourquoi Maisonneuve? La raison n’est pas très romantique : le bureau de David s’y trouvait déjà, c’est aussi simple que ça. Il a donc été reconverti en boutique. Et le fait d’être un peu excentré comporte ses avantages : loyer moins cher, stationnement plus simple.
Engouement fulgurant
Ce changement de cap professionnel est arrivé à point nommé, le patin à roues alignées connaissant depuis deux ans un engouement fulgurant! Au printemps 2020, la marque Rollerblade a vu la fréquentation de son site exploser, les détaillants ont écoulé leur marchandise en quelques semaines, se souvient en entrevue l’entrepreneur mordu de patin depuis qu’il est allé quérir, à 12 ans, sa première paire… à Plattsburgh, aux États-Unis. Il était alors impossible d’en dénicher à Montréal.
David observe que bien des gens de son âge, mi-trentaine, début quarantaine, renouent avec le patin à roues alignées — le phénomène back to blade, nous dit-il — ou les skateparks de leur « jeunesse », époque glorieuse du roller blade des années 90 à 2005 environ (alors que la pop-punk régnait à MusiquePlus). « Je sais pas si c’est le démon du midi, comme les gens qui s’achètent une moto à cet âge-là! », lance David, qui se déplace principalement à patins.
3 grands styles de patins
Patin urbain, cardio : idéal pour se promener partout en ville, même hors des pistes cyclables, pour se mettre en forme ou garder la forme
Skatepark : dit « agressif », accent sur les trucs et acrobaties, dans les parcs et les planchodromes
Vitesse et longue distance : idéal pour les adeptes de marathon
Servir la communauté de patineurs
En un peu plus d’un an, Solo Inline (qui rayonne à l’échelle du Canada, en Ontario notamment) est devenue une référence de premier ordre au sein de la vibrante communauté montréalaise du patin à roues alignées… jusque-là complètement démunie en produits spécialisés, nous explique durant la même entrevue Jason Muir, l’un des organiseurs d’activités sur roues alignées les plus prolifiques en ville.
« Avant Solo Inline, c’était impossible de s’acheter une bonne botte à Montréal », affirme-t-il, et ce, malgré la culture du patin à glace et le Canadien si ancrés dans les mœurs, s’étonne-t-il. « Je ne dirai jamais à quel point Solo a aidé la communauté », ajoute Jason, qui, en partenariat avec David, crée des évènements destinés à unifier les amoureux du patin, depuis l’installation de la boutique dans Hochelaga.
Peu importe son style de prédilection — urbain, agressif, longue distance… —, l’on trouvera assurément dans cette boutique d’Hochelaga patin à son pied, parmi les quelque 70 modèles offerts, y compris certains pour enfants. Et David veille à répondre aux objectifs de tout le monde, pros comme néophytes.
Les premiers trouveront tout ce qu’il faut pour entretenir, réparer et personnaliser leur équipement, tandis que les nouveaux venus dénicheront la parfaite botte rigide — surtout pas souple, pardi! martèlent les deux patineurs chevronnés — pour s’élancer à la conquête des rues de la ville.
« Vraiment, les bottes molles, c’est horrible pour les débutants! Tu le vois qu’ils ont les chevilles cassées », prévient Jason, selon qui le manque d’équipement adéquat au Québec ne serait pas étranger au déclin de l’industrie de ce sport au mitan des années 2000.
Vive le casque!
Ultime conseil : rappelez-vous que ce n’est pas parce qu’on arpente les rues, d’Hochelaga ou d’ailleurs, en patin à roues alignées depuis des lustres, comme David, qu’on est à l’abri de vilaines chutes. Comme celle qu’il a faite tout récemment encore sur la tête en pleine rue — « j’ai fait ça tout seul, comme un grand » —… en voulant effectuer une acrobatie dont il avait sous-estimé la complexité! Était-il protégé? s’est-on enquise. Affirmatif, il portait bien son casque. Ce que promeut Solo Inline, à juste titre. Comme quoi un accident peut même arriver aux plus aguerris des patineurs agressifs!
Le Hochelaga de David
Où aimes-tu bruncher? L’Œufrier : « Le menu est créatif et le service est courtois. J’accroche souvent là-dessus. »
Où te réfugies-tu pour te détendre? Le planchodrome Vans du Parc olympique. « Ça ne t’étonnera pas, mais ma détente, ça passe par le sport. Mon coup de cœur dans le quartier, c’est le skatepark Vans. Ou le parc Maisonneuve pour faire une couple de kilomètres rapidement. »
Où assouvies-tu tes envies de sucré? Petit Cake : « Patisserie keto, pour tous diabétiques du Québec. Des gens de Trois-Rivières viennent y acheter des cupcakes! »
Où retrouves-tu tes amis pour jaser? L’usine de L’Espace Public : « La terrasse secrète, c’est le spot d’Hochelag. J’aime me laisser inspirer par la carte du moment pour la bière. »
Pour une virée culturelle, où vas-tu? La rue piétonne Ontario. « J’aime beaucoup l’animation sur la promenade Ontario. C’est vraiment là que je consomme des spectacles. Récemment, il y avait un show de rue avec des fouets en feu. Et j’irai voir les Shows de ruelle. »