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Calamine: une rappeuse de MHM parmi les révélations de Radio-Canada

C'est vraiment Calamine
Calamine dans son "hood" d'Hochelaga-Maisonneuve Photo: Jason Paré/Métro Média

Féministe, écologiste et anticapitaliste, Calamine se fraye un chemin dans le milieu traditionnellement masculin du hip-hop québécois. Nommée révélation de l’année Radio-Canada 2021-2022 en rap, cette artiste d’Hochelaga-Maisonneuve n’hésite pas à mettre de l’avant son engagement et son identité.

Calamine, de son vrai nom Julie Gagnon, figure parmi la liste des cinq révélations Radio-Canada, «une initiative qui repère les grands talents musicaux émergents depuis 13 ans», comme l’explique le site Web du diffuseur public.

Cette nouvelle reconnaissance lui fait dire qu’elle est sur la bonne voie. En mai dernier, elle s’est rendue en finale de la 25e édition des Francouvertes, concours qui a révélé le talent de nombreux artistes québécois populaires au fil des ans.

«Ça me donne le courage et la motivation de continuer dans ce sens», fait valoir celle dont le plus récent album est intitulé Boulette Proof.

Elle affirme devoir une fière chandelle à l’équipe de l’émission Plus on est de fous, plus on lit, puisqu’elle lui a ouvert la porte en premier en l’invitant à faire plusieurs collaborations sur Ici Première. «Ç’a été un petit velours, parce que je commence à peine, mais on reconnaît mes textes, ma qualité d’autrice.»

Féminisme

Calamine ne le cache pas, elle souhaite passer des messages dans ses chansons, tout en restant accessible. «Je ne fais pas que de la musique que pour le monde qui sont déjà d’accord avec moi. Je ne pense pas que c’est de rendre service à la cause.»

L’une des pistes de son premier album reprend un extrait de Bonsoir Bonsoir où Pénélope interroge Koriass et Fouki sur le peu de places des femmes sur la scène du hip-hop au Québec.

«Je pense qu’on est rendu au point où tout le monde est capable de reconnaître qu’il n’y a pas assez de femmes, mais il reste beaucoup d’angles morts. On regarde à l’ADISQ, tous les prix sont décernés à des hommes qui sont tous du même label.»

Cette maison de disques, Disques 7ième ciel, n’a signé aucune femme jusqu’à maintenant, fait remarquer Calamine. «C’est quand même problématique. Quand j’étais jeune, ç’a été long avant que je me dise que j’avais le droit [de faire du rap], parce que je n’en voyais pas des rappeuses québécoises.»

Ce qui la met hors d’elle, c’est surtout le double standard. «Des dudes vont parler d’affaires sexuelles et avoir des filles toutes nues dans leur clip, et ça va passer complètement sous silence. Mais, une fille fait un clip en petite tenue et décide elle-même que c’est l’image qu’elle veut projeter et on va dire que c’est une salope et qu’elle veut juste montrer ses boules.»

Elle raconte que dans des entrevues récentes, on a essayé de lui faire dire qu’elle était une «bonne féministe» parce qu’elle ne se dénudait pas.

«Je ne suis vraiment pas d’accord que mon approche est plus valable. Au contraire. On va arrêter de dire aux femmes quoi faire avec leur maudit corps», s’insurge-t-elle.

Culture queer

La diversité sexuelle, que ce soit l’orientation ou l’identité de genre, occupe aussi une place importante dans œuvre. Elle prend d’ailleurs plaisir à écrire des chansons d’amour de lesbiennes, comme dans la pièce Jean-Talon, fait en collaboration avec le beatfaiseur LiamLiamLiam, dans laquelle elle raconte sa relation avec une fille de Rosemont-La Petite-Patrie.

«Des rimes de lesbiennes et de SPM, il faut que ça soit drôle. Il ne faut pas que ça soit tabou.»

Des propositions plutôt bien reçues jusqu’à maintenant, au point où elle se demande si son look «masculin» ne l’aide pas à être davantage acceptée par les autres rappeurs.

«Comme je suis une fille masculine, j’ai l’impression que c’est plus facile pour moi d’entrer dans le rap. J’ai l’impression que pour une fille cute hétéro, c’est plus dur de se faire accorder de la crédibilité.»

Anticapitalisme

Calamine s’identifie également au mouvement anticapitaliste et milite pour la décroissance. Elle est fière de porter du linge usagé qu’elle achète chez Renaissance et au Village des valeurs.

«Ç’a été parmi mes motivations à faire du rap. Il faut que je déconstruise cette mythologie de l’argent. Dans notre société, ce n’est pas résistant de preacher l’argent.»

Originaire de Québec, la rappeuse habite Hochelaga-Maisonneuve depuis 2018, un quartier qu’elle adore et qu’elle chante sur son dernier disque.

C’est justement le métissage des classes sociales qu’elle apprécie dans son quartier. «Tous se côtoient bien et personne ne s’ignore. J’aime ça jaser au monde qui passe la journée sur les bancs de parc. J’ai une tête que le monde se confie, pis souvent y’a des vieux bonshommes qui viennent s’asseoir et qui me comptent leur vie. J’adore ça.»

Calamine sera en spectacle le 28 juin au MTELUS avec la rappeuse Shah Frank.

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