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Calamine est la «lesbienne woke sur l’autotune» du rap québ  

La rappeuse Calamine et son beatmaker, Kèthe Magané, tous deux fièrement queer et évoluant dans le milieu du hip-hop québécois.
La rappeuse Calamine et son beatmaker, Kèthe Magané, tous deux fièrement queers et évoluant dans le milieu du hip-hop québécois. Photo: Adrien Giraud

En se qualifiant de «lesbienne woke sur l’autotune», la rappeuse queer, féministe et anticapitaliste Calamine se réapproprie les mots d’un internaute qui pensait l’insulter. Son deuxième album, dont le titre est composé de cette épithète, est un appel festif à se révolter contre le patriarcat.  

Être «une belle figure d’épouvantail pour la droite», ça amuse Calamine, de son vrai nom Julie Gagnon, parce qu’elle n’a rien d’effrayant. Lorsqu’elle a lu le commentaire de son détracteur la traitant de «lesbienne woke sur l’autotune», la rappeuse a «trouvé ça trop bon».  

Immédiatement, sans nécessairement savoir que c’est ce titre que prendrait son album, elle a eu l’inspiration d’écrire la chanson Lesbienne woke sur l’autotune, un hymne colérique, mais surtout ironique, qui se veut une réponse au fameux commentaire.  

Changer le monde, une chanson à la fois 

Parmi les morceaux de son deuxième opus, on retrouve les thèmes «wokes» qui sont chers à Calamine, comme le féminisme, la queerness, le véganisme, le cyclisme, la justice sociale et le décolonialisme.  

Celle qui a remporté le prix Félix-Leclerc de la chanson l’année dernière ne voit simplement pas comment elle pourrait militer autrement que par son art.  

«Je ne pense pas que je serais capable d’aller en politique, mais je ne pense pas non plus que je serais capable d’écrire des chansons si ce n’était pas pour essayer un peu de changer le monde. Pour moi, c’est indissociable», explique l’autrice-compositrice-interprète nommée révélation Radio-Canada 2021-2022.

Mais Calamine ne veut pas non plus tomber dans le piège d’écrire seulement des textes engagés. Si l’artiste se plaît à faire passer ses revendications par la musique, elle veut que ses chansons restent accessibles et que ses idées soient «drôles et pas trop lourdes». 

«Sur les albums, ce qui est le plus difficile, c’est sûrement de concilier le dosage. […] Il ne faut surtout pas que j’oublie de m’amuser», dit-elle. 

C’est pourquoi on retrouveaussi dans une trame lo-fi, jazz et RnB des productions de Kèthe Magané avec des refrains dansants, dont BAD B*TCH et OFFICIELLE GOUINE, ou même des chansons d’amour, comme AMAZONE et JOURS DE PLUIE, sur son plus récent album .  

Réponse au climat politique 

Au début de OH BOY, une chanson écrite par Calamine dans un moment où elle ressentait de «l’indignation», on peut entendre la voix de Denise Bombardier dire que notre société actuelle est pire que celle imaginée par George Orwell dans 1984

En effet, toute la trame de l’album est ponctuée d’échantillons croustillants de personnalités médiatiques. «Franchement, c’est sans malice! C’est plutôt drôle et niaiseux tellement que ça n’a pas de bon sens ce qu’ils disent», souligne Calamine.  

Les extraits utilisés, qu’on peut facilement retrouver sur Internet, ont pour but de remettre l’œuvre dans son contexte médiatique et politique avec humour, explique la rappeuse. «Ces personnes-là [qu’on peut entendre dans les extraits audio] sont extrêmement visibles, elles sont sur toutes les tribunes, donc je trouve que c’est bien de parsemer leurs propos à travers l’album pour montrer que ça ne part pas de nulle part, nos revendications», précise-t-elle.  

Cohérente avec ses revendications 

Bien qu’elle ait reçu des offres de la part de «pratiquement tous les labels [maisons de production de disques] de rap», Calamine demeure une artiste indépendante. C’est tout simplement une manière pour elle d’être conséquente avec ses revendications féministes et anticapitalistes.  

«L’industrie musicale est une industrie hétéropatriarcale comme les autres», pense-t-elle. 

Et la rappeuse ne veut pas signer avec une maison de disques simplement parce que «le shit de l’heure», c’est «d’être woke». «Tout d’un coup, vous allez faire de l’argent avec les féministes de gauche. Maintenant, ça fait votre affaire?», lance-t-elle.  

L’autrice-compositrice-interprète pense également qu’elle travaille mieux de manière autonome. «Ce sont des personnes [celles employées dans les maisons de disques] qui prennent des décisions, depuis toujours, en fonction de ce qui bénéficie aux hommes. C’est pas aujourd’hui qu’ils vont se mettre à travailler dans le sens où moi je veux aller», avance celle qui évolue dans un domaine musical majoritairement masculin.

Dans cette même volonté d’offrir plus de diversité dans le paysage musical, Calamine a choisi d’approcher uniquement des artistes féminines ou des personnes queers pour ses collaborations. «J’ai envie que l’argent [des subventions] revienne à la communauté et qu’on fasse travailler plus de femmes et plus de personnes queers au maximum pour appliquer les principes que je revendique», souligne-t-elle. 

Le deuxième album de Calamine, Lesbienne woke sur l’autotune, est disponible sur toutes les plateformes depuis le 8 juillet.

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